SortiesDanse
Crédit photo : Karolina Kuras
Guillaume Côté s’est inspiré de la cryptozoologie (la science de ces animaux dits «cachés» qui n’ont pas encore été découverts par la zoologie officielle) pour nous proposer une œuvre dont la vision onirique est portée par un quatuor de danseurs. Ces derniers incarnaient divers personnages: Greta Hodgkindon (la femme), Natasha Poon Woo (la chirurgienne), Casia Vengoechea (l’animal) et Guillaume (l’homme).
Avec la musique intrigante du compositeur Mikael Karlsson et l’apport des effets visuels créés par la compagnie multimédia montréalaise Mirari (anciennement Hub Studio), à partir d’une histoire écrite par Royce Vavrek, le public de la Place des Arts a été convié à découvrir un récit aux allures du Prométhée moderne: j’y ai vu une forte volonté de l’homme, celle de transformer la beauté de la nature sous une forme humaine, mais sans que celui-ci pense aux répercussions que cela peut entraîner…
Un fil conducteur malheureusement absent
Le spectacle a débuté avec un solo interprété par Guillaume Côté, suivi d’un pas de deux entre les personnages de l’homme et de la femme, avec en fond une trame narrative mise en mots par une voix porteuse dont les paroles évoquaient une quête, à savoir celle de la beauté et de la monstruosité.
La scénographie, composée de jeux de lumière et de projections, esquissait une forêt peuplée de d’animaux divers. J’ai été ravie, à ce moment précis, d’y décrypter un langage chorégraphique soigné où les mouvements des danseurs étaient fluides et fort bien exécutés.
J’ai cependant trouvé que, globalement, les jeux de lumière sombres et les costumes tout aussi foncés ne permettaient pas aux spectateurs d’admirer la totalité des mouvements, notamment les sauts et les pirouettes du danseur Guillaume Côté, c’est bien dommage.
Le spectacle s’est poursuivi avec des projections visuellement intéressantes pour le regard. J’ai entre autres pu apprécier un superbe effet visuel qui s’illustrait sous la forme d’un tunnel. Ce dernier a servi à dynamiser le trajet du danseur, qui entrait alors dans un monde magique, à la rencontre d’un animal miséreux (incarné par la danseuse Casia Vengoechea), laquelle portait un unitard avec des lignes brunes, ce qui lui conférait un certain camouflage.
L’espace d’un instant, j’ai presque eu l’impression d’assister à la projection d’un film animé; ce fut un effet visuel bien réussi!
Jusqu’à ce tableau, je dois admettre que le fil conducteur, qui reliait la narration, la scénographie et la danse, formait un tout cohérent et harmonieux. Sauf que, très vite, les projections ont cessé, la trame narrative est disparue, à pour réapparaître uniquement à la fin du spectacle, et l’écriture chorégraphique a fait montre de plusieurs répétitions dont je me serais bien passées.
Après réflexions, j’ai cru comprendre, lors de cette scène, que l’animal en question a été capturé pour être ensuite transformé en humain. Mais personnellement, j’avais déjà perdu le lien, aussi ténu soit-il, entre la danse et l’histoire…
Et j’avoue avoir été déstabilisée par cette coupure narrative qui m’a fait perdre le fil de l’histoire!
Une gestuelle essoufflante et par moments déstabilisante
Aussi, à un moment de l’histoire, on retrouvait le personnage de la chirurgienne qui transforme l’animal en humain, lequel est interprété par la danseuse Natasha Poon Woo. Cette dernière, je dois l’admettre, a su livrer une performance dynamique d’une technique incontestable!
En ce qui concerne l’interprétation de Casia Vengoechea, celle-ci a sans aucun doute déstabilisé le public avec son interprétation, puisqu’on a pu voir son corps adopter des formes quasi inhumaines! Bien que ces mouvements font partie intégrante du spectacle, je n’ai toutefois pas pu cesser de m’interroger sur la pertinence de pousser l’interprétation jusqu’à créer des formes aussi peu naturelles pour un corps humain…
Cette chorégraphie, je l’avoue, m’a même fait oublier les formes de danse néo-classiques et contemporaines auxquelles j’ai eu droit tout au long de la représentation!
Une création pour le moins singulière!
Bien que certains mouvements auraient mérité d’être repensés, la force de Crypto, à mon avis, réside dans la danse elle-même, à savoir l’interprétation et l’exécution des mouvements par quatre artistes qui ont su performer avec brio, et ce, tout au long du spectacle.
Je salue l’initiative de Guillaume Côté, qui nous a proposé, malgré quelques déceptions, une œuvre singulière (et différente!) qui ouvrira la porte à de nouvelles créations et réflexions artistiques tout aussi audacieuses, j’en suis certaine.
Le spectacle «Crypto» de Côté Danse en images
Par Karolina Kuras
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