«À la découverte de…» Aurore Biry, artiste pluridisciplinaire

1. D’où est née ta passion pour la photographie et qu’utilises-tu comme équipement?

«J’ai toujours eu un appareil avec moi en tant que «gardien de souvenirs». J’aimais collectionner de belles images et jouer avec la lumière».

«Étant danseuse, je me suis retrouvée à un moment de ma vie où mon corps s’était transformé en machine à exécuter. J’ai voulu prendre du recul et je me suis tournée vers la photographie pour retrouver un moyen de m’exprimer dans mes créations à travers un autre médium artistique. Ça représentait pour moi le défi de reprendre le contrôle et de me retrouver avec moi-même, dans l’ombre, loin des projecteurs de la scène et des plateaux télévisés.»

«J’ai été happée par ce nouveau milieu. Je voulais toucher à tout et développer au maximum ma maîtrise technique. J’ai consacré beaucoup de temps à cela. Je recherchais les difficultés, qui étaient prétextes à l’apprentissage. Ma passion pour l’art visuel a clairement grandi en même temps que mes capacités à créer exactement l’image que je voulais montrer…»

«Niveau matériel, je fonctionne uniquement au numérique, et plein-format. J’évite au maximum les flashs et autres éclairages ajoutés, car j’aime jouer avec la lumière ambiante. C’est un peu une signature.»

«Je cherche es outils les plus malléables possible, car je voyage beaucoup et j’aime m’investir physiquement dans la création d’images».

2. Quand as-tu commencé ta collaboration à la Bible urbaine et qu’est-ce que cette aventure t’a permis de réaliser?

«J’écris énormément. Des critiques, mais aussi des récits et des textes un peu plus lyriques».

«J’étais en train de songer à un cadre dans lequel pratiquer plus régulièrement lorsque j’ai vu une annonce de la Bible urbaine recrutant des rédacteurs. Tout s’est enchaîné rapidement. Je ne regrette pas. Ça a l’air d’être une belle équipe. Et le feeling est tout de suite bien passé.»

«Dans ma vie quotidienne, je suis régulièrement amenée à conseiller d’autres artistes, alors je prends plaisir a mon rôle de critique de danse».

«Depuis que je suis photographe; les festivals, concerts, spectacles et évènements sont des lieux dans lesquels j’ai depuis longtemps dépassé la centaine de reportages, alors j’y suis très à l’aise.»

3. Fais-toi aller la mémoire et raconte-nous une anecdote croustillante qui te rappelle une séance photo dont tu te souviendras bien longtemps.

«Il y en a plein. Chaque séance est particulière. Ce sont plus des moments que je retiens».

«Par exemple, un jeune acrobate complètement pris dans le jeu créatif, et dépassant ses limites, qui s’écrie: «Je me sens tellement artiste, là!», un autre qui, voyant le résultat, me dit: «C’est la première fois que quelqu’un me voit vraiment tel que je suis»… Une mannequin professionnelle, déstabilisée par ma manière d’attendre qu’elle quitte ses poses habituelles de modèle pour aller chercher qui est la jeune femme derrière…»

«Mon petit neveu qui se prête complètement au jeu de personnage lorsque je crée des mises en scène. Il n’hésite pas à me suivre et à faire de son mieux même lorsque je suis difficile…»

«Je cherche toujours à capturer l’intime. J’ai beaucoup d’empathie pour mes modèles, car j’ai conscience du pouvoir qu’ils me donnent dans le fait de créer une image les représentant. Mon devoir est donc à la fois de les pousser à se dépasser et se dévoiler, mais aussi de les protéger d’une certaine manière. J’ai un instinct protecteur quand il s’agit de montrer l’authenticité.»

«Dans un registre plus drôle; j’ai eu une période durant laquelle je m’intéressais à créer des univers surréalistes. J’imaginais plusieurs tableaux et je m’entourais d’une équipe pour créer costumes, accessoires, maquillages… Nous avons voyagé dans plusieurs régions de France pour les réaliser. L’un d’eux a impliqué que je me retrouve avec mon chat sur l’épaule, dans les vagues sauvages de l’océan Atlantique…»

4. À part prendre des photos lors d’évènements culturels, qu’est-ce qui te motive le plus en termes de projets en parallèle?

«Je suis artiste pluridisciplinaire. Mes voyages constants, ces deux dernières années, et l’impossibilité récurrente de pouvoir pratiquer professionnellement ont été un cadeau… Durant ces périodes, pour des raisons de visa, je n’ai eu d’autre choix que de refuser les contrats en tout genre.»

«Cela m’a permis de me concentrer sur mes propres projets créatifs. Sortir mon appareil photo devait être en vue de mon propre plaisir, dans un but de recherche à me définir en tant qu’artiste, en tant qu’humain… Et donner corps à mes idées, mes intuitions.»

«J’ai recentré m’a photo autour de la danse, m’en servant comme outil de réflexion. Ma caméra s’est transformée en pont entre les différents domaines artistiques…» Je fais de la vidéodanse, je danse, j’écris, je fais de la recherche autour du processus créatif…»

«Pour moi, les arts sont profondément liés. C’est une réalité qu’il est encore difficile d’affirmer tout haut en France. C’est donc devenu un combat pour moi de prouver le contraire. J’ai initié de nombreux projets qui rassemblent artistes de toutes disciplines (cirque, musique, art plastique, danse, cinéma…) Ils font tous implicitement partie de ce plaidoyer.»

«Chacune de mes créations est une affirmation du caractère réaliste, et non utopique, d’un art assoiffé de curiosité, d’envie de montrer le lien entre toutes choses et de dire: «Tout ce que tu veux vraiment est réalisable».

5. Dans un monde idéal, si tu pouvais réaliser le projet créatif le plus éclaté possible, quel serait-il? Soyons fous!

«J’aimerais organiser des évènements qui lient la performance physique et l’art visuel.»

«Des évènements où l’on pourrait retrouver tous les artistes avec lesquels j’ai collaboré… Je suis souvent exigeante dans ce que je fais avec eux, mais j’ai une profonde admiration et beaucoup d’affection pour chacun. Ils sont souvent trop peu reconnus alors qu’ils sont extraordinaires. Je me sens très chanceuse de pouvoir les avoir pour muses au quotidien.»

«D’un point de vue moins personnel, je commence actuellement un projet qui a pour but de remettre en question certaines habitudes dans le milieu de la danse en France. Ça leur paraîtra sûrement «un peu fou», mais je suis convaincue de la nécessité de le faire… Et je ne suis pas la seule! La place de l’art est très importante dans une société et la qualité de l’environnement des artistes est essentielle pour permettre à la créativité d’émerger. C’est là un «monde idéal» auquel je crois entièrement et grâce auquel chacun gagnerait.»

«J’invite chaleureusement les professionnels de la danse, français et internationaux, à y faire entendre leur voix».

Suivez son actualité en direct de son site officiel. Pour découvrir notre série hommage aux photographes de Bible urbaine, consultez le lien suivant: labibleurbaine.com/a-la-decouverte-de…