LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Julie Artacho
Evelyne, tu es journaliste et animatrice de métier. D’ailleurs, nous on te connaît pour ta tribune à la radio sur les ondes d’ICI Première. À la télévision, tu animes aussi les magazines Clé en main (ICI ARTV), Chalets de la côte ouest et Sel et Diesel (Unis tv). Dis-nous, d’où t’est venue ta passion pour le journalisme et cette curiosité innée qui te caractérise si bien?
«J’ai toujours été curieuse, sans être potineuse. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’apprécie autant le journalisme, qui permet de passer d’un univers à l’autre. Au fil des ans, j’ai pu couvrir des sujets très variés autour de l’alimentation, de l’architecture, de la météo, des arts, de l’environnement…»
«En fait, il y a peu de sujets que je trouve sans intérêt. J’ai même plongé dans le merveilleux monde du sport à l’émission Le Sportnographe, sans jamais m’en remettre tout à fait. ;)»
Ton plus récent projet, CIAO plastique, a été diffusé sur ICI Explora au cours du printemps 2020. Et ce 21 avril, les Éditions de l’Homme ont fait paraître CIAO plastique! Peut-on vraiment s’en passer?, un livre-témoignage où tu racontes ton expérience d’un an où, ta famille et toi, avez décidé d’éliminer cette matière de votre vie quotidienne. Quelles ont été tes motivations à te lancer, avec la complicité de tes proches, dans ce projet qu’on pourrait qualifier d’«ambitieux»?
«Ambitieux, fou, utopique, oui! Je savais que ça allait être difficile, mais je voulais tester par moi-même les limites de la vie sans plastique. Au départ, le projet est né d’un sentiment d’impuissance devant l’abondance de déchets plastiques chez moi, malgré mes efforts et ma bonne volonté. Je ne savais pas par où commencer pour réduire ma consommation de plastique.»
«Alors, j’ai choisi d’être radicale en sortant au maximum le plastique de la maison et d’en interdire l’entrée. L’exercice a permis de prendre la pleine mesure de la présence du plastique au quotidien et de cibler là où il est superflu. J’ai compris que notre mode de vie nord-américain dépend beaucoup du plastique pour la technologie, les transports, les aliments tout-prêts à consommer – surtout sur le pouce.»
«Au fond, le plastique nous permet de gagner du temps et de nous simplifier la vie. Mais à quel prix?»
«Je pense aux emballages individuels notamment. Est-ce que ça vaut la peine de générer autant de déchets, de nuire à la santé humaine et animale, pour gagner une minute au moment de faire un lunch? Je ne pense pas. Mais le plus important, pour moi, c’est qu’à la fin de cette année exigeante, je me suis redonné du pouvoir sur un enjeu plus grand que moi.»
À travers ce livre, que tu qualifies de «guide», tu partages tes réflexions et tes constats d’une vie sans plastique, basés bien sûr sur ta propre expérience, et tu proposes à tes lecteurs des solutions de rechange durables au plastique. Peux-tu nous donner des exemples concrets où le plastique peut-être facilement évité et remplacé par autre chose?
«Les changements les plus faciles se sont faits dans la salle de bain. Le savon solide a remplacé les gels-douches et savons à mains liquides qu’on achetait en bouteille munie d’une pompe. Idem pour les shampooings et revitalisants qu’on utilise maintenant en barre. Pour les produits corporels comme les crèmes hydratantes et le dentifrice, on choisit des options en vrac.»
«Je n’ai plus de plastique dans la salle de bain, c’est remarquable! Sauf pour le papier de toilette, dont les grands formats arrivent emballés dans une pellicule transparente.»
«Aussi, les sacs de silicones refermables font des merveilles, du congélo aux boîtes à lunch. Ils remplacent les sacs de type Ziploc et valent l’investissement, même s’ils ne sont pas recyclables en fin de vie.»
«Au supermarché, je choisis les produits selon leur emballage. Par exemple, je priorise les boîtes de carton pour les pâtes, et j’achète toujours les grands formats des aliments préparés. Au comptoir de fruits et légumes, je boude les petits sacs transparents et je dépose les produits directement dans mon panier – je les laverai à la maison de toute façon avant de les consommer.»
«Je concentre mes achats sur les produits vendus nus sur l’étalage. Je cuisine davantage de biscuits, de muffins et de barres tendres pour éviter les produits prêts à consommer et suremballés. Bien sûr, tout ça exige plus de temps et d’organisation, mais le jeu en vaut la chandelle pour moi.»
Bon, comme il y a des sceptiques dans tout – en tout cas, nous on commence à fatiguer d’avoir autant de plastique à mettre au chemin chaque semaine! – pour ces lecteurs qui croient toujours qu’il est impossible d’éliminer le plastique de leurs vies, qu’aurais-tu envie de leur dire pour leur donner la petite impulsion d’essayer, au moins?
«Je citerais d’abord deux conclusions scientifiques récentes. D’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. Et les contaminants contenus dans les plastiques nuisent à la santé humaine, au point que, d’ici 2045, une majorité de couples devront avoir recours aux traitements de fertilité pour avoir un enfant.
«Les plastiques nuisent à notre santé et à celle des générations futures».
«Le plastique est une matière extrêmement durable. Je pense qu’il a tout à fait sa place dans les usages à long terme, comme la tuyauterie des maisons, les carrosseries de véhicules ou la machinerie médicale. Mais pour protéger un produit qui a une durée de vie très courte, par exemple la nourriture, quel est l’intérêt? En attendant des bioplastiques réellement biodégradables, on peut faire de meilleurs choix afin de réduire notre consommation.»
«Chaque fois qu’on achète un produit de plastique jetable, on endosse le choix des fabricants. On leur dit: “Continuez de produire de cette façon”. Il suffit de ne plus acheter ces produits pour envoyer un message clair. Ainsi, si tous ensemble nous décidions que les pots de yogourts individuels non recyclables sont une calamité et qu’on ne les achète plus, eh bien, ils disparaîtront du marché! Acheter c’est voter, c’est pas moi qui le dis!»
Comme tu sembles être ce genre de personnalité à toujours rouler à cent-mille à l’heure, avec un projet qui n’attend pas l’autre, aurais-tu envie de nous parler de ce qui t’occupe actuellement, si ce n’est pas indiscret? On est curieux!
«Je me prépare pour un tournage cet été à l’animation d’une nouvelle émission pour TV5 / UNIStv. À l’automne, je continue mon travail à l’émission Dessine-moi un dimanche et je joins également les rangs de l’équipe de Moteur de recherche sur ICI Première.»
«J’aime couvrir des sujets variés, je vous l’ai déjà dit?»