MusiqueLes albums sacrés
Crédit photo : Epic
À l’avant des projecteurs depuis l’âge de cinq ans, Jackson était déjà un vétéran de l’industrie lorsqu’il est entré en studio pour enregistrer Thriller, et ce, malgré ses 23 ans.
Son album précédent, Off the Wall, avait marqué un changement de direction. Alors que ses premiers efforts solos, ainsi que ceux sortis avec les Jackson 5, avaient été produits par Motown, cet opus était son premier à paraître sous l’étiquette Epic.
Et pour la première fois, il avait carte blanche au niveau créatif.
S’il a reçu un excellent accueil, tant au niveau critique que commercial, le monde de la musique avait déjà évolué lorsqu’est venu le temps d’enregistrer Thriller. Le son disco d”Off the Wall n’était plus au goût du jour, pour ne pas dire «détesté» par la plupart des gens.
Michael Jackson a donc pris une tout autre direction qui a changé la musique pop à jamais.
«I said you wanna be startin’ somethin’, you got to be startin’ somethin’»
Malgré les quelque dix millions de copies vendues et les critiques favorables pour Off the Wall, Jackson ne se sentait pas apprécié à sa juste valeur. Le magazine Rolling Stone aurait refusé de le mettre en page couverture, prétextant que les artistes de couleur ne vendaient pas assez de copies, et lui, il considérait qu’il aurait dû gagner le Grammy de l’album de l’année (il n’avait même pas été nommé).
Afin de remédier à la situation, il s’est donné comme défi de créer un disque où chaque chanson serait un hit.
Lorsqu’il est entré en studio avec Quincy Jones, avec qui il avait enregistré Off the Wall, le duo a décidé que, pour se distancier du disco, tout était permis. On retrouve donc sur l’opus des influences post-disco, pop, R&B, rock, world music et même funk.
La chanson d’ouverture, «Wanna Be Startin’ Somethin’», donne le ton. Basé sur un rythme complexe et hyperactif avec des cuivres distincts, Jackson y chante de façon beaucoup plus agressive que jamais auparavant.
Les paroles, aussi, sont beaucoup plus sombres et torturées.
«Showin’ how funky and strong is your fight, It doesn’t matter who’s wrong or right»
Après «Wanna Be Startin’ Somethin’», «Baby Be Mine» est suivie par «The Girl is Mine», un duo avec nul autre que Sir Paul McCartney! La pièce n’a rien de révolutionnaire, mais le charisme de ses deux protagonistes, s’obstinant l’un et l’autre pour l’affection d’une demoiselle, lui insuffle une grande dose de charme, particulièrement lors du coda parlé.
Vient ensuite le cœur de l’œuvre, avec les trois plus grands succès de l’artiste. Tout d’abord, la chanson-titre, «Thriller», dont le vidéoclip a révolutionné le médium, en plus de devenir, avec le temps, un incontournable des fêtes d’Halloween. Elle est suivie par «Beat It», la chanson la plus rock de l’album (avec son solo inoubliable, une gracieuseté d’Eddie Van Halen). Et pour clore le tout de belle façon, «Billie Jean», l’une des meilleures chansons pop de tous les temps.
Si le disque en entier vaut le détour, cette salve de mega-hits contribue grandement à l’élever au rang de chef d’oeuvre, et d’ailleurs, leur position au milieu du disque n’est sans doute pas tout à fait fortuite.
«For no mere mortal can resist the evil of the thriller»
Même après ce trio, on n’est pas en reste alors que «Human Nature» est l’une des plus belles et marquantes ballades du chanteur et a influencé le R&B durant les années qui ont suivi, alors que la très entraînante «P.Y.T. (Pretty Young Thing)» est ce qui se rapproche le plus d’Off the Wall, avec ses accents funk et post-disco.
Force est d’admettre que Michael Jackson a réussi son pari de sortir un album rempli de hits, alors que sept des neuf morceaux de Thriller se sont hissés dans le top 10 du palmarès Billboard.
Et ces succès sont toujours aussi efficaces 40 ans après sa sortie! Il est impossible de ne pas se mettre à danser lorsqu’on les entend (ou du moins de taper du pied si on se trouve dans un endroit plus formel). Et surtout, force est d’admettre qu’on ressent toujours, encore aujourd’hui, son influence au sein de la musique pop actuelle.