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Le 21 août dernier paraissait le nouvel album de l'auteur-compositeur-interprète Noah Gundersen, intitulé Carry the Ghost. Après Family (2011) et Ledges (2014), l'artiste américain nous offre un album folk tout aussi sentimental.
Le calme après la tempête, voilà ce qu’on ressent en écoutant le nouvel album de Noah Gundersen. Le nom le dit, porter un fantôme, comme porter un fardeau, un passé. Ses fantômes, c’est ce qu’il nous offre. Dans une élégance impressionnante, il nous livre des expériences difficiles émotivement. Qu’il parle d’amour, de religion ou de famille, c’est toujours de façon poétique, mais pas le genre de poésie remplie de figures de style; non, il dit plutôt ce qu’il a à dire sans détour, sans artifice. La plupart des chansons ne sont pas lourdes en soi, mais elles sont lourdes d’expérience, lourdes de sens.
Gundersen fait partie de ces artistes que l’on écouterait longtemps sans se lasser, puisqu’on découvre toujours de nouveaux sentiments dans sa voix et ses intonations. Ce ne sont pas les paroles qui sont les plus fortes, ni même la musique, c’est le tout, l’ensemble. L’un n’irait pas sans l’autre. Sa voix, parfois caverneuse, parfois plus aiguë, a de quoi toucher dans toutes ses nuances. C’est un album à écouter non seulement dans ses temps libres, mais aussi dans des moments plus difficiles. Malgré que les thèmes soient tous très personnels, ils sont aussi universels, de quoi nous permettre de nous sentir un peu moins seuls quand la mélancolie nous rattrape.
La plupart des chansons sont calmes, avec des crescendos et des moments plus forts, le genre d’art qui fait frissonner quand il est maîtrisé, et c’est le cas ici. Si on se plonge complètement dans notre écoute, si on s’étend en fermant les yeux, le tout prend une tout autre signification. Ce qui aurait pu sembler être les pauvres déboires amoureux d’un jeune adulte se transforme en une véritable crise existentielle. D’ailleurs, l’ordre des chansons a quelque chose à y voir; la plupart d’entre elles commencent doucement et se terminent en force, de quoi faire des vagues quand on les écoute les unes après les autres.
Si on se concentre plus particulièrement sur les titres, on retrouve plusieurs thèmes. Bien sûr, l’amour, les femmes, les cœurs brisés, mais aussi la famille, les croyances, le passé. Ce qui est intéressant, c’est que le frère et la soeur de l’artiste participent aussi à l’album; Abby, comme violoniste et à la voix complémentaire, et Ivan, qui joue les percussions.
La chanson «Selfish Art» témoigne de la vie personnelle de Noah, plus particulièrement de sa vie d’artiste. C’est un sujet très touchant, considérant qu’on ne connait souvent les artistes que par leur art. Avec cette pièce, il nous tend une perche vers son monde à lui, vers ce qu’il ressent en étant musicien et non seulement en ce qui a trait aux autres sphères de sa vie. En fait, il nous dit textuellement que la majorité de ses textes sont tirés de ce qu’il a vécu. D’ailleurs, ils sont souvent à la première personne du singulier.
«Show Me the Light» traite de foi, de famille et de Dieu. Ce qui est intéressant avec Gundersen, c’est qu’il réussit à inclure plusieurs sujets dans ses albums sans que ça ne jure jamais. Un autre thème plus inhabituel se retrouve dans «Topless Dancer». Malgré qu’il puisse parfois chanter des mots plus ou moins crus, c’est toujours avec l’élégance qu’on lui connait, permettant à un certain sentiment de colère de ressortir du lot, sans offenser, ajoutant seulement de la poigne à l’oeuvre.
Parmi les mélodies les moins reposantes, il y a celles de «Halo», de «Jealous love» et de «Heartbreaker». Elles ne sont pas moins déchirantes, belles ou profondes, mais elles ajoutent une touche de ferveur au lyrisme général. Entre elles, on retrouve des titres tout aussi mélodieux comme «Silver Bracelet», «Empty from the Start» et «The Difference», commençant souvent par des notes au clavier, additionnées de guitare électrique, de violon et de percussions, pour s’approcher petit à petit du grandiose.
La toute dernière chanson, «Planted Seeds», est extrêmement douce. On y trouve du piano, un Noah Gundersen qui ne force aucunement sa voix et semble parfois même murmurer, de la lenteur et des silences. C’est une excellente conclusion à l’album, dans toute sa lourdeur, nous laissant une impression de vide, de coeur à moitié ouvert et nous convaincant que Carry the Ghost est synonyme, au fond, d’une grande force tranquille.