«Série noire»: les créateurs de la télésérie Les Invincibles seraient-ils à l'aube d'un nouveau culte? – Bible urbaine

Cinéma

«Série noire»: les créateurs de la télésérie Les Invincibles seraient-ils à l’aube d’un nouveau culte?

«Série noire»: les créateurs de la télésérie Les Invincibles seraient-ils à l’aube d’un nouveau culte?

Publié le 8 janvier 2014 par Jim Chartrand

Crédit photo : ICI Radio-Canada

Lundi dernier, ICI Radio-Canada dévoilait Série noire aux journalistes, le nouveau-né du trio gagnant composé de François Létourneau (acteur et co-scénariste), Jean-François Rivard (réalisateur et co-scénariste) et Joanne Forgues (productrice), marquant leur grand retour au petit écran, et ce, près de cinq ans depuis la fin bouleversante de l'inoubliable télésérie Les Invincibles.

Ne tarissant pas d’éloges à leur égard, Louise Lantagne, productrice de la programmation et ses acolytes, ne manquait pas d’adjectifs pour décrire l’admiration qu’ils ont éprouvée pour leurs créateurs, tout comme leur enthousiasme face à cette nouvelle production originale. Parmi les nouvelles saisons de Trauma, 30 vies et Unité 9, notamment, il y a fort à parier que tous les yeux seront tournés avec raison vers Série noire, une proposition décalée, inusitée et franchement intrigante, réalisée par deux créateurs qui ne manquent pas d’audace.

Si les jeux de la trentaine sont terminés (in memoriam les montres, les brosses à dents et cie), la crise de la quarantaine ne s’en montre pas moins parsemée d’absurdité et de détresse. C’est donc dans une tentative de prendre leur vie en main que l’on retrouve Denis et Patrick, deux scénaristes qui doivent pondre la suite de leur succès public mais non critique que représente leur télésérie juridico-policière La loi de la justice. Avec surprise, ils décident de combattre le feu par le feu. Face aux violentes accusations du manque de vraisemblance de leur feuilleton, ils décident de vivre eux-mêmes les situations qu’ils imposent à leurs personnages. C’est ainsi que commence leur processus inusité de création par un accident (allégé) de voiture pour l’un et un réveil inconscient et sans repères en pleine forêt pour l’autre.

Sous forme d’aventures tantôt rocambolesques, tantôt pitoyables, Série noire déploie une multitude de genres, car les créateurs ont cherché à noyer nos appréhensions et à multiplier les surprises. Ainsi, en passant par le drame, le suspense, la déprime et le ridicule, s’il y a bien une chose qui continue constamment d’unifier l’ensemble, c’est l’humour. Un humour certes très noir, mais brillamment soulevé par des dialogues d’une richesse infinie, de quoi reconnaître fort aisément la griffe délicieusement absurde des créateurs, ce qui donne un infini coup de pouce à ces retrouvailles qu’on souhaitait en silence depuis cinq ans.

Bien sûr, à l’exception de François Létourneau, qui incarne à nouveau l’un des protagonistes, ainsi que quelques têtes familières telles que Louise Bombardier, Alain Zouvi et Édith Cochrane, on a fait appel à une nouvelle distribution de premier ordre. S’accumulent donc de grands noms tels que Vincent-Guillaume Otis, Francine Ruel, Martin Drainville, Anne-Élisabeth Bossé, Martin Beaupré, qui s’est entraîné spécifiquement pour le rôle, Jacques L’Heureux, Guy Nadon, détonnant et marquant, et, surprise, un fort inattendu Bernard Derome! Pour cela, quel bon coup et un grand merci à Monsieur Rivard d’avoir osé la proposition!

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Il faut donc éviter les comparaisons, et ce, même si le style et les thèmes tendent souvent à nous le rappeler, comme les excellentes compositions musicales tout en mystères de Christobal Tapia de Veer. Avec une narration cocasse, le désir de faire des pactes et de se lancer des défis, et cette tendance prépondérante à exhiber les hauts et les bas de la force de l’amitié masculine, Série noire jette un regard cynique sur un microcosme spécifique. Multipliant les références au 7e art (chapeau aux décors et aux affiches sur les murs, la mention d’Orson Wells et le petit passage très Misery de Stephen King), on vise ici le milieu télévisuel en parodiant avec délicatesse ses nombreuses facettes.

À ce titre, Série noire démontre des niveaux d’audace fort différents de Les Invincibles en proposant le pari de créer une métasérie qui mêle et provoque réalité et fiction. Que ce soit dans sa façon de transposer l’histoire de deux scénaristes qui doivent livrer leur deuxième saison (dans le cas de François et Jean-François, c’est leur deuxième série!), jusqu’au personnage bientôt mythique de Marc Arcand qui croit qu’un personnage télévisuel est basé sur sa propre vie, voilà un projet qui a décidé que de simples mises en abîme n’étaient décidément pas suffisantes.

Tournée en hiver (ce qui apporte visuellement une ambiance unique à la série!), on espère un succès à construire à l’instar des Breaking Bad et Les Invincibles, alors que l’écriture d’une deuxième saison pas encore officielle est présentement en plein processus. On peut facilement comprendre à l’écoute des deux premiers épisodes la raison pour laquelle on mise autant sur la série. Invitante et rassembleuse, tout en osant des trajectoires qu’on a rarement empruntées dans le paysage télévisuel québécois, voilà un sujet de conversation qui n’a pas fini de nous faire jaser d’ici la fin du printemps.

Fidèle à ses nouvelles habitudes, ICI Radio-Canada multipliera les interactions avec le public par le biais d’applications, de concours ainsi qu’un site Web élaboré qui proposera du contenu de jour et du contenu de nuit de 22h à 6h au ici.radio-canada.ca/serienoire.

Les douze épisodes de la première saison de Série noire seront diffusés chaque lundi 21h à ICI Radio-Canada dès le lundi 13 janvier prochain.

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