Coup d’œil dans les archives de Coup de cœur francophone pour ses 30 ans

Mais la véritable bougie d’allumage à ce projet ambitieux sera la mise en place, en 1995 par le Gouvernement du Québec, d’une politique sur les communautés francophones. «La ministre Beaudoin nous a rencontrés et nous a dit que ce qu’on faisait, c’était exactement l’illustration de cette politique-là, qui était au départ: ‘’Il faut se connaître mutuellement, il faut développer des partenariats’’. Nous, on arrive avec un projet où on a huit partenaires à travers le Canada sur un projet commun, et ce alors que le programme d’appui n’existe pas encore!», raconte le cofondateur, qui a par la suite réussi à obtenir du financement plus important de la part des deux paliers de gouvernements pour poursuivre sa mission.

«L’idée de ce réseau-là, c’est un peu l’image d’une autoroute à deux sens: c’est vraiment de donner accès aux communautés à des artistes qui peuvent avoir une certaine notoriété, mais qui n’ont pas la possibilité d’aller très loin ou de se produire dans des grandes salles», insiste Alain Chartrand, citant un spectacle de Fred Pellerin à Whitehorse ou un autre de Daniel Lavoie à Gravelbourg pour illustrer l’importance de cette diffusion pour le fait francophone. Mais avant d’arriver à faire voyager les artistes un peu partout, il a fallu faire avec de plus modestes moyens, comme présenter un spectacle d’Alain Bashung au Cégep de Maisonneuve! «Un très grand moment, quand même!», se souvient Alain Chartrand.

Ainsi, le Coup de cœur francophone est aujourd’hui présenté dans 45 villes au Canada, et est le seul festival qui est présenté sur six fuseaux horaires différents, au cœur des communautés francophones. «C’est sûr que le projet canadien, c’est une particularité unique, ça nous singularise complètement. Et il faut comprendre qu’à Montréal, le Coup de cœur dure 11 jours en novembre, mais dans les faits, il est commencé en Acadie déjà, et il va se terminer au début décembre ailleurs au pays».

Ce qui est aussi devenu une marque représentative du festival, au fil du temps, ce sont les projets de création annuels de l’événement. De Danse Lhasa Danse, qui devait être que pour un seul soir et qui a finalement été présenté une vingtaine de fois à travers le Québec et le Canada, à Corps amour anarchie cette année autour du répertoire de Léo Ferré, en passant par Le western vaincra avec les sœurs McGarrigle ou Chasse et pêche et rock’n’roll, qui s’intéressait au répertoire de Serge Deyglun, plusieurs productions originales réunissant des artistes de tous horizons ont façonné la signature du Coup de cœur.

Mais c’est aussi la confiance répétée d’artistes comme Fred Fortin, qui a participé pas moins de neuf fois au festival avec ou sans groupe, mais aussi Éric Goulet, Richard Desjardins, Luc de Larochellière, Sylvie Laliberté, Vincent Vallières ou Yann Perreau, qui figurent tous parmi ceux qui se sont le plus produits à l’occasion du Coup de cœur, qui fait que l’évènement perdure dans le temps. Cette année, pas moins de 20 rentrées montréalaises ont lieu pour cette 30^e édition, avec des artistes importants tels qu’Avec pas d’casque, Saratoga, Richard Séguin ou Klô Pelgag, «et ça, c’est une magnifique marque de confiance», avoue Alain Chartrand.

Il n’y a aucun doute que c’est parce qu’au fil de ces 30 années, il a bien su créer des alliances et bâtir des relations de confiance avec ses artistes que le Coup de cœur francophone demeure aussi important aujourd’hui. Mais le directeur général et artistique Alain Chartrand va plus loin: «C’est grâce à cette vision par rapport à l’intérêt de présenter des choses qui nous apparaissent intéressantes au niveau de la musique émergente, la confiance des artistes reconnus, les concepts, le développement du réseau, le rapport privilégié avec des collègues internationaux. Moi, je dis que dans la vie, il faut que tu trouves ta tribu.»

La 30^e édition du Coup de cœur francophone aura lieu à Montréal du 3 au 13 novembre 2016. Jetez un coup d’œil aux 30 photos d’archives pour un petit instant nostalgie!