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Crédit photo : Christian Leduc
Lors de ce dernier stretch du festival, les trois jours passés à Rouyn à se coucher tard, se lever tôt et profiter de tout ce que le FME avait à offrir commençaient à se faire sentir. C’est donc vers 17h que notre journée a commencé avec la prestation en formule 5 à 7 de la magnifique KROY au Bar Le Groove. Ou plutôt dans notre cas, assis à une table dans le resto avoisinant à écouter la belle à travers le mur que se partagent les deux endroits. Même si Camille Poliquin avait joué la veille au même endroit, le petit bar était plein à craquer lorsque nous avons tenté d’y entrer. Une bonne idée d’avoir prévu deux prestations, mais elles auraient été beaucoup plus confortables (même pour les artistes) si elles avaient eu lieu dans un espace plus grand, comme la Salle des Chevaliers de Colomb, par exemple.
Réchauffés par les mélodies de KROY et les excellents cocktails du resto à pizza, nous sommes allés affronter le froid sur le bord du lac Kiwanis pour le show de clôture du festival. En arrivant, on a tout de suite été charmés. Le jeune Émile Bilodeau donnait au loin un spectacle-surprise dont les échos nous arrivaient, le soleil se couchait doucement sur le lac et des centaines de personnes commençaient à s’amasser devant la scène sur la plage. Tout en rouge, Klô Pelgag rayonnait en première partie de la soirée. Après un passage mémorable au Japon il n’y a pas si longtemps, elle revenait devant son public québécois avec un plaisir palpable. Sa prestation tout à fait envoûtante nous a rappelé à quel point la jeune femme est une grande artiste.
Ensuite, l’humidité et le froid du bord du lac nous ont forcés à nous réfugier dans la tente média pour entendre les mélodies du charmant Matt Holubowski. Choix étrange de le faire passer après Klô, mais le chanteur s’en est bien tiré, s’attirant les faveurs de la foule assez rapidement. La vapeur sur le lac et le folk d’Holubowski se mariaient parfaitement pour créer un moment quasi cinématographique en ce dimanche de septembre.
Finalement, le moment tant attendu par la foule: le spectacle hommage à l’un des leurs, Richard Desjardins. Après une ouverture légèrement chancelante, mettant en vedette un groupe d’enfant, c’est Stéphane Lafleur du groupe Avec pas d’casque qui est venu vraiment commencer la soirée avec sa version de «Au pays des calottes». Lafleur offre toujours des performances mémorables, et sa simple présence sur scène rendait la soirée magique.
Entre les morceaux, la poète Sonia Cotten est venue s’adresser à la foule à plusieurs reprises. Si son énergie «rentre de dans» est normalement appréciable dans son œuvre, elle détonnait ce soir-là avec la douceur du lac et des autres artistes. Les moments un peu inégaux du genre, ou les longueurs, étaient à prévoir, les shows collaboratifs sont rarement parfaits.
Par contre, dans les moments forts auxquels on a eu la chance d’assister, il y a l’entraînante «Le bon gars» reprise par l’auteur-compositeur Matiu, issu de la communautéde Mani-Utenam sur la Côte Nord, et la version poignante d’«Un beau grand slow» de Philippe B (même si on n’a pu s’empêcher de penser à Éric Lapointe pendant le morceau). Si les beaux de Saratoga nous ont presque fait verser une larme avec «Quand j’aime une fois j’aime pour toujours», l’intensité de Safia Nolin pendant «Va-t’en pas» a eu raison de nos petits cœurs. Que d’émotions.
Une fin douce amère
L’une de nos grandes déceptions, c’est d’avoir manqué la venue sur scène de l’homme lui-même, Richard Desjardins. Le spectacle hommage ayant commencé avec du retard, et vu le nombre limité de transports disponibles en ville, nous avons quitté alors que Fred Fortin montait sur les planches pour ne pas manquer le dernier concert de notre FME 2017, Anemone au bar Au Diable-Rond. Décision que nous allions regretter assez rapidement, parce qu’après avoir attendu une vingtaine de minutes pour un transport, nous sommes arrivés pile-poil à l’heure prévue de la prestation. Prestation qui a fini par commencer avec plus de 45 minutes de retard…
Ce genre de chose ne nous aurait fait ni chaud ni froid dans un bar de la métropole, mais en situation de festival, c’était plutôt incongru, voire désagréable. Et même si la pop-psyché du groupe nous a fait danser avec entrain, c’est avec le cœur un peu lourd que nous sommes repartis à l’hôtel. Il faudra les attraper en ville pour pouvoir en profiter pleinement.
Si nous avions peur en partant que le hype autour du festival ne nous crée trop d’attentes, c’est plutôt le contraire qui s’est produit. La programmation, l’accueil et le personnel de l’organisation nous ont carrément épatés. C’est avec un mélange de nostalgie, de fatigue et de bonheur que nous avons pris l’autobus lundi matin pour revenir en ville, laissant Rouyn-Noranda derrière comme on s’éloigne d’un amour longue distance.
On reviendra. Ce n’est qu’un au revoir.
L'événement en photos
Par Christian Leduc, Thomas Dufresne, Jérôme Dumais, Louis Jalbert et Dominic Mc Graw