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Crédit photo : drownedinsound.com et www.facebook.com/saulwilliams
Originalement connu en tant que poète au cours des années 1990, Williams a su attirer l’attention de plusieurs artistes dont Zach de la Rocha de Rage Against the Machine, alors qu’il remporte de nombreuses compétitions de slam lors de cette période. Admirateur sans borne de Tupac, il décide de faire le saut et de mettre ses textes en musique au tournant des années 2000. Après quatre albums démontrant un potentiel certain mais aux résultats souvent mitigés, MartyrLoserKing est peut-être la première œuvre satisfaisante que l’on puisse se mettre sous la dent.
Et Saul Williams, bien qu’étant bien avancé dans la quarantaine, n’a pas peur de montrer les dents. En commençant par la facture musicale assez musclée variant sur l’électro, le rock, l’industriel, le jazz, le hip-hop et la musique tribale africaine. C’est que Williams a jadis fait la première partie d’artistes comme Nine Inch Nails et The Mars Volta, alors il puise son inspiration dans un son plus écorché qui donne un mordant à des textes déjà teintés de colère.
Parlant de colère, elle est palpable sur plusieurs pièces, notamment sur «Think Like They Book Say», qui fustige les livres qui dictent une manière de penser et de voir les choses, des livres sacrés jusqu’à Vogue: «They cannot imagine if they do not see it in a book / Even when they see it it’s their book that tell them how to look», rappe-t-il passionnément. Sur «Ashes», Williams reprend le refrain d’une chanson du groupe post-hardcore At the Drive-In, «Invalid Litter Dept», pour y aller d’un exposé sur les décideurs du monde qui piétinent sur la majorité pour creuser l’écart entre les riches et les pauvres. On sait que Williams se dresse contre le 1% et a assurément «occupé Wall Street» il y a quelques années.
Le meilleur moment vient indubitablement avec «Burundi», une attaque contre l’establishment qui rendrait plusieurs groupes punks jaloux de par sa furie et de son intensité. «There ain’t no security / I’m hacking through your hard drive», lance un Williams agité. D’ailleurs, l’album exploite souvent l’idée que les pirates informatiques sont les futurs vrais révolutionnaires, le terme «MartyrLoserKing» étant un pseudonyme informatique d’un hacker s’attaquant à plusieurs cibles de choix.
Bien que l’album s’essouffle un peu lors de la deuxième partie et qu’un peu plus de chansons accrocheuses auraient peut-être été de mise, MartyrLoserKing représente un pas dans la bonne direction et sera probablement un des bons albums de l’année 2016, toutes catégories confondues.
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Par drownedinsound.com et www.facebook.com/saulwilliams
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