Peter Peter: du Noir Éden à la grande fenêtre…

L’errance fantasmatique du chanteur

Alors que le succès d’Une version améliorée de la tristesse bat son plein au Québec, Peter Peter se voit offrir l’opportunité d’aller le présenter au grand public en France. Lui qui rêve d’une vie toute en intensité et de sortir de sa zone de confort à travers le voyage, saisit l’occasion au vol. Une fois arrivé à Paris, il expérimente un quotidien pour le moins chaotique et riche en expériences: «J’avais des apparts, je ne dormais quand même pas sur des canapés même si c’est arrivé quelquefois à certaines périodes. Je vivais dans des valises; j’avais toujours rêvé de ça, sans trop d’attaches, mais je me suis rendu compte que j’avais plus un fantasme de ça», nous confie le chanteur. Au final, cette période s’avère enrichissante, mais pas nécessairement très productive pour l’auteur-compositeur en lui qui semble perdre son inspiration au milieu de cette aventure. «Ça a fini par me vider puisque je ne pouvais pas écrire. Je ne garde pas de mauvais souvenir de cette vie plus décousue, mais c’est avec une vie plus rangée que j’y arrive», ajoute-t-il.

Une grande fenêtre à Paris

Peter Peter décide alors de s’établir dans un petit appartement parisien, avec une grande fenêtre qui lui donne un sentiment de liberté, et qui fait couler sa créativité. Il s’y enferme pendant des jours entiers, seul. Il prend tout en main dans la production de l’album: paroles, musique et arrangements inclus. Même les jours où l’inspiration ne paraît pas être au rendez-vous, il tente des directions sur ses claviers, ce qui, parfois, finit par faire apparaître des «petits miracles» en fin de journée, alors que lui-même ne s’y attendait pas. C’est ce qui arrive pour sa chanson «Damien»: «Je croyais avoir terminé ma journée, il était 18h30-19h. J’avais commencé à faire des loupes avec mes machines, mes pianos, et puis je me suis rendu compte que ça donnait quelque chose de bien, qu’il fallait que j’écrive un texte. Je l’ai fait dans les 15 minutes et j’ai enregistré la voix tout de suite», explique-t-il avec un certain enthousiasme.

L’introspection comme moteur de création

Petit à petit, les nouvelles chansons se multiplient, laissant entrevoir l’album Noir Éden. Les sonorités électroniques caractérisent indéniablement cette dernière création, même s’il avoue que les inspirations musicales des différents titres donnent lieu à un assemblage assez différent. Il passe, par exemple, d’un style club house au début du disque, pour aller vers quelque chose d’opéra rock, style années 80, à la fin, tout en passant par des chansons gospel. «Je me disais que ce qui allait faire la cohésion, au final, c’était plus la trame narrative que des textures homogènes. Ce sont toutes mes époques réunies ensemble, cet album», nous dit-il pour décrire l’opus. Il ajoute également que ses mélodies sont toujours empreintes de mélancolie, sentiment qu’il veut aborder de façon cryptée et imagée dans ses textes pour laisser une grande liberté d’interprétation à l’auditeur. Il pense que pour être le plus juste possible, il doit appréhender l’écriture à travers un réel travail d’introspection.

Ce qui l’amène naturellement à définir Noir Éden comme une «ode à la solitude», miroir de cet isolement nécessaire pour aller chercher ses sujets le plus en profondeur possible.

Le «créateur solitaire» en Peter Peter est maintenant prêt à s’ouvrir à nouveau au public et à partager ses nouvelles chansons, sur scène, avec les spectateurs québécois, soit à Trois-Rivières et Québec, respectivement les 11 et 12 mars prochains, à la Salle Louis-Philippe-Poisson et au Cercle.