La 13e édition des Correspondances d’Eastman – Bible urbaine

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La 13e édition des Correspondances d’Eastman

La 13e édition des Correspondances d’Eastman

L’éloge de la lenteur et le plaisir des mots

Publié le 10 août 2015 par Marc-André Amyot

Crédit photo : Marc-André Amyot

Le samedi 8 août dernier, à Eastman dans les Cantons-de-l’Est, les quarante heures de boulot et le rythme effréné de la longue semaine de cinq jours ont fait place à la contemplation et à l’émerveillement des petits comme des grands. Un certain éloge de la lenteur semblait régner sur ce bout du Québec, en cette 13e édition réussie des Correspondances d’Eastman.

L’amateur des grands big bang explosifs et bruyants était absent de cette rencontre toute littéraire, remplacé plutôt par le pas aux cadences variables des visiteurs de tous âges, tranquillement assis à rédiger une lettre pour un ami lointain dans les jardins d’écriture, ou encore à flâner parmi les bouquins, les auteurs et les cafés littéraires. Une ambiance fort agréable pour les amateurs de découvertes (ou de redécouvertes) aléatoires, en particulier pour ces enfants qui, sans le savoir, ont pu côtoyer gratuitement ces créatures libres que sont Simon Boulerice et Dany Laferrière, le temps d’une conférence intime.

Avec pour thème «les enfances», matière première de cette 13e édition, quoi de plus intrigant que d’assister à cette rencontre entre le prolifique Boulerice ou l’immortel Laferrière, et ces jeunes bourrés de curiosité. Une initiative des plus intéressantes alors que ce public souvent laissé pour compte s’est trouvé à être le plus choyé de tous. Un succès assuré.

Espace jeunesse pour adulte en devenir

C’est un Simon Boulerice au ton inclusif et aimable qui s’est présenté sous le petit chapiteau de l’Espace jeunesse, reconnu par quelques jeunes lectrices et découvert par d’autres. Le ton jovial, l’expression simple et facile, l’auteur d’une trentaine d’œuvres, par sa seule présence, a semblé mettre à l’aise tous ces petits esprits avec un discours décousu mais ponctué d’images et de confidences sur sa jeunesse. Repassant les souvenirs d’enfance qui sont au fondement de son intérêt pour l’écriture, l’auteur donnait l’impression d’être dans son élément. Devant lui, plusieurs visages curieux et souriants, heureux de connaître son parcours et de lui poser toutes les questions possibles sur ses personnages et ses livres.

Un état d’esprit semblable, quoique bonifié par l’intérêt de plusieurs adultes, animait les participants de la seconde conférence jeunesse avec pour invité nul autre que Dany Laferrière. Dans ses grands yeux bourrés de jeunesse et par son ton de conteur qu’on lui connaît, les enfants ont semblé trouver en lui le grand ami intéressé pour leur conter les plus jolies histoires, celle de Vava, mais aussi celle de la fête des Morts, à la demande générale des petits. Langage coloré, proximité, douceur. Voilà quelques mots qui décrivent bien le caractère profond et accessible d’un auteur parti à la découverte de son public, dans un format de rencontre tout indiqué pour meilleure proximité.

Tout au long du festival, les enfants ont également eu la chance de croiser le chemin de Marianne Dubuc, Marc Lavertu, Marie-Louise Guay et Sonia Sarfati, tous présents à tour de rôle sous le chapiteau jeunesse.

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Le roman familial

Après une parenthèse jeunesse matinale, qui s’est étirée jusqu’en début d’après-midi, c’est un petit café, littéraire celui-là, qui attendait les plus vieux à la Terrasse Québécor, aux alentours de 14 h. Un excellent prétexte pour rattraper cet esprit trop enclin à s’élever dans l’univers de l’enfance, sans pour autant se détourner du thème principal de l’évènement. Animée par un Pierre-Luc Brisson (Le Cimetière des humanités) en maîtrise de son sujet, la conférence Encore le roman familial rassemblait autour d’un même thème Patrick Nicol (La nageuse au milieu du lac), Nicolas Lévesque (Ce que dit l’écorce) et Perrine Leblanc (Malabourg).

L’enfance et le passé familial ont certes animé les discussions, mais c’est plutôt la réflexion finale d’un Patrick Nicol désinvolte qui a probablement le plus capté l’attention des participants: «Si le Québec était aussi mature que sa littérature, beaucoup de problèmes actuels n’existeraient pas». Une citation qui témoignait de la diversité des discours pouvant être couverts par ce simple thème des enfances, au cœur du succès d’une 13e édition accessible et originale.

Les autres moments forts du festival

  • Le café littéraire La nostalgie de l’enfance avec : le nouvel académicien Dany Laferrière, la comédienne Marie-Thérèse Fortin et le journaliste Dominic Tardif.
  • La grande entrevue avec l’anthropologue Serge Bouchard.
  • Les prestations musicales de Chloé Sainte-Marie et Fanny Bloom.
  • Près de 5 000 festivaliers ont assisté à cette 13e édition, dont plusieurs événements étaient présentés à guichet fermé.

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