MusiqueLes albums sacrés
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Généralement armé de sa guitare acoustique et de son harmonica, l’auteur-compositeur extraordinaire entame l’album non pas avec une chanson folk conventionnelle comme il avait l’habitude de le faire, mais bien avec une pièce où tout un groupe rock n’ roll joue avec lui. «Subterranean Homesick Blues» devient le plus gros succès de Dylan (encore plus que «Blowin’ in the Wind» ou «The Times They Are A-Changin’»), mais plusieurs sont confus par sa nouvelle direction. Tellement confus que bon nombre de ses fans lui réserveront des huées lors d’une légendaire prestation au Newport Folk Festival un peu plus en tard cette même année.
https://vimeo.com/72540087Mais Dylan n’est pas un sauveur ou un prophète, il a plutôt envie de s’éclater et de jouer du rock n’ roll. D’ailleurs, cette première pièce du disque voit le chanteur à la voix nasillarde délivrer ses paroles de façon particulière: il fait une narration syncopée de ses rimes en suivant le rythme de son band. Certains prétendent encore aujourd’hui que la chanson a eu une influence importante pour le rap. La célèbre vidéo montre l’artiste faire défiler des cartons avec les mots formant le texte de la pièce. On y aperçoit le poète beatnik Allen Ginsberg tout bonnement en arrière-plan. Le concept inspirera sans doute Dédé Fortin pour la chanson «Bonyeu» des Colocs» dans les années 1990.
Bringing It All Back Home est volontairement divisée en deux parties. La première moitié présente des morceaux plus rock, où Dylan lance quelques flèches aux traditionalistes de la folk music, notamment sur «Maggie’s Farm» (reprise trente ans plus tard par Rage Against the Machine) et «Outlaw Blues». Pour la deuxième moitié, il retourne à sa guitare acoustique et son harmonica, mais dans un style radicalement différent de ses compositions folk usuelles: son écriture est beaucoup plus abstraite, surréelle et imagée. Ses perceptions sont dorénavant plus larges qu’avant.