SortiesDanse
Crédit photo : Les Ballets Trockadero de Monte Carlo
«On point»
Les couleurs de la compagnie sont claires; on ne rit pas de la danse, mais bien de codes ou de modes qui ont marqué cet art à travers le temps. Au contraire, si les danseurs utilisent certaines situations pour parodier la danse, un peu à la manière d’un vaudeville, ils font surtout honneur à la discipline en la maîtrisant avec brio et font preuve de polyvalence dans leur jeu entre mouvement et comédie. Leur habileté sur pointes illustre leur niveau technique élevé et s’ajoute à leur signature comique, qui bien que légère, ne manque certainement pas de rigueur.
Les grandes lignes
La soirée comporte cinq courtes pièces empruntant des éléments à différentes pièces de répertoires. Dans ChopEniana, les danseurs incarnent de délicates et maladroites sylphides, parmi lesquelles un homme joue le rôle de l’amoureux désemparé. Par la suite, Pas de deux, solo, ou une œuvre moderne à communiquer met en scène trois danseuses en léotard de velours et arborant une crinière digne des années 70, qui performent une chorégraphie de style moderne sur une composition live jouée par des «musiciens» (des danseurs déguisés). Par musique, il faut comprendre que les danseurs parodient des mélodies expérimentales en utilisant des sacs de papier ou en se gargarisant pour produire du son.
S’ensuit Go for Barocco Acte 1, une pièce rappelant l’époque du chorégraphe George Balanchine, puis le solo de la mort du cygne, «tiré» du Lac des cygnes, mais revu et amplement corrigé par la troupe. C’est Don Quixote qui clôture le spectacle avec une performance énergique de la part des danseurs, aussi humoristique que virtuose.
Un humour qui n’a pas d’âge
Tout au long du spectacle, on ne rit pas des femmes ou des hommes danseurs, mais des rôles qui leur ont été attribués avec le temps; et les Trocks, de leur petit nom, en ont pour tous les goûts. Certaines blagues sont plus «faciles», adaptées à un public plus jeune ou à celui qui aime le comique de situation et la pantomime. D’un autre côté, les connaisseurs de danse peuvent voir dans les multiples gags du spectacle un second degré relié aux œuvres originales ou aux courants artistiques dont il est question. Ces différentes facettes permettent de rejoindre un vaste public et donnent à l’ensemble un relief pertinent.
Une troupe féministe?
Les Ballets Trockadero de Monte Carlo offrent un spectacle à plusieurs niveaux. On y retrouve de la danse impressionnante, on y rit certainement au moins une fois, et son rythme soutient aisément l’attention. On peut s’arrêter à l’entertainment et ne pas creuser plus loin, profiter de la légèreté de la proposition.
Si le cœur nous en dit, on peut réfléchir à la portée de l’œuvre; en s’appropriant les rôles traditionnellement réservés aux femmes, la compagnie fait-elle un acte féministe? Les hommes revendiquent-ils le droit de faire ce qu’ils veulent? Rions-nous de la caricature, de la dénonciation ou du ridicule de l’imitation?
Bref, la surprenante soirée offerte par la compagnie comprenait du divertissement à la pelle, mais aussi son lot de réflexions.
L'événement en photos
Par Les Ballets Trockadero de Monte Carlo
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de la rédaction