«La petite anecdote de...» Luis Clavis, ou la fois où il a exploité deux jeunes talents – Bible urbaine

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«La petite anecdote de…» Luis Clavis, ou la fois où il a exploité deux jeunes talents

«La petite anecdote de…» Luis Clavis, ou la fois où il a exploité deux jeunes talents

Ce qu'on ne ferait pas pour se donner des «credz»!

Publié le 18 janvier 2022 par Claire Groulx-Robert

Crédit photo : Marianne Boulet

Chaque semaine, Bible urbaine demande à des artistes de tous horizons de raconter une anecdote ludique, touchante ou simplement évocatrice sur un thème inspiré par son œuvre. Cette fois, c'est au tour de Luis Clavis de se prêter au jeu! Ce musicien, qui s'est d'abord fait connaître au sein des formations Valaire et de Qualité Motel, a lancé sa carrière solo en 2020. Voilà qu'il nous présente aujourd'hui l'anecdote autour de sa chanson «La richesse des pauvres», qui figure sur son plus récent EP paru en octobre dernier. Découvrez comment, à l'aide de son flair à toute épreuve, il a collaboré avec les jeunes Rau Ze et Minimike, de talentueux musiciens à surveiller...

Mon microalbum Échos d’une vie distante: volume 1 était un exercice imposé: créer des chansons ensoleillées qui reflètent mon état estival et les sortir aussitôt qu’elles seraient prêtes. Le but était de ne pas me laisser le choix de sortir un volume 2 qui, lui, mettrait de l’avant des chansons introspectives et mélancoliques que j’accumule sans jamais oser les faire entendre.

En cherchant des collaborateurs, je flânais sur Instagram et je suis retombé sur Rose Perron, alias Rau Ze, que j’avais connue lorsque j’étais juge pour les auditions de Star Académie 2021.

Nous parcourions le Québec covidés à la recherche des prochaines stars de nos salons quebs. Rose est arrivée avec un talent brut, un répertoire jazz improbable et une voix qui, enfin, avait du vécu à travers les milliers de versions inertes de «Faufile» de Charlotte Cardin et de cet injurieux cover de «Creep» version Vintage Postmodern Jukebox qui, je ne sais comment ni pourquoi, s’est propagé plus vite qu’une pandémie dans le #singerslife québécois de la dernière année*.

Bref, à travers cet océan de chanteurs et chanteuses, Rau Ze m’a fait autant de bien que mon verre de blanc camouflé dans mon gobelet de café.

Du haut de ses vingt ans, on sentait une chanteuse qui avait enfin vécu les partys où le soleil se lève sur Hochelaga, la déception d’être arrivé à la fin d’un paquet de clopes et les jams où on se cale du whisky entre deux couplets de vieux classiques soul. Elle était arrivée à l’audition avec un ami pianiste jazz qui, du haut de ses vingt-trois ans, semblait méfiant et se demandait pourquoi on posait toutes ces questions à sa protégée.

On a dû rappeler à Rau Ze le concept de Star Académie quand elle nous a confié mépriser tout ce qui était «académique». En gros, j’ai tout aimé de cette fille, et elle a rapidement été choisie au camp de sélection où je me chargeais de l’atelier de création.

J’étais persuadé que Rau Ze serait stimulée par la création en groupe, mais elle était surtout bien préoccupée par l’arrivée tardive du prochain cinq minutes de break où elle pourrait s’en griller une.

Encore une fois, j’étais sous le charme.

Rose avait clairement du vécu et je doute qu’elle ait pu entrer dans une académie sous la gouverne de Gregory Charles. Je doute aussi qu’elle ait eu sa place dans une émission quotidienne qui aide à confirmer les opinions artistiques des salons de Québécois d’un certain âge, mais j’étais d’autant plus charmé.

Des chanteurs avec du vrai soul à vif, c’est rarissime.

L’été suivant, entre deux compositions, quand je stalkais son Instagram à la recherche de rien du tout, je suis tombé sur un verse qu’elle avait composé et filmé avec Félix Paul (aka. Minimike), le pianiste jazz de l’audition. Rau Ze y faisait l’apologie de sa pauvreté: «Chu broke, nope, cassée ben raide. […] j’ai vendu mon mic, j’ai vendu mon Mac, j’ai vendu mon âme dins toilettes du bistro pour la fin de ton pack».

 
 
 
 
 
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Il y avait du gros swag dans cette vidéo. Je suis ensuite allé voir le compte du pianiste, où il s’était filmé en train d’interpréter un beat instrumental digne des plus gros grooveux de producteur jazzy du moment.

 
 
 
 
 
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J’ai regardé ces deux vidéos en boucle.

J’ai éprouvé de la jalousie, ce qui est toujours bon signe pour les artistes que je consomme! Après quelques jours à être obsédé par ces deux clips, j’ai décidé d’essayer de les rassembler pour en faire une seule chanson et de m’inviter sur la track.

J’ai donc contacté Rau Ze, qui était très partante pour développer la chanson, et Minimike, qui m’a envoyé son beat instrumental. J’ai ensuite demandé à Rau Ze si elle pouvait enregistrer sa partie (COVID oblige), mais elle m’a répondu un «non» très clair. «Impossible, j’ai vendu mon mic, j’ai vendu mon Mac.» Pardon, j’oubliais.

Rose me permettait donc non seulement d’utiliser son swag, elle me donnait aussi accès au beat de son ami, en plus de me donner l’occasion d’aborder le thème de la pauvreté, ce que je ne me serais jamais permis en tant qu’homme blanc qui a accumulé des REER en tapant sur des bongos depuis 2007.

En exploitant ainsi mes deux nouveaux jeunes amis prodiges, nous avons pu créer une chanson d’amour où Rau Ze et moi nous sommes rencontrés au fond du baril dans l’allée des Ramens. Merci Rau Ze aka Rose Perron, «la richesse des pauvres nous rend invincibles […] quand j’te vois mes poches sont moins vides.»

En conclusion, créer des pièces qui reflètent un état d’esprit présent est toujours un échec, car la sortie finit toujours par nécessiter un à deux mois de travail.

Je me suis donc encore retrouvé à lancer un EP aux good vibzzz ensoleillées qui met Rau Ze en vedette au cœur des grisailles de la fin octobre.

Par souci de cohérence, je pourrai sortir la version mélancolique de l’album au cœur des chaleurs de l’été.

Suivez Rau Ze et Mini_Mike, il y a beaucoup de beau qui s’en vient pour eux!

*Attention, il y avait aussi de grands talents, entendez-moi bien.

luis-clavis-Échos-d'une-vie-distante-volume-1

Et puis, qu’attendez-vous pour écouter le microalbum groovy de Luis Clavis, ainsi que la pièce «La richesse des pauvres»?  Cliquez sur l’image pour en savoir plus, et pour lire d’autres petites anecdotes, c’est par ici.

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