Le NEM, en codiffusion avec Le Vivier, présente «Concert du printemps» le 5 mai: une ode aux victimes de la guerre en Ukraine – Bible urbaine

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Le NEM, en codiffusion avec Le Vivier, présente «Concert du printemps» le 5 mai: une ode aux victimes de la guerre en Ukraine

Le NEM, en codiffusion avec Le Vivier, présente «Concert du printemps» le 5 mai: une ode aux victimes de la guerre en Ukraine

Découvrir par la musique les contours prononcés et lumineux des territoires de l'Europe de l'Est

Publié le 28 avril 2023 par Nathalie Slupik

Crédit photo : Tous droits réservés @ Cathy Beauvallet pour le NEM

Le vendredi 5 mai dès 19 h 30, le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) présentera, à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, son «Concert du printemps» en clôture de la 34e saison de l’Ensemble. Sous la direction de la cheffe Lorraine Vaillancourt, ce concert est dédié aux victimes de la guerre en Ukraine et présente les œuvres de cinq compositeurs et compositrices de la Slovénie, de la Tchéquie, de la Turquie et de l’Ukraine. Afin d’en savoir plus, nous avons rencontré la compositrice ukrainienne Alla Zagaykevych, cette dernière ayant composé, en résidence au Vivier, une œuvre écrite spécialement pour le NEM.

C’est en direct de Kiev, où les alertes à la bombe retentissent quotidiennement, qu’Alla Zagaykevych nous reçoit.

Si la situation de guerre qui sévit encore et toujours au pays trouble l’Ukrainienne, elle n’en laisse rien paraître et demeure stoïque de l’autre côté de l’écran: «J’ai la possibilité de voyager malgré la guerre, mais c’est important pour moi de rester proche de mon pays, de ma communauté: mes étudiants, mes amis, mes proches s’y trouvent», nous dit-elle.

Alla Zagaykevych a connu, depuis sa graduation du Conservatoire de Kiev en 1990, une carrière musicale foisonnante: tantôt compositrice de musique classique contemporaine, tantôt artiste de performance, commissaire de projets de musique électroacoustique, ou encore musicologue et enseignante, elle se dévoue entièrement à son amour de la musique.

Elle est également une pionnière dans le milieu de l’électroacoustique de l’Ukraine: «Cela n’existait pas encore concrètement au pays avant que je m’y lance, vers la fin des années 1990. J’ai créé l’Association de musique électroacoustique d’Ukraine. Nous participons maintenant à des événements internationaux. Nous nous sommes bien établis», nous raconte-t-elle.

Alla Zagaykevych. Photo: Tous droits réservés

Une résidence fructueuse au Vivier

Alla Zagaykevych s’est établie à Montréal l’automne dernier, le temps d’une résidence bien spéciale au Vivier: «J’ai commencé à travailler avec divers ensembles musicaux, dont le NEM, qui m’a rapidement proposé d’écrire une pièce pour leur Concert du printemps. Je ne connaissais pas vraiment le contexte du concert. Pour moi, l’important était de créer ma propre relation avec Montréal, avec ce nouvel espace, ce nouveau paysage et ce nouvel univers musical. C’était une aventure dans l’inconnu: faire de la musique dans mon pays est quelque chose qui m’est très naturel, le processus est ancré profondément en moi; dans d’autres pays et territoires, c’est un processus bien différent. Il y a une liberté nouvelle que je découvre chaque fois».

«Le Vivier a été un lieu très riche en communications, en échanges, avec les musiciens qui participent aux saisons musicales du Vivier. Je n’ai jamais autant écouté de concerts de musique contemporaine que durant cette période. Ce milieu musical est très bien implanté et développé à Montréal. J’avais mon propre studio pour travailler au Conservatoire de Musique de Montréal. Les conditions étaient idéales, d’un grand professionnalisme. C’était fantastique!»

