«Dans la peau de...» Angélique Duruisseau – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Angélique Duruisseau

«Dans la peau de…» Angélique Duruisseau

Un hommage à la môme avec «réÉdith Piaf» et un spectacle au Gesù

Publié le 11 décembre 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Gabriel Lafrenière, Patrice Boulais et Angélique Duruisseau

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Cette semaine, nous avons interviewé l'inspirante Angélique Duruisseau, qui nous parle de sa profonde affection pour la môme au point de lui rendre un vibrant hommage le 19 décembre au Gesù.

1- Comment Angélique Duruisseau a-t-elle apprivoisé la musique pour la première fois? Parle-nous de ton premier contact et de ta passion du métier.

«La musique, pour moi, c’était tout d’abord la voix: la résonance, le bien-être que je ressentais quand elle vibrait tout à fait et impliquait tout mon corps. Bien sûr, au début, je n’y arrivais que rarement et qu’au bout de longues vocalises ardues (et peut-être même stridentes). Mon objectif: je voulais sonner comme une sirène! C’est-à-dire que j’étais satisfaite quand j’avais l’impression que cette voix ne provenait plus seulement de ma gorge, mais qu’elle venait «d’ailleurs». Plus tard, quand j’ai dû choisir une carrière, j’ai plutôt opté pour le théâtre, ou de façon plus large pour la création artistique. Le chant est resté un de mes atouts, bien entendu, et j’ai de plus en plus reçu d’offres de contrats. Au départ, aussi étrange que ça puisse paraître, je chantais pour «vivre». C’était plutôt alimentaire. Mais peu à peu j’ai découvert la musique, son pouvoir et à quel point elle était aussi nécessaire que la nourriture que l’on mange. C’est la première manifestation artistique de l’homme, son cri qui emplit ses oreilles, le hochet qui crée un rythme, etc.»

«J’ai beaucoup étudié la musique «actuelle» avec Ligeti, John Cage, Steve Reich, Varèse, Stockhausen… je trouvais ça cool. Mais ça, c’était pour l’aspect «recherche d’une nouvelle musique». Elle a ce pouvoir d’être intemporelle, éternelle. C’est pourquoi je me suis mise à étudier aussi la musique classique et les traditions musicales du monde entier. Bref, quand tu t’attaques à tout ça, tu te sens petit(e) dans l’univers et tu as l’impression que tu n’auras jamais assez d’une vie pour tout explorer. En parallèle, je chante du jazz, de la pop, de la chanson française et je teinte tout mon répertoire de mes trouvailles. Je me sens libre. Dans une même chanson, je peux utiliser plusieurs techniques vocales différentes et, même après 15 ans de métier, je continue de m’améliorer, d’évoluer.»

2- Le 19 décembre, tu présenteras un concert double au Gesù intitulé Signé Piaf pour le 100e anniversaire de naissance de la Môme. Toi qui interprètes Édith Piaf depuis une dizaine d’années déjà, comment comptes-tu te renouveler avec ce nouveau spectacle?

«Dans mes débuts, (et pendant un bon moment), j’ai chanté Piaf sans m’écarter vraiment de ses interprétations ni de sa couleur vocale. Accompagnée d’un pianiste seulement, je pouvais approfondir la théâtralité de ses chansons. À côté de ça, je créais un orchestre avec lequel je faisais du blues, du jazz. Un band plus soul, plus funky. On a fini par ajouter certaines chansons de Piaf, mais qu’on s’amusait à transformer. Avec le temps, on est arrivé, je crois, à trouver des versions tout à fait dans l’ère du temps, mais qui conservaient l’esprit de Piaf. C’était surtout ça le défi! S’approprier une chanson pour des musiciens jazz, c’est plutôt facile! Mais transformer son répertoire tout en conservant l’essence de cette immense interprète… ça c’est vraiment l’art de l’interprétation. J’aime les défis! Moi, j’aime ça quand ça chatouille, quand ça fait réagir… Le répertoire de Piaf, c’est du bonbon, ça ne choque pas. J’ai voulu trouver un moyen de susciter des réflexions, de faire réagir les gens, de créer des émotions nouvelles avec des chansons qui ont été depuis longtemps éprouvées.»

