LittératureRomans québécois
Crédit photo : Québec Amérique
De l’illusion à la réalité
Je dois avouer que ce livre a tout de suite attiré mon attention. Avec la société d’aujourd’hui qui prône les médias sociaux, tout le monde est un peu stalker à ses heures. Et c’est comme devenu une normalité.
La réalité est souvent déguisée, tant par ce que l’on décide de montrer sur nos réseaux que par la perception des autres. Plusieurs versions de nous-mêmes existent à travers les yeux de notre entourage et même à travers ceux que l’on connaît à peine.
Sommes-nous rendus au point où on ne s’en rend même plus compte? On peut dire que cela laisse matière à réflexion!
Curiosité ou obsession?
Les auteurs du recueil nous plongent dans plusieurs univers éclectiques de femmes qui vivent durement avec une obsession quelconque: quelques-unes épient leurs voisins par la fenêtre ou les écoutent à travers les murs, d’autres se sont amourachées d’un individu qu’elles connaissent à peine ou qu’elles idolâtrent depuis plusieurs années. Une groupie a organisé un voyage pour la simple possibilité de croiser une célébrité qu’elle admire, alors que l’autre tente de découvrir la vie de son père biologique en se faisant passer pour autrui. Et que dire de cette mère qui installe des caméras dans la maison pour épier la gardienne…
Et, bien sûr, certaines d’entre elles se sont imposées dans la vie d’étrangers par le biais d’Internet!
Bien que j’aie aimé l’intégralité de l’œuvre, les nouvelles Meurtrières de Catherine Lavarenne, Do You Look Goth de Krystel Bertrand et Le goût n’a pas de langage d’Ariane Gélinas m’ont particulièrement plu.
Très intrigante, la première nouvelle a tout d’un livre à suspense qu’on a de la difficulté à refermer, tant pour connaître la suite que parce qu’on ne pourra pas dormir après l’avoir lue. La deuxième rappelle l’époque juste avant les réseaux sociaux, celle où la tendance était sur MSN. Elle raconte une situation bien courante d’idolâtrie, mais avec une morale totalement satisfaisante.
C’est d’ailleurs l’une des seules histoires qui se terminent sainement. Puis, la troisième m’a vraiment surprise par son originalité et par le cran du personnage principal. Je ne vous en dis pas plus…
L’étrange fascine
En bref, ce livre se dévore en quelques bouchées! Il se lit d’un trait ou bien à une nouvelle par jour pour faire durer le suspense. D’un côté, il peut faire réfléchir sur des habitudes de vie malsaines que l’on a ou que l’on voit autour de nous. D’un autre, plusieurs nouvelles commencent par une situation ordinaire, mais se terminent d’une façon que vous ne serez pas près de deviner.
J’aurais aimé que le recueil soit un peu plus long et qu’il couvre davantage de thématiques surprenantes comme celle d’Ariane Gélinas ou celle de Fanie Demeule dans sa nouvelle intitulée Le jet. Tout de même, c’est un divertissement assuré!
Collectif dirigé par Fanie Demeule et Joyce Baker, Stalkeuses : 16 nouvelles indiscrètes, Québec Amérique, 2019, 192 pages, 22,95 $.
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de la rédaction