«Switch (meditations on crying)» + «Poetics to Activate Technology of The Body» + «Nurse Tree» de Be Heintzman Hope au MAI: une œuvre multidisciplinaire en trois parties – Bible urbaine

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«Switch (meditations on crying)» + «Poetics to Activate Technology of The Body» + «Nurse Tree» de Be Heintzman Hope au MAI: une œuvre multidisciplinaire en trois parties

«Switch (meditations on crying)» + «Poetics to Activate Technology of The Body» + «Nurse Tree» de Be Heintzman Hope au MAI: une œuvre multidisciplinaire en trois parties

Reconnecter à son corps et à ses émotions par la danse et les images

Publié le 25 avril 2023 par Nathalie Slupik

Crédit photo : Be Heintzman Hope

Du 2 au 6 mai prochains, l’artiste multidisciplinaire Be Heintzman Hope présentera sa toute première œuvre d’envergure au MAI - Montréal, arts interculturels. Triptyque également multidisciplinaire, son œuvre s’ouvre par un solo de danse, «Switch (meditations on crying)», suivi d’une installation vidéo, «Poetics to Activate the Technology of the Body», et se conclut par une installation performative intitulée «Nurse Tree». Nous avons récemment eu le privilège de rencontrer l’artiste afin d’en apprendre plus sur son projet, co-présenté avec Danse-Cité.

Le prénom de Be Heintzman Hope se prononce comme le verbe être en anglais, et cela lui va plutôt bien: iel dégage une présence qui inspire à la sérénité, à se laisser être davantage, et c’est aussi, d’une certaine manière, ce dont son œuvre en trois parties traite.

Car pour Be Heintzman Hope, la danse est une manière d’exister: «Mes parents étaient très hippies. Ils m’emmenaient à beaucoup de festivals où je dansais. Comme enfant, je pouvais passer beaucoup de temps nue, à juste danser, et je me sentais profondément libre et connecté∙e à mon corps», nous raconte-t-iel.

Sa pratique s’est approfondie avec l’âge. «Je n’ai pas dansé de manière sérieuse et consacrée avant mes 22 ans. Quand j’étais enfant, j’ai cependant eu des cours de danse, d’arts martiaux et de chorale. À mes 19 ans, le cancer dont ma mère souffrait depuis mes 14 ans est entré en phase terminale, et c’est devenu très clair, je le ressentais jusque dans mon corps, que la seule manière dont je pouvais passer à travers son décès et les émotions qui en découlaient était à travers la danse, laquelle me fournissait une manière de m’exprimer sans paroles.»

«Quand j’ai appris que ma mère allait mourir, j’ai plongé dans une phase de désespoir profond et d’apathie, et je n’arrivais plus à ressentir la moindre émotion. J’étais vraiment fermé∙e au monde. À travers la danse, qui m’a permis de faire bouger l’énergie dans mon corps, j’ai fini par retrouver la capacité de ressentir», poursuit Be Heintzman Hope.

«Comme enfant, j’ai expérimenté la danse à travers la joie, puis à l’âge adulte, j’en ai fait l’expérience à travers le deuil». – Be Heintzman Hope

Photo: Kinga Mishalska

Premier volet: Switch (meditations on crying)

Switch (meditations on crying) occupe son esprit depuis la pandémie, période durant laquelle iel s’est mis∙e à travailler sur ce solo qui s’inspire du striptease, de la danse à dix, de la méditation et des arts martiaux intuitifs, et qui réunit la notion du sexy, des concepts bouddhistes et de l’animalité de l’homme.

«Cette danse s’intéresse aussi à la manière dont on passe d’une émotion à l’autre, la manière dont on accède à nos émotions quand on a besoin d’elles. Par exemple, comment accéder à la douceur et à l’ouverture dont j’ai besoin de faire preuve dans mes relations intimes après avoir porté une armure toute la journée pour me protéger du reste du monde? Le spectacle présente des façons de bouger qui permettent de brasser les émotions et d’y accéder différemment, d’une manière qui nous transporte ailleurs», nous explique-t-iel.

