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Crédit photo : Emmanuel Gagné
Nous avions entendu les légendes urbaines, mais nous avions décidé de ne pas y prêter trop de crédit. Le nouveau site d’Osheaga/îleSoniq s’était fait décrire dans certains médias, et sur les réseaux sociaux, comme «inatteignable», «à l’autre bout du monde», et «vraiment, vraiment loin». Ça s’est finalement avéré vrai. Après avoir facilement obtenu notre accès, et marché pour atteindre la dernière scène du terrain, la scène Neon, nous étions fin prêts à profiter de la soirée.
Il faut spécifier que le trajet de métro n’avait pas été de tout repos; à la station Berri-UQAM, nous avons esquivé de justesse une horde de jeunes femmes hurlantes, courant dans l’escalier roulant vêtues du strict minimum, déjà en mode très party. Sur le quai, des gangsters en herbe qui ne dissimulaient pas leur excitation, des bros ontariens aux muscles bien saillants, beaucoup de chants tribaux improvisés.
Nous allions constater une certaine évolution de la «mode EDM» une fois sur place: les shorts sont toujours aussi courtes, mais la brassière semble majoritairement de retour, bien souvent à peine couverte par un haut en fishnet, et il semblerait qu’il est devenu acceptable de déambuler vêtu seulement d’un hybride entre bas de bikini/petite culotte. Si vous voulez prendre un coup de vieux, on vous conseille vivement d’assister à ce festival.
Légendes de la house pour voir le soleil se coucher
Nous souhaitions entendre le Britannique Damian Lazarus, mais sa prestation avait été devancée, et c’est donc les deux messieurs de Fur Coat qui s’en donnaient à cœur joie lors de notre arrivée devant la scène. Originaires du Venezuela, ils donnent dans une deep house technoïde et bien sombre. C’était particulièrement le cas pour leur prestation, et le contraste entre le gros soleil et les gens aux chevelures colorées dansant le shuffle et leur musique était particulièrement frappant.
C’était l’heure d’ouvrir une bière. Il y avait étrangement peu d’affluence au bar, et on comptait beaucoup plus de bouteilles d’eau dans les mains des festivaliers. Le plancher flottant de la scène est particulier et novateur, mais il est important de ne pas souffrir du mal de mer pour s’y aventurer. Nous avons donc trouvé un endroit un peu plus solide où attendre l’arrivée de la légende de la house, Kerri Chandler.
Sa longévité dans le domaine est aussi admirable qu’impressionnante; DJ dès 13 ans pour suivre l’exemple de son père, il a fait paraître son premier single en 1991, et a depuis lors sorti plus d’une centaine de productions. Nous étions entre bonnes mains. Et il a dû sentir instinctivement que la petite foule venue l’entendre était habituée à de la musique un peu plus intense, car il s’est merveilleusement bien adapté. Entre quelques classiques et des pistes plus obscures, le soleil s’est lentement retiré et il a fini avec, entre autres, «I feel love».
Claude VonStroke et conversation awkward
La table était mise pour Claude VonStroke, mais avant d’y arriver, permettez-moi de relater la conversation plutôt surréaliste que j’ai eue avec un festivalier originaire de Toronto, qui nous a abordés alors que nous étions assis à une table de pique-nique.
-Hey, where are you from?
-From here. You?
-Toronto, but originally Pakistan. What are you doing after?
-Probably going home.
-Where do you live?
-Here, in Montreal.
-Okay… are you gay or straight?
-Pretty straight, why?
-Are you sure, like, 100%?
-Yep. Looking for a place to crash?
-No, I have access to, like, three Air BNBs… but are you sure, though?
VonStroke, patron de l’étiquette Dirty Bird et personnage très festif, s’est saisi des platines avec une assurance monstre, enchaînant les ambiances sans jamais perdre de vue l’élément fondateur de sa cathédrale «réputationnelle»: la grosse basse qui vient chercher les danseurs jusqu’au plus profond de leurs entrailles. Plusieurs visages connus dans notre coin de la piste de danse, et une ambiance fort conviviale – c’était une façon parfaite de mettre un terme à cette première (courte) soirée au festival.
Et pour finir, la folie
Comme l’hystérie d’un déplacement en métro avec la majorité des festivaliers était une perspective clairement au-dessus de nos forces, nous avons attendu sur le site que les gens quittent, ce qui a donné lieu à d’intéressants phénomènes à observer et à vivre malgré nous.
Un homme visiblement intoxiqué et très brave a provoqué une altercation avec des policiers, sur le trajet surpeuplé du retour, et a conséquemment récolté une belle rasade de pepper spray en pleine gueule. De quoi bien épicer les yeux et la gorge des gens qui étaient à proximité, et dont je faisais partie.
Plus loin sur le chemin, une bagarre assez sauvage a dégénéré quand d’autres participants se sont joints à l’action, et nous ne sommes pas restés pour les encourager. Il y a une différence assez frappante entre l’attitude très PLUR d’une certaine partie de la crowd, et l’agressivité exacerbée par la boisson d’un autre segment du même groupe. C’était aussi la première fois de notre existence de critiques que nous étions témoins d’une telle violence.
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