LittératureRomans étrangers
Crédit photo : Sonatine Éditions
Nous sommes en 1982. Ronald Reagan occupe la Maison-Blanche et un jeune homme du nom de Daniel Ford vit ses derniers jours dans le couloir de la mort, au pénitencier fédéral de Sumter. Il fait ses ultimes confessions à un prêtre, quelques heures avant son exécution pour le meurtre par décapitation de son meilleur ami, un Afro-américain du nom de Nathan Verney. Peu à peu la mémoire lui revient. Pas celle des grands événements. Plutôt celle des petits, faits de menus détails de grande importance. Daniel Ford se dévoile vite comme un innocent coupable. Mais innocent ou coupable de quoi? Il faudra plus de cinq-cents pages pour en savoir davantage.
La mise en contexte rapide d’Ellory est efficace, attirante même. Dans un tableau qui chevauche le temps présent du roman et le temps passé du personnage principal, le récit est construit autour de va-et-vient historiques constants qui parviennent à situer rapidement le lecteur parmi les conflits moraux et sociaux qui accompagnent l’intrigue. De l’enfance heureuse et insouciante, en 1952, aux années Kennedy, la guerre du Vietnam et les affres de la ségrégation, le roman prend une tangente dramatique prévisible, alors que la haine, les clichés et la précarité de la paix sociale des années soixante teintent chaque page du roman.
L’intérêt historique des premières pages laisse toutefois la place à un récit qui traîne en longueur et qui aurait pu être amputé du tiers, voire de la moitié. Si la rédemption est affaire de temps et de réflexion, le lecteur n’a pas à faire les frais d’une écriture qui vacille sous le poids des métaphores (religieuses) trop fréquentes, des hésitations d’un personnage principal construit trop simplement – comme tous les autres d’ailleurs – et d’une finale candide qu’on attend et qu’on arrive à prédire dès les deux-cents premières pages.
Rappelant à certains moments Le dernier jour d’un condamné, de Victor Hugo, Papillon de nuit est difficile à situer dans le genre. Entre récit historique malhabile et pâle copie de thrillers ordinaires, on cherche à comprendre la perte de rythme abrupte dans l’écriture et l’effritement d’un projet d’histoire qui aurait pu déboucher sur quelque chose de plus grandiose. Ce qui a la fin nous fait dire qu’on lira ce premier Ellory par désir d’avoir parcouru l’œuvre entière, et non pas intérêt pour la pièce que l’on tient entre les mains.
L'avis
de la rédaction