LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Mais le plan de vengeance prend des proportions proportionnelles aux dégâts engendrés, car l’ex-soldate Katja Rittmer, qui s’est sortie indemne d’un accident de voiture suite auquel son partenaire Chris y a perdu l’usage ses jambes, et la vie quelque temps après, désire bien plus que mettre au goût du jour l’adage œil pour œil, dent pour dent; elle veut à tout prix faire payer cher les employés des Usines Larenz, surtout son président Klaus Bender, qui semblent derrière la distribution d’armes illégales vendues en Afghanistan, celles qui auraient fait perdre la vie à Chris. Le diagnostic tombera rapidement: Ritmmer est aux prises avec un stress post-traumatique d’après-guerre qui va lui faire perdre les pédales, et toute sympathie envers l’humanité, du même coup. Malgré les conseils éclairés de l’avocate et protagoniste Valerie Weymann, Katja Rittmer va suivre ses pulsions meurtrières, kidnapper Bender et suivre son plan à la lettre, parcours qui n’est toutefois pas sans dégâts. Jusqu’où ira-t-elle pour venger les siens?
Après une ouverture où fourmillent une douzaine de personnages hauts placés qui exige une attention particulière de la part du lecteur, essentielle pour bien comprendre l’enjeu et l’importance de chacun dans l’histoire, La marionnette s’avère un thriller politique, doublé d’une enquête policière sophistiquée, efficace et bien tissé. L’expérience journalistique de Stefanie Baumm y est certes pour quelque chose, elle qui s’attaque à un récit complexe qui demande une grande connaissance des sociétés allemande et afghane, en plus d’un schéma crédible du profil-type d’un traumatisé de guerre, desquels fait partie Katja Rittmer. Les amateurs de Robert Ludlum y retrouveront les magouilles gouvernementales chères au créateur de Jason Bourne, mais aussi tout le suspense offert par un kidnapping. Pensez ici à Emergency 911 de l’Américain Ryan David Jahn.
Certes, il faut s’armer de patience d’entrée de jeu, mettre les pions aux bonnes places, et se laisser bringuebaler entre Hambourg, Berlin, Coblence, Mazar-e Charif, Kaboul et Kunduz pour bien apprécier ce roman, qui vous mènera, soyez rassuré, vers un dénouement bien orchestré, mais prévisible.
Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Zone de non-droit avant de se lancer dans la lecture de La marionnette, toutefois, et surtout pour ceux qui aiment bien avoir toutes les pièces du casse-tête en main, il demeure des zones grises dans cette histoire, puisque l’auteure n’en dit que très peu sur le passé de Valerie Weymann et l’histoire d’horreur qu’elle a vécue auprès de Don Martinez en Somalie. Mettre la table, avec tout ce que cela importe, aurait aidé un nouvel adepte à mieux saisir le portrait du protagoniste et bien comprendre ses anciennes peurs jusqu’ici refoulées.
L'avis
de la rédaction