L’artiste cherche ainsi, à travers ce spectacle, à nous amener à un contact primal avec notre essence: «Il y a un aspect méditatif dans cette création et qui s’intéresse à cette première étape du processus de méditation où, bien souvent, les larmes vont monter: on se trouve alors au commencement, on aborde la pratique de la méditation et de la danse comme un débutant le ferait, pour voir ce que l’on peut trouver de nouveau en adoptant cette position.»

Photo: Baco Lepage-Acosta

Deuxième volet: Poetics to Activate the Technology of the Body

Poetics to Activate the Technology of the Body se veut pour sa part un spa numérique présentant une série de vidéodanses comme un hymne aux moments où l’on reprend notre souffle et où l’on calme le système nerveux.

«Cela m’a été inspiré par les années d’insomnie que j’ai traversées. J’écoutais des vidéos de sons de la nature et de la pluie quand je ne pouvais pas dormir, ou bien des vidéos d’entraînements parfois, et cela m’a amené, avec mon partenaire Baco, à créer une série de vidéos d’entraînement somatique. Dans ces vidéos, on retrouve la voix de notre propriétaire qui nous met à la porte, des flashs d’images, de messages textes, et toutes sortes de choses qui induisent normalement de l’anxiété et des pensées cycliques. Il faut apprendre à méditer sur ces moments qui créent de l’anxiété dans notre monde moderne», nous explique Be Heintzman Hope.

«Poetics to Activate the Technology of the Body est donc une création très urbaine, également inspirée de cet aspect de ma vie: j’ai toujours vécu dans de grandes villes. Elle vise à nous amener à être plus présent dans nos vies urbaines, qui peuvent être si vives, si débordantes d’émotions», ajoute-t-iel.

Photo: Baco Lepage-Acosta

Troisième volet: Nurse Tree

Cette dernière – et non la moindre – partie du triptyque propose une autre façon de vivre, de mourir et de prendre soin de soi et des autres durant ce cheminement. «Nurse Tree m’a été inspirée par toutes les épreuves que ma mère a traversées lorsqu’elle a été hospitalisée et desquelles j’ai été témoin.»

«Présentement, notre système de santé québécois déborde de problèmes, et se rendre à l’hôpital ou chez son médecin de famille est une expérience à laquelle est associé, pour beaucoup d’entre nous, un stress intense: parce qu’il y a du racisme, de la violence de genre ou sexiste, parce que les infirmières et les médecins sont surchargés et n’ont pas assez de temps à nous consacrer, et tant d’autres problématiques. On a toujours l’impression de jouer à la loterie quand on se rend chez le médecin, on ne sait jamais quel suivi on obtiendra, ni quel traitement», relate Be Heintzman Hope.

«Je pense aussi, à travers cette création, aux personnes âgées et à la manière dont elles sont traitées dans notre système de santé: durant la pandémie, elles ont été séparées de leurs proches et leurs familles d’une façon drastique que j’ai trouvée problématique. Ne pas accorder de valeur à nos aînés revient à ne pas accorder de valeur à la vie elle-même, et les leçons qu’elle amène avec l’âge», ajoute-t-iel.

«Dans ma démarche de création, ce qui m’indique toujours que je suis sur le bon chemin c’est cette étincelle de curiosité insatiable qui s’allume. Dans le cas de ce projet, je suis infiniment passionné∙e par les sujets que j’y aborde.»

Une œuvre universelle

Ainsi, Be Heintzman Hope souhaite, avec cette œuvre qui lui est très chère, rejoindre un public aussi large que possible.

«J’espère que la communauté queer viendra voir mon œuvre, de même que les travailleurs et travailleuses du corps, les travailleurs et travailleuses du milieu de la santé, les gens qui ont une pratique reliée à leur corps, comme moi, et ceux qui sont souffrants ou qui ont un ou des proches à l’hôpital qui sont malades.»

«D’un autre côté, mon œuvre propose un message assez général qui, je l’espère, peut rejoindre n’importe qui. Nous avons tous un corps duquel il faut prendre soin, et des êtres aimés à soigner, à chérir», conclut-iel.

Le spectacle multidisciplinaire Switch (meditations on crying) + Poetics to Activate the Technology of the Body + Nurse Tree sera présenté au MAI Montréal, arts interculturels) du 2 au 6 mai prochains. Pour connaître tous les détails, rendez-vous ici!

*Cet article a été écrit en collaboration avec le MAI – Montréal, arts interculturels et Danse-Cité.

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