«LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts – Bible urbaine

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«LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

«LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Une ode à la Lune, à l’humain et à sa diversité culturelle

Publié le 2 mai 2022 par Olivia Gomez

Crédit photo : Sasha Onyshchenko

Jusqu'au 1er mai, Les Grands Ballets présentaient «LUNA», un programme mixte au sein duquel les chorégraphes de renom Vanesa Garcia-Ribala Montoya, Marcos Morau, Lesley Telford et Edgar Zandejas offraient, l'espace d'une soirée, des créations uniques inspirées par l’effet que la Lune a sur la Terre et sur l'être humain en général. À travers ces différentes œuvres, le public était convié à découvrir quatre propositions chorégraphiques autour de l’astre de la nuit, de l’évolution de l’humain et de sa diversité culturelle.

D’entrée de jeu, je tiens à préciser que cette programmation a été initialement créée en trois parties, avec une première qui devait avoir lieu en 2020… Qu’à cela ne tienne, c’est finalement deux ans plus tard que LUNA a pu enfin voir le jour, dans un Théâtre Maisonneuve bien rempli pour l’occasion!

De cette soirée, je retiens l’originalité des chorégraphies, la richesse des différents styles de musiques entendus, la mixité des danses (de la danse contemporaine au ballet jusqu’aux danses africaines), de même que les talentueux danseurs, qui ont performé avec brio tout au long du spectacle.

«Beguile» de Lesley Telford. Photo: Sasha Onyshchenko

«Beguile»: la vulnérabilité et la force exprimées par la danse (23 min.)

C’est avec Beguile que la soirée a débuté, une proposition de la chorégraphe et danseuse vancouvéroise Lesley Telfordy. À travers cette création, elle a exploré l’influence que l’humain a sur les autres, mais aussi celle que les autres ont sur notre propre individualité.

Interprété par une dizaine de danseurs et dansé sur des musiques de diverses époques et divers styles, d’Henry Purcell à John Cage, en passant par Johann Sebastian Bach, ce numéro a particulièrement attiré mon attention, surtout en raison de la signature chorégraphique, des costumes et de la scénographie minimaliste de Yoko Seyama.

Sur scène, mes yeux ont pu admirer trois grands panneaux d’allures spatiales. J’avais l’impression, de mon siège, de voir une surface faite d’une texture lunaire en haute résolution.

Cela dit, je dois dire que le contraste entre la scénographie et les costumes d’inspiration baroque, de couleur noir et jaune moutarde, m’a un peu étonnée…

Au programme,  le public a eu droit à des interprétations puissantes et bien exécutées, comme un pas de deux libre des danseurs Maude Sabourin et Étienne Delorme, qui ont réussi, ensemble, à exprimer leur force et leur fragilité respectives à travers une danse contemporaine.

J’applaudis d’ailleurs la symbiose entre les danseurs, l’harmonie au sein des numéros de groupe, ainsi que la belle synchronicité et la technique des interprètes, qui était, je l’admets, éblouissante.

«Sonata de Luna»: un hommage à l’amour (6 min.)

La soirée s’est poursuivie avec une pièce du chorégraphe montréalais d’origine mexicaine Edgar Zandejas, qui a proposé aux spectateurs un superbe pas de deux intimiste interprété par Hamilton Nieh et Enno Kleinehanding.

Avec la mélodieuse musique «Tonada de la luna llena» du compositeur brésilien Caetano Veloso en arrière-plan, ce duo de danseurs s’est bien illustré à travers ses mouvements parmi lesquels on retrouvait des portées et du main à main d’une parfaite fluidité.

Les costumes, de simples pantalons amples de couleur beige, m’ont aidé à mieux apprécier les déplacements des corps et ont également contribué à ajouter une touche de simplicité et d’authenticité à ce numéro.

Dans ce cas-ci, nul besoin d’une scénographie ultra développée: la seule présence des interprètes suffisait!

Avec cette pièce, je me suis littéralement sentie transportée en Amérique latine. Et l’écriture chorégraphique pour le moins soignée m’a fait voir toute la beauté et l’amour qui peuvent exister entre deux êtres humains.

