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Crédit photo : Manuel A. Codina
Un format compact et efficace
Avez-vous lu L’orangeraie de Larry Tremblay? En quelques mots, il s’agit de l’histoire des jumeaux Amed et Aziz, deux jeunes garçons plongés dans l’horreur de la guerre dans un pays du Moyen-Orient. Un jour, leurs grands-parents sont tués par un obus qui traverse le ciel. Dévasté, leur père se laisse alors convaincre que la mémoire des aïeuls sera vengée en sacrifiant l’un des deux garçons au nom de Dieu, qui sera désigné «kamikaze».
Dans le Prélude à l’opéra présenté au Monument-National, nous suivons le personnage clé Mikaël, un auteur et réalisateur qui présente l’histoire du jumeau rescapé. Mais celui-ci, devenu comédien et installé désormais en Amérique, s’avère être en désaccord avec Mikaël sur la façon de raconter son histoire, ainsi que sur la façon de représenter la guerre…
Le format du spectacle, d’une durée de 28 minutes, est compact: l’idée est de ne garder que l’essentiel et de faire des parallèles avec notre réalité actuelle. «Dans cette présentation adaptée au contexte sanitaire, on voit Mikaël déambuler dans la salle vide du Monument-National et s’imaginer la mise en scène de son spectacle. Il est happé, plongé dans cette création qu’il voit se déployer malgré l’impossibilité de le faire. C’est comme ça que Pauline a décidé de faire face aux contraintes liées à la pandémie, qui n’étaient pas évidentes», nous explique le comédien Sébastien Ricard.
«Pour le Prélude à l’opéra, je me suis servie de quatre scènes sur douze qu’en compte l’opéra complet, et j’ai respecté le contenu dramatique du livret. Je souhaite ainsi éveiller la curiosité du public sur la puissance de cette œuvre à venir, tout en espérant que celui-ci sera des nôtres au Monument-National – sans difficulté supplémentaire et avec tous les moyens requis pour une création.» – Pauline Vaillancourt, metteure en scène
Un spectacle sur mesure qui donne à réfléchir
Il faut croire que toutes les étoiles étaient alignées pour que Sébastien Ricard interprète Mikaël. Formé en chant par Pauline Vaillancourt à l’École nationale de théâtre du Canada, il apprécie beaucoup son travail, ainsi que celui du NEM – dont il suit les créations de près. Il a lu (et vu) L’orangeraie dans des lectures publiques, en plus d’avoir lui-même fait la lecture du livre qui a été enregistré pour un site de livres audio en ligne. «J’étais assez prêt de tout le contexte artistique autour de ce spectacle. Donc, quand Pauline m’a proposé ce rôle, j’étais super content de le faire; d’autant plus que c’était la première fois que j’avais l’occasion de participer à un opéra!»
Selon lui, cette production d’une grande qualité vaut le détour pour bien des raisons: «L’orangeraie est un roman qui a eu beaucoup d’échos, et les productions du NEM sont des rendez-vous importants dans le paysage culturel québécois depuis la création de l’ensemble. En plus, dans les circonstances actuelles, c’est une formule qui est assez inédite, et Pauline ainsi que toute l’équipe ont travaillé fort pour ce projet», nous confie-t-il. «En plus, la musique est un tour de force: c’est une œuvre originale du compositeur libano-français Zad Moultaka. En fait, le livre et l’ensemble justifient à eux seuls le côté incontournable de la production!», conclut-il sur une note positive.