«The Hurry and the Harm» de City and Colour – Bible urbaine

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«The Hurry and the Harm» de City and Colour

«The Hurry and the Harm» de City and Colour

Une force tranquille

Publié le 17 juillet 2013 par Emmy Côté

Crédit photo : Dine Alone

Depuis 2005, Dallas Green – alias City and Colour - se laisse porter allègrement, le vent dans les voiles. Son premier LP, Sometimes (2005), a remporté le Juno de l’album alternatif de l’année en 2006, tandis que ses parutions ultérieures, Bring Me Your Love (2008) et Little Hell (2011) ont confirmé sa popularité sur la scène musicale canadienne. The Hurry and the Harm coïncide avec le démembrement de son band post-hardcore de longue date, Alexisonfire (2001-2012), et Green a voulu réaliser un album honnête. Touché. L’artiste torontois n’a pas raté la cible.  

Réalisé par Alex Newport (Bloc Party, The Mars Volta) et soutenu par une équipe estimable (notamment Jack Lawrence, bassiste de Dead Weather et de The Raconteurs, Matt Chamberlain, ancien batteur de Pearl Jam, Bo Koster, claviériste de My Morning Jacket), le dernier opus est une collection de morceaux paisibles aux nuances subtiles et appréciables, brillamment révélés par le falsetto caractéristique de Dallas Green. Le chanteur-compositeur offre un album à la fois authentique et tranquille en parfait accord avec ce qu’on connaît déjà de City and Colour. La prudence, voilà la voie empruntée pour ce quatrième album.

City and Colour offre un cocktail pop-rock au filon de folk qui réussit bien. Une finition sonore, claire et davantage léchée, distingue The Hurry and the Harm des parutions antérieures. Les guitares électriques chevauchent le jeu acoustique de Green, les sons du clavier planent occasionnellement au-dessus des états d’âme du chanteur alors que les percussions s’emballent toujours doucement sur la ligne musicale. Les notes délicates s’unissant superbement, la trame de cinquante minutes s’avère discrète, agréable et reposante.

«The Hurry and the Harm» ouvre l’album de façon mélodieuse. Son air de miel dissimule pourtant une question amère qui annonce déjà les couleurs plus grises que pastelles du chanteur: «But why are we so worried about the hurry and less about the harm? / Always trying to conquer that which does not offer anything more than a broken heart». Sur son album, City and Colour explore avant tout les thèmes de l’errance, de l’espoir et de la recherche (presque vaine) du bonheur. La cinquième chanson, «Paradise», s’abandonne à la même dynamique que le morceau d’introduction, or son refrain plaît encore plus immédiatement. D’ailleurs, il existe une étonnante similarité entre sa qualité entraînante et «Sleeping Sickness», le deuxième single de Bring Me Your Love.

Un peu plus loin, «Thirst», de par son rythme saccadé et ses guitares pesantes, tranche sur la texture soyeuse de l’ensemble. Green y dévoile un visage impitoyable: «But after I’m gone / Once I finally leave / You will be left alone / To the wolves and the thieves». Mais, la férocité de City and Colour ne dure pas, c’est ultimement son désarroi qui atteint un apogée sur «Death’s Song», la dernière chanson. Le cri du cœur ne laisse pas de marbre. Au moment d’écrire cette pièce, Green affirme qu’il s’interrogeait à propos d’un avenir après la musique – qu’adviendrait-il de lui? – les bands n’existent pas éternellement. On se doute que la disparition d’Alexisonfire ait inspiré chez lui cette grande sensibilité…

L’enchaînement des pièces forme un tout intéressant, mais on ne qualifierait pas celui-ci de transcendant. Souvent, on aurait souhaité davantage de pédale d’acier pour une dose de folk améliorée ou encore des batteries vives, voire alarmantes. De surcroît, si on aime le chant de Dallas Green, que l’on compare parfois à celui de Justin Vernon (Bon Iver), on déplore que sa voix sucrée à l’os ne descende pas quelques fois d’une tonalité. Sur «Commentators», l’une des compositions maîtresses, City and Colour chante «I don’t wanna be a revolutionnary». Enfin, ne réalise-t-il pas que c’est au contraire ce qu’on apprécierait, un peu plus d’aplomb et de contradictions? Qu’à cela ne tienne, The Hurry and the Harm demeure un bon album à visiter.

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