MusiqueL'épopée musicale de
Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook d'Antoine Gratton
5. Montréal Motel (2003)
Sur ce premier effort, le jeune auteur-compositeur-interprète tente de faire sa marque dans le paysage musical québécois en offrant une musique mélangeant folk et funk avec des tonalités jazz.
On y trouve autant des influences de Motown que de groupes québécois phares tels que Harmonium et Beau Dommage. L’artiste y va d’ailleurs d’une reprise assez réussie de «Ma blonde m’aime» de Pierre Bertrand.
Excellent musicien aux talents multiples, Gratton maîtrise autant le piano, que les guitares, les claviers, la basse, et il y va même de quelques pas de claquettes à l’occasion!
La pièce-titre se démarque particulièrement du lot avec son refrain bilingue très accrocheur. «Cours ma belle», «Les filles universitaires» et «2h16» constituent également des moments forts sur cet album. Malheureusement, l’œuvre reste plutôt inégale, et certains titres sont rapidement oubliables.
Si Montréal Motel est un album agréable à écouter en soi, il n’offre rien de transcendant. Mais le meilleur restait à venir!
4. A*STAR Is My Name (2014)
Il s’agit, à ce jour, du dernier opus du chanteur, et il n’a même pas été lancé sous son vrai nom en plus! Pour ce projet anglophone, Gratton a choisi le pseudonyme A*STAR, un clin d’œil à l’étoile qu’il portait au visage depuis quelques années.
Au-delà de ce changement linguistique pour l’artiste, l’opus A*STAR Is My Name est, musicalement parlant, bien différent de ses œuvres précédentes. Alors qu’Antoine Gratton nous avait habitués à son statut de caméléon jusqu’à présent, notamment en s’offrant la liberté de ratisser large, on a droit ici à une sonorité pop-funk constante, et ce, tout au long de l’album.
Or, si la production est léchée et riche en termes d’instrumentation, on perd un peu de la spontanéité et de la sincérité que l’on retrouve dans les compositions francophones de Gratton.
«Brother to Me» et «Dodging Teardrops» sont les meilleurs moments de l’album qui, somme toute, s’écoute relativement bien d’un bout à l’autre, sans être exceptionnel. On y retrouve aussi un disque bonus sur lequel A*STAR Is My Name est repris dans son intégralité avec le quatuor à cordes Orphée.
Ça vaut le détour.
3. La défense du titre (2011)
Faisant suite au très ambitieux Le problème avec Antoine, paru deux ans plus tôt, La défense du titre n’offre toutefois pas la même grandiloquence que ce dernier. Et ce n’est pas pour autant un retour en arrière, alors que la palette avec laquelle l’artiste peint son œuvre se rapproche plus de celui-ci que de Montréal Motel ou encore Il était une fois dans l’est.
Comme son prédécesseur, La défense du titre est très éclectique; Gratton se lâche lousse dans la pop («New York City»), le rock («Superami»), la ballade («Pinte de rousse»), le funk («80’s party»), avec quelques interludes instrumentaux çà et là. La liste des collaborateurs inclut entre autres le supergroupe électro-pop Valaire, de même que les Petits chanteurs du Mont-Royal.
Évidemment, on peut se perdre à travers tous ces changements de cap au début, mais après quelques écoutes, la qualité du matériel ne fait aucun doute. Les arrangements des cordes sont particulièrement réussis et illuminent les moments les plus vulnérables de l’album.
Sans être à la hauteur des deux premières positions de cette liste, La défense du titre est un incontournable au sein de la discographie du chanteur.
2. Le problème avec Antoine (2009)
Avec cet opus, on a droit ici à un album concept tournant autour des cinq sens. À l’ère numérique actuelle, ce n’est plus un élément aussi important, mais la pochette, dans laquelle chacun des morceaux est illustré sur une carte postale aux allures d’une bande dessinée, est tout simplement magnifique.
Il s’agit probablement de l’œuvre la plus achevée, musicalement parlant, d’Antoine Gratton. C’est un vrai trip de musiciens, mais qui demeure accessible à tous, grâce à la force mélodique des pièces.
Il y en a pour tous les goûts, mais je retiens particulièrement les très groovy «Malàlavie» et «500 000 Miles», ainsi que les plus délicates «Hey Hey» et «La dernière fois». Ailleurs, «Sweet Edie» est un pur moment de plaisir, alors qu’«En paix», beaucoup plus sérieuse, est l’une de ses plus belles compositions écrites.
Le deuxième disque, inclut avec cet album, contient la pièce instrumentale de 30 minutes «La Solution». Cela reste un ajout intéressant dans la continuité du concept de cette œuvre, mais ce n’est pas un morceau qu’on va écouter à répétition.
1. Il était une fois dans l’est (2006)
Alors que les excellents Trompe-l’œil de Malajube et La forêt des mal-aimés de Pierre Lapointe faisait beaucoup jaser la même année, c’est plutôt le deuxième opus d’Antoine Gratton qui est ressorti gagnant de la soirée des Juno, en 2007, dans la catégorie de l’album francophone de l’année.
Même s’il ne faut pas accorder trop d’importance à ces prix, cette reconnaissance amplement méritée démontre néanmoins la qualité indéniable de cette œuvre de l’auteur-compositeur-interprète.
L’évolution entre Montréal Motel et ce deuxième opus est carrément prodigieuse. Malgré quelques belles promesses sur son premier effort, on ne pouvait se douter que l’artiste nous présenterait une œuvre presque parfaite pour son second!
Il n’y a aucun mauvais moment ici. Les mélodies sont accrocheuses, les textes, bien ficelés, la production, quant à elle, sert admirablement les chansons, et l’enchaînement a été séquencé de manière exemplaire, je n’ai pas de meilleur choix de mot.
Chaque pièce vaut le détour, mais «En noir et blanc», «Tous les jours», «Carole à gogo» et, surtout, la sublime «Dans les yeux de Françoise» se démarquent de l’ensemble.