«En vogue avec…» Flore Del Biondo, joaillière qui propose des bijoux uniques et sur-mesure

Flore, nous sommes ravis de discuter avec toi! Parle-nous brièvement de ton parcours en joaillerie et de ce qui t’a menée à créer, en 2021, ta propre marque de bijoux où tu fabriques, souvent sur-mesure, des bagues, des boucles d’oreilles, des pendentifs et des bracelets!

«Le plaisir est partagé! La joaillerie est apparue tard dans ma vie, lors d’une période de transition où je venais de m’installer au Canada depuis la France. Je travaillais à ce moment-là en montage vidéo et je n’arrivais plus à rester non-stop devant un ordinateur. Alors, tant qu’à changer de pays, pourquoi pas changer de carrière aussi!»

«Au même moment, j’ai hérité des bijoux de ma grand-mère et j’ai voulu les réparer et les transformer. C’est devenu addictif et j’ai commencé à faire de l’assemblage, de la résine, etc. Par contre, j’étais souvent limitée dans mes projets: je désirais créer mes pièces de A à Z et, par exemple, apprendre à souder. J’ai donc entrepris deux ans d’études de soir en bijouterie et en joaillerie. C’était une formation incroyable, et exercer un métier manuel est devenu une évidence pour moi.»

«Et tout de suite après mon stage, la pandémie est arrivée! À 30 ans, je me suis dit que c’était le moment de foncer: je me suis lancée à mon compte! Pas facile quand tout est fermé, qu’il n’y a pas de marchés artisanaux, et que la concurrence sur internet est rude. Les réseaux sociaux, c’est un gros défi! Tout doucement, j’arrive à m’y faire une place, mais il faut beaucoup de contenu, et je suis majoritairement seule pour faire mes propres photos et vidéos.»

«Puis, à ma grande surprise, et je ne les remercierai jamais assez, les gens ont voulu m’encourager. D’abord mes amis, les collègues de mon chum, les amis d’amis, et enfin des inconnus! C’étaient surtout des demandes personnalisées, et je crois que ça me correspondait bien.

«Désormais, j’essaie aussi de développer plusieurs séries de créations de mon cru, même si le sur-mesure prend encore beaucoup de mon temps.»

Photo: Flore Del Biondo

Peux-tu nous résumer la mission de ton entreprise et les valeurs qui te tiennent à cœur?

«Dans une période où l’on veut avoir tout très vite et le moins cher possible, j’aime aller à contre-courant. J’exerce la joaillerie de manière traditionnelle où quasiment tout est fait à la main, avec soin et beaucoup de passion.»

«Je fais ce que l’on appelle du “slow made”. Ce ne sont pas de grosses collections éphémères qui sortent plusieurs fois par an, mais plutôt quelques modèles de bijoux permanents ou des pièces uniques. J’apprécie les bijoux que l’on garde plusieurs années ou encore toute une vie!»

«Un autre aspect merveilleux de ce métier est la réutilisation infinie qu’offre le métal. Il suffit de le fondre et on recommence du début. Et comme je suis une adepte du seconde main, c’est une joie quand on me demande un projet de transformation où l’on récupère le matériau et les pierres pour leur donner une nouvelle vie! Pourtant, ce n’est pas vrai que la joaillerie est écologique. On utilise des produits chimiques et il faut tenir compte de l’extraction des matières premières. Je réfléchis donc à différents moyens d’améliorer ces pratiques: changer certains produits, trouver du métal exclusivement recyclé… C’est un gros défi.»

«J’aime être une petite entreprise locale et avoir la chance de rencontrer et d’échanger avec les gens. Les bijoux, ce sont avant tout des souvenirs, alors je crois que ma mission principale est de réaliser les petits rêves d’argent et d’or de mes clients.»

On aimerait que tu nous en dises plus sur ton processus de création en tant que tel. Où puises-tu ton inspiration pour concevoir tes pièces?

«Comme je suis amoureuse des voyages et de la nature, c’est ma première inspiration! Mes créations évoluent aussi autour de la géométrie. Et comme je ne suis pas une grande dessinatrice à la base, je favorisais ces formes aux lignes organiques durant les modules de dessin à l’école, haha!»