«L’espace montréalais, avec l’horizon du fleuve ainsi que celui du Mont-Royal et des nombreux grands parcs, permet beaucoup de possibilités: il a été un terreau fertile en inspiration. Me connecter à l’espace autour de moi et l’habiter pleinement est au cœur de ma démarche artistique» – Alla Zagaykevych

La cheffe Lorraine Vaillancourt. Photo: Bernard Préfontaine

Abolir la distance entre l’Ukraine et le Québec

Pour Alla Zagaykevych, se trouver loin de son pays a été à la fois une source de souffrance et d’inspiration: «J’ai donné quelques lectures à l’Université de Montréal et au Conservatoire de Musique de Montréal, et ces rencontres ont également nourri mes réflexions et cela a eu un impact fort sur ma création. Par contre, cela a été difficile d’être loin de mes étudiants à Kiev, qui sont dans une situation de guerre, et de leur enseigner à distance durant ma résidence ici», nous relate-t-elle.

«Cette relation entre Montréal et Kiev a été complexe à établir, et elle m’a donné la possibilité de ressentir ma connexion à mon pays différemment, ce qui a fait naître beaucoup d’émotions. J’ai eu un aperçu de la place de l’Ukraine dans le monde et de la manière dont elle entre en relation avec ce dernier. Comment peut-on comprendre ce qui se passe là-bas quand on n’y est pas? Je possède maintenant ces deux points de vue, l’intérieur comme l’extérieur, et c’est une grande richesse», poursuit-elle.

«Ce concert pose, pour moi, la question suivante: “Est-ce qu’on peut connaître et comprendre quelqu’un à travers l’art?” C’est ce que j’espère: mon œuvre vise à permettre une rencontre entre les points de vue intérieur et extérieur de l’Ukraine.» – Alla Zagaykevych

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L’Ensemble du NEM. Photo: Alain Beauchesne

La nature: le cœur même de la création

Alla Zagaykevych croit que la distance entre les pays et leurs peuples n’est qu’une illusion, car un élément essentiel nous relit tous: cette planète que nous partageons. Ce qui se passe là-bas se passe ici, d’une certaine manière, puisque les impacts d’une guerre se répercutent toujours à des enjeux internationaux et planétaires.

«Je souhaite transmettre, à travers mon œuvre, des impressions du territoire physique de l’Ukraine aux spectateurs. Cette nature est le miroir de notre peuple, comme elle l’est pour l’humanité entière. J’y trouve le reflet de la guerre actuelle, mais également celui d’une essence qui persiste au-delà de la guerre, au-delà de nous tous», nous explique-t-elle.

«J’ai l’impression de ressentir la nature de l’Ukraine dans celle du Québec: je ressens la guerre de mon pays quand je contemple le fleuve Saint-Laurent. C’est un rappel que, même si nous nous trouvons à des kilomètres et des kilomètres de distance les uns des autres, nous sommes tous reliés par cette planète que nous habitons. La guerre est là-bas, mais elle est ici également. C’est le message que j’espère laisser par mon œuvre», conclut-elle.

Le Concert du printemps, présenté par le Nouvel Ensemble Moderne (NEM), en codiffusion avec le Vivier, aura lieu le 5 mai à 19 h 30 à la salle Claude-Champagne de la Faculté de Musique de l’Université de Montréal (220, avenue Vincent-d’Indy). Pour acheter vos billets aux coûts de 28 $ (prévente), 32 $ (à la porte) 18 $ (étudiant∙e∙s et aîné∙e∙s) et 45 $ (forfait 2 places), rendez-vous ici! Bon concert! 🎶

*Cet article a été écrit en collaboration avec le Nouvel Ensemble Moderne (NEM).

En photos: L’Événement Exploratoire du NEM, lors de la première lecture de l’œuvre d’Alla Zagaykevych

Par Philippe Latour

  • Le NEM, en codiffusion avec Le Vivier, présente «Concert du printemps» le 5 mai: une ode aux victimes de la guerre en Ukraine
    Photo: Philippe Latour
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    Photo: Philippe Latour
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    Photo: Philippe Latour
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    Photo: Philippe Latour

Grille des chansons

1. Nina Šenk (1982, Slovénie), Shadows of Stillness (2020), pour 9 instruments

2. Vito Žuraj (1979, Slovénie), Fired-Up (2013), pour 14 instruments

3. Alla Zagaykevych (1966, Ukraine), And only the reed glistens in the sun.. , pour 15 instruments, création

4. Entracte

5. Martin Smolka (1959, Tchéquie), Solitudo (2003), pour 12 instruments

6. Tolga Yayalar (1973, /Turquie), Requiem pour une terre perdue (2009), pour 13 instruments

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