David Altmejd et Jon Rafman au Musée d’art contemporain de Montréal

Pour la première fois dans un musée canadien, une exposition est dédiée aux œuvres de l’anthropologue, réalisateur et archiviste Jon Rafman. Les installations vidéographiques, les sculptures et les photographies choisies pour l’exposition ont toutes été conçues depuis 2008.

Rafman puise les matériaux de base de ses œuvres principalement sur Internet ou dans les jeux vidéo. À la manière des ready-made, il s’empare de matériaux numériques pour leur donner une vocation poétique. Il s’intéresse notamment aux effets de la technologie et à sa désuétude, en plus de voir le monde numérique comme une échappatoire du monde réel.

C’est sous la forme de cabines de visionnements bricolées que l’artiste donne à voir ses œuvres: les spectateurs sont amenés à entrer dans une boîte de plexiglas transparent, à s’enfermer dans un container, ou encore à se coucher sur un lit d’eau couleur rouge sang pour regarder les œuvres vidéos. Une fois confinés à un espace très restreint, c’est des images très dures qui lui sont présentées, alors que des inconnus du web expriment leur frustration, leur désir et leur résignation, souvent de manière très violente.

La trilogie Still Life (2013), Mainsqueeze (2014), ERYSICHTHON (2015) est particulièrement difficile à regarder, alors que l’artiste fait ressortir les images les plus trash d’Internet. Ainsi, il oblige le public de l’exposition à écouter des inconnus hurler leur détresse et leur solitude et le confronte à des communautés marginales dont on a tendance à nier l’existence.

En marge de l’exposition principale est aussi présentée l’œuvre vidéo 360° Sculpture Garden (Bog, Desert), prévue pour accueillir un seul visiteur à la fois. En utilisant un dispositif Oculus Rift, Rafman transporte le spectateur dans une expérience immersive très particulière. De la salle d’exposition où est présentée une sculpture abstraite, il se retrouve au milieu d’une forêt ou près de l’eau. Même si l’attente pour en faire l’expérience peut parfois atteindre plus d’une trentaine de minutes, le voyage que l’oeuvre fait vaut vraiment la peine.

Quoique très différentes, les deux expositions que présente le Musée d’art contemporain cet été rend compte de l’originalité de la démarche d’Altmejd et de Rafman, deux artistes qui font honneur à l’art visuel montréalais.