«Ma belle-mère chérie» de Varda Étienne – Bible urbaine

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«Ma belle-mère chérie» de Varda Étienne

«Ma belle-mère chérie» de Varda Étienne

Comme du théâtre d’été

Publié le 10 juin 2015 par Camille Masbourian

Crédit photo : Éditions La Semaine

Après avoir écrit Maudite folle! en 2009, dans lequel elle parlait de sa bipolarité, Varda Étienne a pris goût à l’écriture et a lancé, en 2011, Femmes de gangsters, son premier roman. Elle récidive cette année avec Ma belle-mère chérie, un livre de style chicklit, dans lequel trois amies d’enfance, maintenant trentenaires, vivent des relations très particulières avec leur belle-mère respective. Si le thème pourrait aisément être celui d’une typique pièce de théâtre d’été, il en est de même pour tout le roman, qui présente des personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, et des situations burlesques à souhait qui auraient bien fait rire le défunt Gilles Latulippe.

Gaëlle est une femme de carrière à la personnalité très forte, obsédée par son travail autant que par le sexe. Elle ne veut pas d’enfants pour toutes sortes de raison, qui pourraient être résumées par un seul mot: égoïsme. Elle ne veut pas que quelqu’un d’autre passe avant elle, dans sa vie autant que dans celle des autres, elle ne veut pas voir son corps se déformer, elle ne veut pas devoir s’occuper d’un enfant qui morve et qui chigne. «Allô l’esclavage et les seins en queue de castor après l’allaitement», dit-elle lorsqu’elle apprend que sa belle-sœur est enceinte. Si elle a la compréhension de son mari, il en va bien autrement pour sa belle-mère Margareth, une vraie mémé haïtienne qui ne cesse de prier pour sa belle-fille.

Sophie, quant à elle, n’a jamais travaillé, vivant dans une immense maison aux frais de sa belle-mère, son mari n’étant pas capable de grand-chose. Élevé dans la ouate la plus douce qu’il est possible de trouver, Kurt n’a jamais vraiment travaillé non plus, et n’a encore moins déjà fait le ménage, les soupers ou donné le bain à l’un de ses quatre enfants. Quand Sophie prend la décision de divorcer, sa belle-mère fera tout en son pouvoir pour que Kurt obtienne tout après le divorce et que Sophie n’ait plus rien, maison et enfants inclus. Sauf que Kurt voit cette séparation comme un drame à éviter autant pour lui que pour ses enfants, et cherchera à manipuler Sophie pour qu’elle revienne sur sa décision.

Finalement, Nathalie est celle qui s’entend le mieux avec sa belle-mère. En fait, Ginette est une grand-mère idéale pour les jumeaux de Nathalie, et un soutien très important pour Nathalie, abandonnée par son mari (le fils de Ginette), des années plus tôt. Sauf que lorsque Ginette est diagnostiquée d’un cancer incurable, Nathalie voit peu à peu son monde s’effondrer.

Il ne se passe pas grand-chose d’autre dans ce roman que ce qui est décrit plus haut et sur le quatrième de couverture. Et malgré tout, on soupire à plusieurs reprises tant les situations sont ridicules et les personnages unidimensionnels. Non, les romans de chicklit ne sont pas des références ultimes de profondeur, mais Ma belle-mère chérie bat définitivement des records. Même en le prenant au second degré, c’est plus souvent exaspérant qu’amusant. Gaëlle est un monstre d’égoïsme qu’on ne parvient jamais vraiment à apprécier, Nathalie est tellement déprimée qu’elle en est déprimante, et Sophie n’a tellement pas de colonne face à sa belle-mère qu’on a pitié d’elle pendant toute la lecture.

C’est donc malheureusement un raté pour ce deuxième roman de Varda Étienne.

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