«L’épopée musicale de…» Stefie Shock, pour combattre le spleen – Bible urbaine

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«L’épopée musicale de…» Stefie Shock, pour combattre le spleen

«L’épopée musicale de…» Stefie Shock, pour combattre le spleen

Le dandy de la pop québécoise, de l’imparfait au plus-que-parfait (ou presque)

Publié le 28 mars 2022 par Jean-Benoit Perras Nolet

Crédit photo : Tous droits réservés @ Page Facebook de Stefie Shock

C’est en 2000 que Stefie Shock est débarqué sur la scène musicale québécoise avec une dégaine bien à lui. Initialement comparé à Serge Gainsbourg, notamment en raison de sa voix singulière, il a rapidement su créer sa propre place dans le paysage culturel. Des rythmes dansants, une voix grave et chaude, ainsi que des textes verbeux sont tous des éléments qui ont contribué à créer la signature de Stefie Shock tel qu’on le connaît. En 2020, il lançait la compilation «Presque tout, vol. 1», qui propose des morceaux de ses vingt premières années de carrière. Mais force est d’admettre que chacun de ses opus vaut le détour. Voyons dans quel ordre se classent ses œuvres! 

7. «Avant l’aube» (2014)

Précisons d’emblée que la discographie de Stefie Shock ne contient pas vraiment de navets. Mais malheureusement, dans ce type de liste, il y a toujours un album qui doit occuper la dernière position, et dans ce cas-ci, c’est Avant l’aube.

L’opus démarre pourtant sur les chapeaux de roue avec le doublé «Coups de fusil» et «Want You to Want Me» qui est très groovy. Mais par la suite, le rythme se perd dans des titres plus sombres que ce à quoi l’artiste nous a habitués.

Ce n’est pas nécessairement un défaut en soi, mais on a l’impression que ça empêche l’album de prendre son erre d’aller: quand on croit s’offrir une séquence plus dansante, notre élan se trouve freiné par un moment plus introspectif.

Mais au final, et après quelques écoutes, on s’y fait et on apprécie l’ambiance plus nocturne et personnelle proposée par Shock. Bien qu’agréable, Avant l’aube n’est toutefois pas son effort le plus mémorable, vous l’aurez deviné.

6. «12 belles dans la peau: Chansons de Gainsbourg» (2016)

Depuis le début de sa carrière, Stefie Shock s’est attiré, comme je le mentionnais précédemment, les comparaisons avec Gainsbourg. Pour bon nombre de ses fans, cet hommage n’est donc pas vraiment une surprise… Et c’est seulement après beaucoup d’insistance de la part de certains proches que l’auteur-compositeur a finalement succombé à la tentation.

Pour éviter d’être trop prévisible, l’artiste s’est entouré de douze belles, comme l’indique le titre de l’album, pour interpréter les textes du monument français en bonne compagnie. Ainsi, une brochette de chanteuses et de comédiennes de divers horizons y a participé, ce qui donne, comme beaucoup de disques collaboratifs, un résultat par moments inégal. En effet, certains duos font mouche plus que d’autres, mais autrement, la performance d’Anne Dorval sur «Je suis venu te dire que je m’en vais» est particulièrement touchante, alors que celles de Laurence Nerbonne sur «Comment te dire adieu» et de Fanny Bloom sur «L’anamour» sont particulièrement remarquées. 

Bien sûr, s’attaquer à une figure aussi mythique que celle de Serge Gainsbourg est un pari audacieux, mais Stefie Shock en ressort la tête haute. Ce n’est certes pas un album classique comme ont pu l’être ceux du grand Serge, et certains snobinards pourraient lever le nez et critiquer vivement cet effort, mais ils ne feraient que bouder leur plaisir, car cela reste une écoute fort agréable qui rend justice au matériel d’origine.

5. «Le fruit du HASARD» (2019)

Le fruit du HASARD est sans doute l’opus qui représente le mieux l’univers musical de Stefie Shock. De fait, on y retrouve la panoplie de styles musicaux qu’il a explorés à travers sa carrière, que ce soit l’électro, la musique latine, le reggae, la chanson française et la pop radiophonique. Les cuivres, les échantillonnages, les reprises… tout ce qui a fait le succès de l’artiste s’y retrouve!

Ce melting-pot aurait pu rendre le microsillon totalement inégal, mais il s’avère pourtant très bien ficelé.

