«Les albums sacrés»: le 50e anniversaire de «Bringing It All Back Home» de Bob Dylan

Le meilleur exemple de cette transformation survient au tout début du deuxième côté, avec la chanson «Mr. Tambourine Man». Bien que Dylan ait régulièrement mentionné que la chanson n’avait aucun rapport avec la consommation de drogues, il s’agit tout de même de l’une des premières chansons psychédéliques à être adoptée par les hippies de San Francisco, notamment à cause de ses références aux hallucinations et aux expériences sensorielles. Le groupe The Byrds en fera une merveilleuse reprise plus tard la même année et la chanson atteindra le sommet des palmarès aux États-Unis et en Angleterre.

Le plus épatant dans le nouveau style de Bob Dylan, c’est qu’il réussit à conserver son côté chroniqueur social en le mélangeant avec des pensées profondes et des monologues intérieurs. Le politique rejoint le personnel et le poétique. Rien n’est plus vrai que sur l’incroyable «It’s Alright, Ma (I’m Only Bleeding)», où il partage ses états d’âme sans se censurer, sachant très bien le risque qu’il prend en adoptant cette approche plus périlleuse: «And if my thought-dreams could be seen / They’d probably put my head in a guillotine / But it’s alright, Ma / It’s life and life only».

Dylan poursuivra sur sa lancée avec deux autres albums tout aussi géniaux: Highway 61 Revisited (1965) et le double Blonde On Blonde (1966). Il s’agit de l’équivalent de quatre albums majeurs en l’espace d’environ seize mois. Aucun autre artiste, il me semble, ne peut rivaliser avec un tel accomplissement. Même pas les Beatles. Bringing It All Back Home marque le début d’une période extrêmement riche et prolifique dans l’immense et incomparable œuvre de Bob Dylan.

Prochaine chronique à surveiller le 30 avril prochain: l’album «3» du groupe français Indochine. Consultez nos chroniques précédentes en suivant le lien suivant: labibleurbaine.com/Les+albums+sacrés.