MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Gracieuseté d'Yves Lapointe, Kaji, Éric Berteau et Ulysse Bouchard
3. As-tu l’impression que le multiculturalisme qui caractérise Montréal favorise l’émergence et la diffusion de groupes de musique du monde comme Oktopus?
«Je pense que oui, bien que la diffusion et l’émergence dépendent de tellement de facteurs qui trop souvent suivent des lois du marché que le multiculturalisme ne peut entraver. Par contre, c’est certain que ça joue et qu’il y a des gens qui travaillent à ce que ressorte tout ce foisonnement musical dû au métissage immense que l’on retrouve à Montréal. Je pense par exemple à Vision Diversité, qui oeuvre chaque année à faire connaître la musique dite du monde – mais qui est en fait une musique qu’il faut commencer à considérer être d’ici – et qui présente chaque année de magnifiques soirées à L’Astral appelées les «vitrines des musiques locales métissées». La longueur du nom de ces soirées est d’ailleurs représentative de la difficulté à synthétiser l’idée du multiculturalisme musical!»
«Je ne dois pas non plus oublier qu’Oktopus s’est en partie fait connaître grâce au concours des Syli d’Or qui donne chaque année la chance aux groupes de musiques métissées de se démarquer. Donc en fait oui, le multiculturalisme ambiant est nécessairement un vecteur de sa propre musique et Montréal commence à réaliser toute la richesse inhérente à toutes ces cultures. Oktopus est un groupe qui se vend bien parce qu’on a ce côté multiculturel présent dans notre répertoire et dans mes origines, et que ce multiculturalisme est caractérisé par un côté profondément québécois qui se ressent dans nos arrangements et notre manière de nous adresser au public, et qui bien sûr nous aide énormément pour la diffusion. Il sera intéressant de voir comment la musique au Québec sera influencée par l’arrivée de migrants.»
«Récemment, le Conseil des Arts du Canada a déclaré qu’il offrirait des expositions et des concerts gratuits aux nouveaux arrivants, ce qui est vraiment très bien. Mais j’ai hâte de voir comment ceux-ci teinteront le paysage artistique à leur manière. S’adapter aux réalités culturelles signifie faire une place, peut-être d’abord dans l’immobilier, sur le marché du travail et surtout dans notre coeur, mais aussi éventuellement, sur notre scène.»
4. Le groupe Oktopus semble avoir une relation privilégiée avec le musicien Paul Kunigis. Vous avez repris certaines de ses pièces en plus d’avoir partagé la scène avec lui. Envisagez-vous de nouvelles collaborations avec lui ?
«Oui, nous aimons beaucoup Paul! C’est un artiste établi depuis plusieurs années! Je l’écoutais étant jeune. Ses chansons sont magnifiques et il y a quelques années, j’ai eu envie de reprendre l’une d’elles, Yahayouni, qui est maintenant un de nos hits de fin de spectacle. On l’a endisqué il y a environ deux ans et on la lui a envoyée. Je pense qu’il a beaucoup aimé ça! On était très flattés. On a ensuite partagé la scène avec lui le temps d’une soirée à Nuits d’Afrique 2015 avec un programme varié dont quelques-unes de ses chansons à lui, encore inédites. Ce sont ces pièces que nous allons enregistrer sous peu avec lui, pour son prochain album. C’est certain que ça nous ferait plaisir de travailler plus longtemps avec lui, car les groupes de musiques se nourrissent des collaborations qui les font évoluer, bifurquer ou simplement découvrir. Nous sommes chanceux ces derniers temps d’avoir pu travailler avec des artistes de renom comme Paul Kunigis ou Henri Oppenheim. On espère que ça va continuer comme ça!»
5. Votre premier album Lever l’encre est sorti en 2014. La même année, vous avez remporté le Syli d’Or de la musique du monde de Nuits d’Afrique et vous avez depuis participé à plusieurs festivals. Quels sont les projets d’Oktopus pour l’année 2016?
«Nous ferons en 2016 nos premiers concerts dans les maisons de la culture, un lieu idéal pour construire un spectacle qui peut exploiter toutes les facettes de notre musique, ce qu’on ne peut pas toujours faire dans des évènements extérieurs. C’est vraiment une bonne façon de faire découvrir la musique d’Europe de l’Est à des gens qui en ont peu entendu parler. 2016 sera aussi l’année de préparation de notre deuxième album, qu’on attend de pouvoir faire avec impatience! En fait, l’année ne servira pas à choisir et à préparer le répertoire de l’album, mais bien à trouver comment on va réunir huit musiciens occupés dans un studio pendant une semaine… ;)»
«À l’été, nous prévoyons faire quelques petites tournées. Nous visons la Gaspésie de nouveau, l’Ouest canadien et, si le Dieu de la musique métissée le veut, la France! C’est certain que nous aurons également des spectacles sur différentes scènes à Montréal, pour les gens qui ne peuvent passer plus de quelques semaines sans nous voir (haha) et que nous continuerons à enrichir notre répertoire avec de nouveaux arrangements et de nouvelles compositions. Ah oui, et en 2016, on pensait faire faire des t-shirts!»
Oktopus se produira en spectacle le 28 décembre 2015 à la Sala Rossa de Montréal. Cliquez ici pour vous procurer des billets. Visitez leur site officiel au www.oktopus.ca. Consultez nos chroniques «Dans la peau de…» au labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…
L'événement en photos
Par Gracieuseté d'Yves Lapointe, Kaji, Éric Berteau et Ulysse Bouchard