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3- Toi qui vibres au son de ses mots d’amour depuis un moment déjà, quelle idée te fais-tu de la femme qu’a dû être Édith Piaf?

«Je crois que pour chanter autant l’Amour, c’est qu’elle en a dû cruellement en manquer! Ce n’est pas mon cas. Moi, j’ai connu l’amour de mes parents, de mes frères et sœur, de mes amis (et j’en ai toujours eu beaucoup!), et du public! Honnêtement, ça m’a pris un certain temps avant de saisir le personnage. Avant de comprendre qu’elle ne chantait pas son amour de façon légère et anodine, mais que dans chacune de ses chansons, il y avait une longue plainte, un appel au secours. Elle s’est dévouée corps et âme à son art: la chanson. À s’en rendre malade parfois. Elle a poussé la tension créatrice jusqu’à paraître odieuse aux yeux de certains collaborateurs. Mais c’était une femme extrêmement généreuse qui avait besoin d’une compagnie constante, au risque de se laisser envahir par les profiteurs et les sycophantes.»

4- Ton nouvel album, justement intitulé réÉdith Piaf, se veut un hommage aux plus belles pièces d’amour jamais écrites. Quelles sont tes trois chansons coups de cœur de son répertoire? Dis-nous lesquelles et explique-nous ce qui t’a touché la première fois que tu les as entendues!

«Son répertoire est si vaste que c’est difficile de n’en trouver que 3. Aussi, mes préférées ont changé plusieurs fois depuis 12 ans! De plus, cela dépend de ce que tu entends; il y a des chansons que j’adore entendre d’elle et d’autres que j’adore chanter. Finalement, il y a des chansons qui me donnent le frisson quand je les interprète avec Marc-André Cuierrier (au piano) et d’autres qui m’électrisent quand je les fais avec le band. Aussi, j’ai une attirance morbide pour toutes ses chansons tragiques! “Les amants d’un jour”, “Une enfant”, “Elle a dit”, “Le Noël de la rue”… Mais si je devais m’en tenir aux textes, je dirais: “Embrasse-moi” (j’ai un faible pour Jacques Prévert), “Mea culpa”, “Elle fréquentait la rue Pigalle”, “Je sais comment” (chanson que j’ai pourtant rarement chantée en public).»

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5- En ces temps d’austérité et de violences qui secouent le monde entier, qu’aurais-tu envie de dire à nos lecteurs pour qu’ils se laissent guider par l’amour le 19 décembre prochain? Ne te gêne pas pour la forme, tout est permis!

«Bien sûr, j’aurais envie de leur dire qu’il n’y a aucune idée pour laquelle il vaut la peine de se sacrifier corps et/ou âme. Sinon celle d’apprendre à aimer. C’était bien le message du Christ, celui de Gandhi… Aimer, ça veut dire s’apercevoir dans l’autre, bien sûr. Mais plus encore, l’accepter dans ses différences et ses différentes croyances. Aimer véritablement, sans condition, ce n’est pas une tâche facile. Il faut d’abord s’aimer soi-même, en tant qu’être humain: beau à crever, avec ses défauts, ses faiblesses et ses états changeants! Ensuite, on peut accepter les autres et les aimer sans attente, juste parce que c’est trop bon d’aimer et d’être aimé! Il n’y a aucune émotion plus vive selon moi que celle de découvrir que l’on possède en soi cette force, ce pouvoir qu’est l’amour. D’éprouver de la compassion même envers quelqu’un qui nous a fait du mal. Comprendre que l’on peut briser le cycle de la violence et de la frustration en rayonnant, c’est là la véritable victoire. Pour ma part, c’est la seule qui compte! Tout ce que je fais et réalise n’a qu’un seul objectif: que l’on m’aime. Et toutes mes actions et réflexions tendent vers la même quête: aimer mon prochain de mieux en mieux.»

Vous pouvez écouter ou vous procurer l’album réÉdithPiaf sur sa page Bandcamp ou visiter son site web pour en savoir plus sur son prochain opus à paraître en mars 2016 et ses dates de spectacles.

Pour consulter nos chroniques «Dans la peau de…», suivez le labibleurbaine.com/Dans+la+peau+de…

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