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Crédit photo : Béatrice Munn
L’opus s’ouvre abruptement la pièce rock «Conne comme une princesse», où Tina-Ève raconte avec force métaphores la douleur éprouvée suite à une rupture amoureuse. Dépeignant tour à tour les entités comme des «rois à couronne» et des «truies à l’abattoir», la chanteuse nage en eaux troubles, n’adoptant aucun parti pris pour l’un ou pour l’autre. Incisive, avec parfois ce trémolo de voix un peu forcé, elle les incite à prendre le taureau par les cornes et à ne pas se laisser abattre par la situation: «Faut pas dev’nir conne / Comme une princesse / Faut tirer des coups / Qui ne te tueront pas».
Même si plusieurs thématiques défilent au fil de l’écoute telles que l’amour ardent («Fais-moi croire»), l’amour déçu («San Francisco»), l’ambition freinée par l’autre («Meeting»), le spleen des jours gris («Le vent mauvais») ou encore la dépression personnifiée («Dompter la bête»), on reconnaît rapidement l’homogénéité qui regroupe chacun des dix titres tel un chapelet de perles. Chacun des morceaux n’a pas le même impact sur les émotions de l’auditeur, mais les thèmes variés et surtout les faiblesses de l’autre tendent à parfois devenir les nôtres.
Avec l’aide précieuse du réalisateur Gilles Brisebois, dont une part du travail peut être admiré sur Western Roman de Yann Perreau, Tina-Ève s’est entourée d’un bon allié pour la production de cet opus, une promesse plus mature et certes aboutie que son EP Comment gros tu m’aimes?, paru il y a deux ans. Par contre, Dompter la bête aurait mérité un meilleur équilibre entre le chant et l’orchestration, laquelle est un peu trop laissée à l’arrière-plan, comme une musique d’accompagnement plutôt qu’un tout bien unifié.
Autrement, Tina-Ève maîtrise son instrument vocal, partage bien ses émotions en adaptant ses tonalités au poids des mots, nous laissant tantôt en tête l’intensité d’une Diane Dufresne et parfois la fougue d’une Marie-Pierre Arthur.
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de la rédaction