«Avec le temps, je me rends compte que j’affectionne beaucoup ce style. Souvent, je reproduis les éléments de la nature sous des formes géométriques (goutte, vagues, papillon…).»

«La joaillerie, c’est magique: à partir de grains de métal que l’on fond, on les transforme en fil ou en plaque. Puis, on les scie, lime, forme, martèle et soude pour qu’ils prennent vie. Je peux réaliser un croquis, mais aussi m’inspirer directement du morceau de métal et voir où ça me mène.»

«Les pierres et les perles sont également de fabuleuses sources d’inspiration. Je pars souvent de leurs formes ou de leurs couleurs et elles me guident durant toute la création du bijou.»

«Mes bijoux allient simplicité et douceur, mais ça ne m’empêche pas de concevoir aussi des boucles d’oreilles et des bagues imposantes pour autant! J’ai l’esprit curieux et je suis de nature éclectique. Le “sur-mesure” est parfait pour moi, car je touche à tous les styles, les genres et les âges.»

Photo: Flore Del Biondo

Tu crées, entre autres, des bijoux faits à partir d’objets trouvés dans la nature, comme un coquillage ramassé sur une plage, une cocotte provenant de nos forêts, ou encore de véritables branches d’arbres coulées dans l’argent. Peux-tu nous parler plus en détail de cette démarche créative?

«Reproduire les éléments de la nature telle qu’elle nous les a offerts, c’est fascinant!»

«Pour les boucles d’oreilles branche ou les pendentifs cocottes, j’en ramasse de vrais lors de mes balades dans les belles forêts du Québec! Je fais une sélection et je viens ensuite les mouler dans un cylindre de plâtre. Puis, le cylindre va dans un four, les éléments brûlent et laissent une empreinte. Avec la force centrifuge, le métal en fusion est introduit dedans et prend la place de l’empreinte. Ainsi, les branches ou les cocottes sont reproduites en argent ou en or! Chaque paire de boucles d’oreilles ou de pendentif est donc unique. »

«Pour les coquillages, c’est différent. Ils ne brûlent pas, alors je viens d’abord les mouler dans du latex. Ensuite, j’injecte de la cire dans le moule et je reproduis le même processus qu’avec la branche ou la cocotte, mais avec de la cire.»

«C’est vraiment un procédé incroyable!»

Qu’est-ce qui te rend fière en tant que créatrice de ta marque de bijoux et de ta propre signature, et quels projets rêves-tu de réaliser en lien avec ce projet?

«Ce qui me rend fière, c’est de participer aux moments importants de la vie des gens! Je suis très heureuse quand on me commande un bijou pour une demande en fiançailles ou pour un cadeau spécial.»

«Je me souviens d’un de mes premiers projets où j’ai transformé les boutons de manchettes du père d’un de mes clients. J’en ai fait en collier pour sa mère. C’était un moment vraiment émouvant.»

«Plus tard, j’aimerais avoir une sorte d’atelier-boudoir pour accueillir directement mes clients, créer toutes sortes de projets personnalisés et exposer quelques petites collections permanentes. En attendant, je vais participer à plusieurs marchés pour rencontrer du monde et me faire connaitre davantage.»

«Je souhaite aussi me perfectionner avec d’autres formations spécifiques en joaillerie et ainsi offrir toujours plus de savoir-faire à mes clients. C’est un métier où on en apprend tous les jours. Il faut s’armer de patience, car souvent tout ne se passe pas comme prévu!»

Flore dans son atelier. Photo: Flore Del Biondo

Parle-nous de ce que tu as en tête pour Flore Del Biondo! As-tu une prochaine série d’accessoires en tête? Si oui, peux-tu nous en dire quelques mots?

«Oui, justement! À court terme, j’ai un projet de bijoux pour hommes et unisexes en collaboration avec mon chum. C’est mon premier supporter! On travaille sur une collection inspirée des textures des arbres du Québec, mais aussi sur d’autres styles toujours en rapport avec la nature.»

«Il y aura peut-être aussi quelques modèles de bijoux pour cheveux à venir!»