«Poison Season» de l’auteur-compositeur-interprète Destroyer – Bible urbaine

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«Poison Season» de l’auteur-compositeur-interprète Destroyer

«Poison Season» de l’auteur-compositeur-interprète Destroyer

Comme le bon vin

Publié le 15 septembre 2015 par Mathieu St-Hilaire

Crédit photo : diymag.com

Dan Bejar n’est pas du genre à se presser. Après avoir livré son album le plus populaire, Kaputt, en 2011, il aurait pu battre le fer pendant qu’il était chaud et profiter de cette popularité nouvelle. Il a toutefois décidé d’attendre quatre longues années avant de livrer son successeur, le majestueux Poison Season, sa dixième offrande. C’est que l’auteur-compositeur-interprète de Vancouver, mieux connu sous le nom de Destroyer, est le genre d’artiste patient et méticuleux qui aime bien mêler un peu les cartes.

Non seulement Bejar a-t-il décidé de prendre son temps, il a aussi, comme à son habitude, complètement bouleversé sa facture sonore. Ainsi, là où Kaputt respirait les ambiances feutrées avec ses grooves typiques des années 1980, Poison Season donne dans le grandiose et le dramatique, ses grandes orchestrations créant une approche très cinématographique. Destroyer a des visées différentes sur chacune de ses œuvres. Ici, il y va pour son album classique intemporel.

Poison Season ne vous saute pas immédiatement dans les tympans, car malgré la richesse de ses arrangements de cordes et de cuivres, il s’agit d’un travail très intime où l’on nage en pleine poésie surréaliste. «You can follow a rose wherever it grows / Or you can fall in love with Times Square», lance Bejar sur la première de trois versions de «Times Square», qui fait penser à «Way to Blue» de Nick Drake. Musicalement, Bejar nous a concocté ici un mélange de rock-jazz-musique-baroque, rappelant Van Morrison.

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Mais l’album n’est pas seulement tissé dans la dentelle, car «Dream Lover» vient immédiatement énergiser l’auditeur avec sa rythmique inépuisable et ses retentissantes mélodies guitares/cuivres. Poison Season a donc du Bruce Springsteen dans le nez, comme en fait aussi foi la chanson «Midnight Meet the Rain».

Il y a toujours quelque chose de chaleureux et de naturel dans la musique de Destroyer, et Poison Season est comme une rivière qui coule tranquillement. Il ne s’agit pas ici d’un album très cool, mais Bejar s’en fout éperdument. Il préfère nous laisser émerveillés devant des pièces comme la somptueuse «Girl In a Sling», qui pourrait être de la trame sonore d’un film de Woody Allen des années 1970.

Dans une ère où la façon dont on écoute la musique est souvent plus importante que la musique elle-même, Destroyer veut s’assurer que ses créations  aient la plus grande signification. Ainsi, difficile de s’imaginer écouter Poison Season sur son iPhone dans le métro. Prenez-vous plutôt une bonne bouteille de vin et regardez-moi ce soleil se lever.

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