«Fukuoka» de Marcos Morau. Photo: Sasha Onyshchenko

«Fukuoka»: une touche de flamenco dans une soirée lunaire (13 min.)

C’est avec cette pièce que la première partie du spectacle s’est clôturée avec l’œuvre singulière du chorégraphe espagnol Marcos Morau, aidé de Lorena Nogal et Marina Rodriguez.

Interprété par Anna Ishii et Yui Sugawara sous différents rythmes andalous, ce morceau est le résultat d’une fusion entre la danse contemporaine et le flamenco.

J’ai trouvé que les costumes, parmi lesquels on retrouvait un léotard noir et blanc, ont aidé à créer un effet ludique au niveau des postures des interprètes et je dirais même qu’à certains moments, ils ont littéralement faussé mon regard! En effet, à certains moments, j’avais l’impression que mes yeux intervertissaient des jambes et des bras, et vice-versa!

Je salue ici la gestuelle énergique et l’interprétation réussie des deux danseuses. Toutefois, je me suis interrogée sur cette démarche chorégraphique, car le flamenco est une tradition, plus exactement une danse qui a ses principes et ses techniques puristes qui ne sont pas faciles à fusionner avec d’autres styles de danses.

À mes yeux, ici, la symbiose entre la danse contemporaine et le flamenco n’a pas été des plus harmonieuse. Or, même si cette proposition chorégraphique a créé un certain effet de surprise, elle semble avoir été grandement appréciée par les spectateurs.

«Du Soleil à la Lune»: une mixité de danses et de musiques (38 min.)

En deuxième partie de spectacle, le public a eu droit à une pièce créée par la danseuse principale des Grands Ballets, Vanesa Garcia-Ribala Montoya, une danse interprétée par plus de vingt danseurs, dont Montoya elle-même.

Avec, dans nos tympans, les musiques de Dyaoulé Pemba, Moonligth Benjamin et Toto Bissainthe, riches d’une variété de rythmes afrocaribéens (jazz, tambours et percussions africaines), cette proposition chorégraphique pour le moins éclectique a su mettre de l’avant des danses à la fois contemporaines, néoclassiques et africaines, et même des mouvements inspirés des arts martiaux!

Je me permets de souligner l’agilité avec laquelle les danseurs changeaient d’un style de danse à l’autre, par moments à l’aide de mouvements vigoureux et rigides, à d’autres, plus fins et légers, ce qui apportait une belle mixité à cette œuvre.

Les costumes, pour leur part, étaient fort variés eux aussi: on pouvait admirer sur scène des vêtements aux couleurs blanches et rouges, ainsi que des costumes d’inspiration créole.

Et tout autour des interprètes, des projections évoquant la Lune, les étoiles, le feu et le soleil s’offraient à notre regard.

L’unique bémol, c’est justement l’ajout de ces projections au spectacle. Et ce n’est pas en raison d’un manque d’esthétisme ou de qualité, bien au contraire. C’est simplement qu’elles étaient, pour moi, un élément de trop dans le tableau d’ensemble, et cela a nui à mon appréciation de la performance des danseurs.

Autrement, chapeau bas à la chorégraphe, qui a réussi le défi de nous faire apprécier une proposition artistique d’une grande richesse culturelle et artistique, ce n’est pas rien!

«LUNA» des Grands Ballets en images

Par Sasha Onyshchenko

  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Beguile» de Lesley Telford. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Beguile» de Lesley Telford. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Beguile» de Lesley Telford. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Beguile» de Lesley Telford. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Fukuoka» de Marcos Morau. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Fukuoka» de Marcos Morau. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Du Soleil à la Lune» de Vanesa Garcia-Ribala Montoya. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Du Soleil à la Lune» de Vanesa Garcia-Ribala Montoya. Photo: Sasha Onyshchenko
  • «LUNA», présenté par Les Grands Ballets au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
    «Du Soleil à la Lune» de Vanesa Garcia-Ribala Montoya. Photo: Sasha Onyshchenko
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    «Du Soleil à la Lune» de Vanesa Garcia-Ribala Montoya. Photo: Sasha Onyshchenko

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