MusiqueDans la peau de
Crédit photo : Béatrice Munn
1- À quel moment as-tu ressenti cet appel vital qui t’a poussé à composer tes propres chansons?
«J’avais 15 ans et je jouais de la guitare depuis environ 3-4 mois. Ça faisait donc 3-4 mois que je jouais des classiques de la chanson québécoise et que je m’amusais à chanter. Ma mère me trouvait bien bonne et moi c’était la première chose qui m’intéressait suffisamment pour que je m’y affaire pendant des heures (j’avais les doigts bleus et plein de corne et, même si ça me faisait mal de jouer, je jouais pareil!). Un matin, va savoir pourquoi, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à jouer des accords et à essayer de trouver des paroles et une mélodie. Je me souviens qu’il faisait beau, que c’était l’été et que j’ai écrit ma première chanson sans même m’en rendre vraiment compte, c’était juste tellement naturel. Quand j’ai terminé, j’ai été chercher ma mère et ma sœur puis je leur ai joué ma chanson.»
«Leur réaction positive m’a définitivement encouragé à continuer et c’est ce jour-là que j’ai commencé à écrire des chansons, tout naturellement, et avec une grande naïveté. Bon… ma chanson était clairement mauvaise, le refrain c’était: Que sera sera, y’adviendra c’qu’y’adviendra, Que sera sera, r’gardez donc l’panorama, mais c’était le début, et à force d’en composer, je me suis trouvé une identité artistique et j’ai évolué. Je dirais que c’est vraiment en 2010, à l’École nationale de la chanson, lorsque j’ai composé la chanson Comment gros tu m’aimes, que j’ai réalisé que je pouvais être pleinement moi dans mes chansons et que ça m’a donné le goût de le faire encore plus intensément.»
2- Ton premier album «Dompter la bête» est en magasin depuis le 21 avril dernier. Peux-tu nous expliquer la métaphore derrière «la bête» et d’où tu puises ton inspiration?
«Dompter la bête, c’est une chanson que j’ai composée avec Sylvain Carufel. Il voulait me composer une chanson, une chanson qui parlerait de la difficulté que j’ai à me laisser apprivoiser. Il voulait parler du gros nuage noir qu’il y a parfois au-dessus de ma tête et me dire son désir de chasser la tempête pour que je me repose, que je sois légère, calme. Son idée de chanson m’a touchée et je lui ai proposé qu’on l’écrive ensemble. J’ai fait le texte, il a fait la musique. En l’écrivant, je pensais à ce que j’aimerais qu’on me dise, ce qui me rassurerait, et je pensais “Mon dieu qu’on rush et que c’est difficile de dompter la bête en nous et de juste être lumineux et heureux, et pourtant je sais que c’est possible”. Je sais que mon bonheur ne dépend que de ça, ma capacité à dompter la bête que j’ai en moi et à l’apprivoiser.»