Les finissants auteurs de l’École nationale de l’humour se déchaînent lors de Zoofest 2016 – Bible urbaine

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Les finissants auteurs de l’École nationale de l’humour se déchaînent lors de Zoofest 2016

Les finissants auteurs de l’École nationale de l’humour se déchaînent lors de Zoofest 2016

Pour l'art du rire

Publié le 4 août 2016 par Jim Chartrand

Crédit photo : Myriam Frenette

Rituel de passage, tous les finissants de l’École nationale de l’humour sont venus donner un dernier coup durant le festival Zoofest afin d'obtenir leur diplôme tant convoité. Plutôt inégale, disons que la cohorte de cette année s’est démarquée davantage à l’écrit.

Le spectacle des auteurs

Si l’on pourrait croire qu’après toutes ces années à interpréter les folies des finissants auteurs de l’École nationale de l’humour, Sandrine Bisson, finalement de retour, nage comme un poisson dans l’eau sur scène, ce serait mésestimer ses imprévisibles nouveaux partenaires de jeux qui créent avec elle la plus belle synergie qui nous ait été de voir sur la scène du Studio Hydro-Québec du Monument-National.

En la jumelant avec l’énergique Linda Bouchard, de retour pour une troisième année, on équilibre les sexes et on les oppose aux nouveaux venus que sont les incroyables Sébastien René (l’inoubliable Maître Marlin de Série noire) et le prêt-à-tout Emmanuel Schwartz (qu’on préfère associer au film Laurentie plutôt qu’à Chasse-galerie).

En déployant plus d’énergie qu’une séance intensifiée au gym, difficile de dire si c’était à la demande des auteurs ou du metteur en scène Guillaume Tremblay, mais les quatre interprètes ont certainement livré au-delà de leurs propres capacités pour donner vie à l’univers complètement déchaîné des sept finissants auteurs de cette année. Si chaque sketch souffrait d’un problème de chute, impossible de ne pas rendre justice à l’absurdité notable qui a persisté tout au long de cette heure de forte créativité.

Si plusieurs références culturelles étaient évidemment au rendez-vous, en plus de parodies plus ou moins ciblées (on pense aux Dragons d’ICI Radio-Canada), on a décidé de ne pas trop faire dans la politique cette année en plus de se défaire de numéros chantés. Mieux, on a offert au public un menu indiquant non seulement le titre des sketchs, mais aussi la provenance, soit qui de Patrick Bélisle, Samuel Bériault, Kevin Bonneau, Patrick Gourdeau, Marc-André Piette, Marie-Ève Saucier ou Marianne Therrien en était le ou les géniteurs.

Si quelques moments plus au ralenti permettaient de reprendre son souffle, le rire était souvent au rendez-vous, et ce, lorsque l’audace des situations ou des textes ne nous laissaient pas complètement béats. On pense à un prêtre particulièrement vicieux qui pousse ses confesseurs à aller à l’encontre de Dieu ou à une transition complètement folle nous poussant vers les coulisses de la figuration.

Une année d’écriture particulièrement forte avec des interprètes plus dévoués que jamais. Disons que tout était en place pour passer un sacré bon moment.

Le spectacle des humoristes

Rarement aura-t-on vu une cohorte d’humoristes aussi unifiée dans le style, ce qui confirme leur désir de se présenter comme une grande famille. Après tout, leur numéro d’ouverture chanté où ils s’autoproclament la «nouvelle famille de l’humour» l’indique assez directement. Ainsi, mis à part quelques apartés plus éclatés comme la «naissance» de Jérémy Fournier, parfait pour mettre la table sur son franc-parler, la mise en scène classique et épurée de Chantal Lamarre a laissé toute la place aux humoristes qui ont livrés sans tambour ni trompette du stand-up dans sa forme la plus pure.

Pas de personnages ou de théâtre, et pratiquement pas d’accessoires, sauf des instruments comme Mathieu Marsolais et sa guitare, ou Étienne Serck, une sorte de Jérémy Demay autant dans l’accent que les mimiques, et son tama. Toute la bande est particulièrement à l’aise et a un sens inné pour l’improvisation, s’adaptant aisément aux circonstances, comme les problèmes techniques, ou son public, ce qui est toujours une force de savoir maintenir le contact avec sa foule.

On a donc ici un lot frappant de conteurs et de penseurs qui se montrent prêts à tout pour jumeler leurs observations à leurs histoires, notamment Francis Dumais qui parle avec honnêteté des désavantages d’être un beau-père, succédant avec une bonne fluidité anecdote sur anecdote pour mieux nous divertir. On pense à l’aisance de Laurent Hallée, qui nous raconte sa fascination pour les gens weird tout comme ses origines de Longueuil, ou encore Alexandre Forest qui n’a pas peur de remettre en cause sa propre virilité.

Le physique a après tout été un sujet récurrent, par exemple Charles-Antoine Des Granges qui a usé d’ironie et d’une imagerie inventive pour se plaindre des personnes obèses, ou Éric Curadeau qui y est allé d’un monologue sur la barbe, look récurrent de la gent masculine de cette année. L’Haïtien Jean-Samuel André a, de son côté, osé une observation inédite sur les noirs, expliquant que les Arabes leurs ont enlevé le monopole de la terreur.

Les sujets-chocs ont donc régulièrement été de la partie puisque Charles Pellerin a parlé de l’armée canadienne et des Syriens, et que Simon Boisvert a mis en lumière son manque de conscience sociale. L’éclaté Colin Boudrias-Fournier a aussi parlé des inégalités hommes-femmes, alors que Caro Fréchette y est allé de nombreux questionnements amusants dont le mémorable: «Quand est-ce que tu décides en tant que parents que c’est le dernier bain que tu prends avec ton enfant?»

Enfin, difficile de passer sous silence la forte présence de Coco Belliveau, qui marque non seulement, de par son nom, de par son accent, mais aussi de par sa facilité à jongler avec l’humour à partir d’un sujet particulièrement touchant, soit le deuil.

La tournée des finissants s’est terminé le 26 juillet dernier, moment officiel où toute la bande fut officiellement déclarée diplômés. Seul le temps dira lesquels parmi tous continueront à percer les incertitudes du succès!

L'événement en photos

Par Myriam Frenette

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