Le récit loufoque d'une fille bien ordinaire à Osheaga – Bible urbaine

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Le récit loufoque d’une fille bien ordinaire à Osheaga

Le récit loufoque d’une fille bien ordinaire à Osheaga

Non, P!nk n'est pas de la programmation d'Osheaga 2015

Publié le 30 juillet 2015 par Geneviève Jetté

Crédit photo : Geneviève Jetté

Sésame, lève-toi, me répétais-je, avec l’envie monstre de manger un bagel croquant tartiné de la confiture aux fraises de grand-maman avec une rangée de shooters de verres d’eau. J’ai la bouche aussi sèche que mes croûtes de mascara mal démaquillé. On aurait dit la symphonie du trio «Kric-Krac-Kroc» au moment où j’ai ouvert les yeux. J’ai même songé à enlever la terre sous mes pieds avec une spatule et j’ose croire que ça aurait passé inaperçu sur un BBQ à côté d’un T-Bone pendant un pool party. Je ressemble à un tas de vidanges post-souper de famille en ce moment.

C’est le lendemain d’une journée épuisante. J’aimerais faire croire que j’ai escaladé l’Everest, sauvé une vie ou même fait de l’aide humanitaire au Botswana. Sauf que ce n’est pas le cas.

J’ai juste été à Osheaga.

10h53 (première alarme à 9h00): la fatigue du matin est passée, sauf pour mes jambes. J’ai une crampe dans chaque mollet en pensant à l’idée de rester debout toute la journée, encore. Même mes souliers de la veille, générateurs d’ampoules SOUS les pieds, se recroquevillent dans leur coin aussitôt que je leur jette un regard. De vraies chochottes.

Je m’habille, remets mon visage de fille de 20 ans (au lieu de celui de 83 ans que je portais en me levant). J’ai la même face que P!nk dans ses vidéoclips en 2003 quand elle s’auto-pompait dans le miroir. Pas parce j’ai les cheveux roses et une camisole trouée à souhait, j’ai juste envie de tout casser sur mon passage parce que j’ai dormi 4h en cuillère avec de la terre dans mon lit et qu’il ne reste plus de bagels chez moi.

Reste que je suis fébrile.

J’arrive au beau milieu du tsunami d’adolescents-qui-cachent-des-Mojo-dans-leurs-brassières et de touristes perdus qui sortent du métro. On ne peut pas dire qu’il y a de grandes différences avec la clientèle habituelle. Je tente désespérément de me frayer un chemin entre les gens pour atteindre une de mes amies qui agite son cell dans les airs depuis 30 minutes déjà. On attend un peu en file, les portes s’ouvrent et je me retrouve soudainement en tête-à-tête avec la nuque d’un jeune homme qui a définitivement caché ses substances illicites autour de cette aire. On passe la sécurité sans problème (contrairement au gars) et on se retrouve sur le site pour une deuxième journée de plaisir entre amis, achats regrettés après le festival, malbouffe et mélanges plus ou moins réfléchis de types d’alcool et de gens.

Pas n’importe quelles personnes.

Ceux qui renommeraient le festival Coache-aga. Les soeurs Jenner et Jared Leto de ce monde. Ceux qui portent ces sandales à talons en plastique noir, en convainquant les autres que la couleur rouge sang sur le côté des pieds fait partie de la godasse. Des original gangsters qui retrouvent enfin leur ghetto. Les N.W.A de la Scène Verte. Ou l’arrivée des Serpentars à Poudlard. Le Draco de la gang a vraiment les cheveux platine, mais avec une couette et une barbe. Ceux qui savent où se trouve le spot parfait pour bien voir les artistes des deux scènes principales. Les bracelets sont en retard cette année? Les fondateurs sont allés porter leurs bracelets chez eux, en dessous de leur oreiller.

Bref, les vétérans.

Mon petit plaisir malsain dans les concerts ou festivals de ce genre, c’est de regarder les multiples accoutrements qui enjolivent la vue. Le seul microconseil que je donnerais aux personnes qui souhaiteraient être à l’affût des dernières tendances à Osheaga, sachez que vos items risquent de se salir avec:

  • De la bière
  • De la terre
  • Une substance qui goûte l’eau et la saccharine (aussi connue sous le nom de «cocktail») 
  • Encore de la terre
  • De la nourriture (aussi connue sous le nom de «QUOI? 15 PIASSES POUR DEUX ROTEUX?»)
  • Une brulure d’un briquet
  • Une brulure d’un butch de cigarette (ça va de soi)
  • Encore de la bière
  • Autres

Il y a du «monde à’ messe», certes, mais chacun vit son séjour à sa manière. Autre mini-conseil: arrêtez de vous attarder au fait qu’il y a un concentré de gangs de mineurs (aussi connus sous le nom de «ceux qui contribuent à la production de cigarios») ou de mélomanes qui piétineraient comme un acheteur compulsif au Boxing Day pour être troisième rangée à l’une des deux scènes principales.

Le vrai fun ne dépendra pas du groupe qui joue ou des gens qui vous entourent, mais bien de votre envie de vous éclater comme un enfant de 5 ans qui descend la Pitoune pour la première fois à La Ronde.

Morale de l’histoire

La tolérance devrait être obligatoire en entrant sur le site. Que l’on se rue vers l’avant pour toucher la fesse gauche de notre chanteur préféré ou que l’on soit en arrière, assis confortablement en train d’admirer la performance de l’artiste sur l’écran géant, chaque festivalier devrait respecter les différents trips de tous et chacun.

Vivre et laissez vivre, qu’on dit.

Ou se faire une bulle en sachant qu’elle peut être «pétée». Et c’est pas plus grave que cela. Le soir, ce sont les grands moments musicaux qui se mettent en œuvre pour se retrouver à la première page du cahier Arts et spectacles de La Presse. Le soir, c’est l’un des plus grands rassemblements musicaux annuels de la métropole. Quand on est au festival et qu’on pense à cela le frisson instantanément, peu importe la place occupée au parterre, au VIP proche d’un chef qui te prépare ta guédille de homard ou en tentative de bodysurfing.

On pourra dire ce qu’on voudra, Osheaga attribue un grand moment à la musique tant émergente que populaire. Je vous l’accorde, c’est cher. Le hic colossal. Certains diront que même les groupes présents n’en valent pas la peine. Chacun ses goûts. Reste qu’il s’agit d’un temps pour décrocher, écouter de la musique et écrire #OsheagaLove sur une nouvelle photo de profil en selfie publiée le lendemain matin.

Avec un zoom sur des croûtes de mascara mal démaquillé.

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