L’auteur-compositeur-interprète nous entraîne avec lui dans sa conception bien personnelle de la pop, que ce soit sur «AS-TU DEUX MINUTES», construite autour d’un échantillon de Pauline Julien «RASPBERRIES», avec son beat digne de la musique house, ou encore «SIMPLEMENT, DOUCEMENT», une reprise francisée et musicalement fidèle à l’originale du classique «Heart and Soul» de Hoagy Carmichael.

4. «La mécanique de l’amour» (2011)

Parmi tous les efforts du chanteur montréalais, les deux qui se ressemblent le plus sont La mécanique de l’amour et Avant l’aube. Alors que je soulignais l’inégalité d’Avant l’aube ci-haut, La mécanique de l’amour est, quant à lui, beaucoup plus cohésif. On y trouve en effet un bel équilibre entre les rythmes dansants, comme le simple «Un jour sur deux», et les chansons plus planantes, dont «Nénuphar». 

Les textures électroniques et les instruments traditionnels y sont également bien balancés. La preuve, tout au long du disque, ça groove à souhait, et ce, même lorsque les paroles sont plus sombres.

Sans être son album le plus marquant, La mécanique de l’amour est une solide entrée dans la discographie du chanteur.

3. «Presque rien» (2000)

Arrivé dans les bacs il y a de cela 22 ans, il faut admettre que cet opus détonnait solidement dans le paysage musical local à l’époque. Alors que les sonorités électroniques occupent une place de choix chez les artistes québécois de nos jours, des chansons comme «Rébarbatives» ou «Je combats le spleen» ne fusaient pas sur les ondes radiophoniques au tournant du siècle!

Certains, au tournant de l’année 2000, ont comparé Shock à Gainsbourg ou encore à Daho, alors que d’autres ont souhaité tisser des liens avec Leloup. Si ce sont toutes des influences certaines sur cette œuvre, on les oublie bien vite pour s’abandonner à la pop ingénieuse de l’artiste, qui est très recherchée, tant au niveau des textes que de la musique.

Bien que Presque rien n’ait pas été l’album de la consécration lors de sa parution, il a définitivement donné le ton pour la suite à venir.

2. «Le Décor» (2003)

Si Presque rien invitait à danser, Le Décor, quant à lui, incite à chanter (tout en continuant à se déhancher, bien entendu!) Les chansons présentes sur cet opus sont de véritables vers d’oreilles et, même plusieurs années plus tard, on peut encore tous fredonner les paroles d’«Un homme à la mer», de «L’Amour dans le désert» ou bien de «Tout le monde est triste».

Pourtant, ce n’est pas uniquement en voguant sur la vague de ces succès que Le Décor atteint la deuxième position de notre palmarès. La chanson-titre ouvre l’album de façon réellement magnifique, mettant immédiatement à l’avant-plan l’atmosphère latine de l’effort, bien différente de Presque rien

La reprise de «Pas assez de toi» de Mano Negra est d’ailleurs excellente, et «Le pied dansant», une adaptation de «Guaglione» de Fianciulli, conclut quant à elle parfaitement l’album.

C’est une œuvre impeccable qui, même si l’on sent qu’elle a été travaillée dans les plus infimes détails, reste spontanée et festive.

1. «Les Vendredis» (2006)

Comment parvenir à surpasser une œuvre comme Le Décor? Il n’a pas fallu beaucoup de temps à Stefie Shock pour le découvrir! Si Les Vendredis n’a pas connu le même succès commercial que son prédécesseur, cet opus est toutefois son plus achevé. 

Exit les tonalités latines! Ici, on revient à un climat plus froid, peut-être, mais toujours aussi rythmé et festif. C’est l’album qui tend le plus vers un son pop-rock traditionnel parmi sa collection, mais bien filtré à travers sa touche unique et authentique.

D’entrée de jeu, la chanson «Pixels flous» donne le ton. Elle est suivie par l’excellent simple «Ange gardien». Puis, «Savoure le rouge» d’Indochine est probablement la reprise la plus réussie du chanteur, ce qui n’est pas peu dire, lui qui en a plusieurs à son actif!

Mais reste que le point culminant de ce disque arrive à la toute fin avec la chanson-titre «Les vendredis», possiblement la meilleure chanson à vie de l’artiste.

 

En début d’année, Stefie Shock a sorti LP1 sous le pseudonyme Godfree. Il agit ici comme réalisateur et beatmaker, un retour à ses premières amours en tant que DJ, confiant le chant à divers invités tels que Wesli, Kim Richardson et Skinny Bros. Ce plus récent projet est rythmé et dansant à souhait avec ses sonorités 90’s au goût du jour. Quelle sera sa prochaine direction? À suivre… Pour découvrir d’autres épopées musicales d’artistes de renom, c’est par ici.

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