Aidan Knight et Laura Sauvage au O Patro Vys de Montréal

Laura Sauvage, jeune femme fougueuse, s’est présentée seule sur scène, armée de sa guitare, sous un simple projecteur pour entamer son folk cru et un peu rugueux; la salle est immédiatement tombée sous le charme. Sa voix, au timbre très intéressant, claire par moments mais tout aussi rauque à d’autres endroits, semblait coller au propos de chaque chanson. Plusieurs passages chantés a cappella ont permis à la chanteuse de montrer une belle maîtrise de son instrument.

Son interprétation de la chanson «No Direction Home» fut particulièrement touchante. Elle est même allée jusqu’à offrir une très belle version, quoiqu’assez fidèle à l’originale, de «Cyanide Breath Mint», l’une des premières chansons de Beck. La jeune Acadienne, qui mélange naturellement le français et l’anglais avec un accent des plus charmants, semblait à l’aise de nous raconter des anecdotes personnelles entre ses chansons, d’une façon toujours humoristique pour ne jamais tomber dans le pathos. Vraiment, on a déjà hâte à sa prochaine visite à Montréal (Fringe, Pop Montréal, quelqu’un?)

Le public, emballé par ce qu’il venait de voir et d’entendre, attendait avec impatience Aidan Knight, qui jouait à guichet fermé vendredi. Grande surprise, c’était beaucoup plus rock que folk en concert, peut-être trop lors des premières chansons, alors que la voix d’Aidan Knight était enterrée par les instruments des musiciens qui l’accompagnaient. Et le son semblait s’embrouiller, faisant résonner le tout d’une façon un peu cacophonique. On a compris ensuite que le groupe a connu d’importants problèmes techniques durant toute la soirée, cela les empêchant même de jouer certaines de leurs chansons.

On comprend combien ce genre de désagréments peut être déstabilisant pour les interprètes, mais le problème n’était pas que là. Leur côté plus rock sur scène, et disons-le surtout rock progressif, avec des claviers répétitifs qui devenaient rapidement irritants et des tounes qui n’en finissaient plus, a fini par lasser le public. À certains moments, le groupe avait l’air de bien triper sur scène, mais le courant ne passait pas trop dans la salle, qui a vu des gens quitter dès le mi-concert… C’est souvent le cas avec de la musique prog plus ou moins maîtrisée: les artistes en profitent plus que l’auditoire. La surabondance d’orchestration et d’instruments (un clavier, un synthé, de la trompette en plus de la guitare, basse et batterie) n’a rien ajouté à la musique de Knight, qui disparaissait dans ce magma musical. Et la voix de l’artiste, bien que jolie et juste, n’est pas des plus originales. Il en va de même pour ses compositions.

Vers la fin du spectacle, Aidan Knight a fait un retour aux sources, seul à la guitare, avec son folk intimiste accompagné de trompettes par moments et, là, déjà, on retrouvait l’essence de sa musique et un son plus personnel. Mais il était peut-être trop tard pour son rendez-vous avec le public montréalais, peu de gens sont restés pour le rappel.