SortiesDanse
Crédit photo : Malin Grönborg
Cette nouvelle création, Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund ont choisi de la présenter comme un «voyage dans le subconscient», cherchant à explorer les possibilités de l’esprit et la perception du réel ancré dans un univers poétique.
Les deux danseurs-chorégraphes, enveloppés de trench-coats beiges, sont au début deux solitudes qui se cherchent. Rapidement, il s’installe entre eux un rapport de questions-réponses où l’un manipule l’autre et où chaque action appelle à une réaction. Sur une toile tendue dans le fond de la scène, les superbes projections de Gene Pendon défilent, interagissent avec les danseurs. Ce sont tour à tour les mouvements qui résonnent sur la toile comme une continuité des corps, des éléments projetés qui influencent les danseurs et les contraignent dans l’espace.
Les jeux avec les projections en échos aux mouvements sont impressionnants et auraient pu, exploités à leur plein potentiel, être tout le cœur d’une recherche qui se perd finalement dans une trame narrative décousue. L’écran, avec tout le jeu de textures et de visuels qu’il promettait, est relégué au rôle d’accessoire, quand on l’aurait voulu protagoniste dialoguant avec le mouvement.
Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund, virtuoses, portent leur pièce sans répit. Tous deux sont impeccables dans leurs mouvements et témoignent d’une maîtrise parfaite de leur danse, alliance de techniques de danses urbaine et contemporaine. On va de l’extrême fluidité à des mouvements d’automates, en passant par des acrobaties de break impressionnantes.
Le problème, c’est que malgré un sans-faute technique, le duo nous perd dans des tableaux démonstratifs qui desservent leur propos. La narrativité trop littérale, lourdement appuyée par une musique omniprésente, ne convainc pas. On nous parle ici de voyage intérieur, de spiritualité et de rapport à l’autre, mais on nous le démontre trop pour qu’on puisse y croire, d’autant plus que certaines propositions tombent franchement dans le cliché.
Les tableaux se succèdent, comme des fractions d’un tout dont on peine à voir la cohérence.
Quelques moments de grâce resteront pourtant, notamment lorsque les deux partenaires se lancent à corps perdu dans un duo en contact. Un rythme s’installe, les danseurs tourbillonnent, se servent de support, se poursuivent dans un chassé-croisé. Le côté narratif disparaît alors au profit d’une danse qui parvient à nous communiquer une énergie qui se joue entre eux, et c’est finalement là que réside leur force et leur pouvoir expressif.
Dommage qu’on ne puisse l’apprécier que de manière anecdotique.
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Par Malin Grönborg
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