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Crédit photo : Léa Taillefer
La genèse de Feu toute!
Connue du public grâce à son duo Garoche ta sacoche ainsi qu’à son premier EP en solo, La Veilleux, Cynthia pratiquait surtout la musique country-folk, qui reflétait à ses émotions du moment. En 2019, elle a souhaité se relancer en musique avec un nouveau projet qui lui ressemble plus. Elle s’est donc recentrée pour retrouver son énergie première, plus dynamique et audacieuse: «J’ai envie, en montant sur scène, d’avoir du fun. C’est vraiment la base de tout, de Feu toute!, c’est le jeu. La scène, pour moi, c’est une place justement où je peux être 100% moi-même, et oser.»
Elle désirait avant tout créer sans aucune contrainte artistique, mariant le pop-rock à quelques touches de funk. Après un an de réflexion, elle s’est arrêté sur ce nom qui signifie, pour elle, la passion (feu) partout (toute): «Feu toute!, ça représente bien ce dont j’avais envie, sans que ça me bloque dans aucune direction et que ce soit la passion qui mène. Y’a des choses qu’on emmagasine dans la vie, on voit et on entend des trucs tous les jours, et des fois, j’ai besoin de dénoncer des choses comme dans «Dynamite» ou «L’indétrônable». Je ne me fais pas un devoir de dire des choses, mais quand j’en ai envie, je ne me bloque pas pour le faire.»
C’est sa façon de rester fidèle à elle-même et de trouver un équilibre parmi ce qui l’anime, tout en canalisant ses émotions dans des chansons rythmées et parfois un peu plus douces. Elle écrit donc des textes selon ses humeurs du moment, pas forcément sur des expériences personnelles, mais sur des événements qui l’inspirent, ou encore des histoires qui lui passent par la tête.
Plusieurs artistes l’ont grandement inspirée au cours des dernières années, notamment Niagara, pour son côté rock, brut. Mais c’est surtout Catherine Ringer (des Rita Mitsouko) et Diane Dufresne qui lui ont donné envie de lâcher son fou et de voir son projet comme un terrain de jeu sans limites.
C’est ce qui a mené à plusieurs idées de style, de costume et de mise en scène pour son personnage de Feu toute!
La création à l’ère du confinement
En tant qu’artiste, elle a évidemment vécu le confinement en plusieurs vagues émotionnelles. L’incertitude du milieu culturel représente un grand défi pour elle, qui souhaite lancer un tout nouveau projet: «C’est un peu étrange de sortir un premier album dans des circonstances comme ça, parce que, d’abord et avant tout, c’est un projet de scène. En temps normal, avant même de sortir un album, j’aurais fait des shows un peu, j’aurais été me mettre ça dans le corps, et là, j’ai travaillé le visuel sans avoir fait un seul show. C’est comme s’il y a des trucs qu’on ne peut pas aller valider en vivant cette expérience avec le public, mais c’est ça la vie en ce moment!»
Cependant, cette pause lui a permis de consacrer plus de temps à la création et de travailler sur un vidéoclip plutôt qu’un lancement. Elle a en effet eu l’occasion de travailler avec l’agence créative Juste du Feu à la réalisation de celui-ci. Et maintenant que son album est fin prêt, elle se penche sur la mise en scène, en collaboration avec l’artiste multidisciplinaire et metteur en scène franco-québécoise Gaële Tavernier. Feu toute! nous prépare donc un futur spectacle en formule trio.
«J’ai tellement hâte de monter sur scène avec ce projet-là! Aussitôt que je vais avoir la chance, je veux être prête. J’ai hâte d’ouvrir les valves, d’aller m’énerver, de jouer et de rencontrer le monde!»
Parade nuptiale (Dance With Me): un album qui sort de l’ordinaire
Le 26 mars dernier, le vidéoclip de la pièce «Parade nuptiale (Dance With Me)» a été diffusé sur le Web. Désignée comme de l’érotico-pop, la chanson témoigne du jeu de séduction des oiseaux que l’on retrouve également chez les humains, plus particulièrement sur les pistes de danse. Composé en partie d’une narration et d’un rythme entraînant, ce hit nous invite à danser. Très originaux, les décors, les costumes et les jeux de lumière vous en mettront plein la vue!
Par ailleurs, cette idée de mélanger deux thèmes lui est venue par pur hasard: «Un soir, chez nous, je travaillais sur une toune comme ça, je testais des nouvelles affaires. J’avais juste un beat et les refrains avec Dance With Me. Plusieurs mois plus tard, j’étais en train d’écrire, et un moment donné, y’a un match qui s’est fait. Je pensais à ce beat dance que j’avais créé et ce à quoi j’étais en train d’écrire. Je trouvais que le mélange des deux était malade!»
L’auteure-compositrice a d’ailleurs choisi de mettre cette chanson en avant pour présenter son album, puisque, selon elle, c’était le titre le plus représentatif de l’énergie du disque et que, pour un premier album, il faut tout d’abord conquérir son public: «La parade est de mise!»
Le 16 avril dernier, nous avons eu la chance de découvrir son album complet comptant 11 chansons. Nous connaissions déjà «Dynamite», un morceau qui fait réfléchir sur les sentiments de colère qui ne mènent à rien; «Cours», l’histoire de quelqu’un qui s’évade de prison avec une illusion de liberté, et la fameuse chanson «L’indétrônable», qui relate les événements médiatiques des dernières années, dont la chute de Trump et de plusieurs hauts placés durant le mouvement #MeToo.
Parmi ses nouvelles chansons, nous retrouvons «Ma tour», une histoire qui fait le parallèle avec la folie ou la réhabilitation à la suite d’un accident ou d’une maladie. La tour représente en fait la tête comme nous pouvons le constater dans l’extrait suivant: «Mon corps qui me joue des tours, y’a rien d’amusant. Plus de contrôle dans ma tour…» L’artiste nous réserve d’autres surprises telles que «Femme cellophane», une chanson qui dénonce la pollution dans les océans.
Fière productrice du projet, Feu toute! nous dévoile donc son univers électrisant et engagé. Un coup de cœur assuré!