Entrevue avec Alexandra Larochelle, auteure du roman «Des papillons pis de la gravité» – Bible urbaine

Littérature

Entrevue avec Alexandra Larochelle, auteure du roman «Des papillons pis de la gravité»

Entrevue avec Alexandra Larochelle, auteure du roman «Des papillons pis de la gravité»

Rafraîchissant comme une slush en été

Publié le 24 novembre 2015 par Camille Masbourian

Crédit photo : Michel Paquet et Groupe Librex

Il y a un peu moins de dix ans, Alexandra Larochelle, alors âgée de 14 ans, faisait paraître le sixième et dernier tome de la série Au-delà de l’univers, une histoire se déroulant dans un monde fantastique ayant pris naissance dans sa classe de quatrième année. Huit ans plus tard, elle vient de terminer un baccalauréat en communications à l’Université Laval et publie Des papillons pis de la gravité, un roman «à l’eau de cactus» qui goûte la slush rouge.

«Après le dernier tome [d’Au-delà de l’univers], j’avais commencé à écrire un autre livre, quelque chose qui n’avait pas du tout rapport avec la série. Je travaillais vraiment fort dessus, et mes parents me voyaient aller. Je passais mon été enfermée, à écrire… ce n’était pas très sain. Mes amis m’appelaient et je disais “non, je n’ai pas le temps”, parce que je voulais absolument que le livre sorte pour le Salon du Livre de Montréal. Mais je suis vraiment sociable, j’aime sortir, et j’étais en train de ne plus être moi-même. Mes parents m’ont encouragée à prendre une pause, ils m’ont dit: “Prends un an, amuse-toi.” Sur le coup, je ne voulais pas, je me disais que c’était un coup à donner, et que j’allais recommencer à avoir une vie sociale après. Mais plus j’y pensais, plus je me disais que c’était peut-être le temps que j’arrête un peu, et que j’aie 15 ans…»

Finalement, ce qui ne devait être qu’un an de pause s’est poursuivi jusqu’au cégep, où Alexandra s’est inscrite en cinéma. Pendant deux ans, elle a découvert un côté de l’écriture qu’elle ne connaissait pas, mais qu’elle a tout de suite adoré. «Écrire des scénarios, des pubs, ça a été super formateur. En sortant de mon DEC, je me suis dit que j’irais en publicité, que c’est ce que je ferais dans ma vie. Donc je me suis inscrite en communications à l’Université Laval.» D’ailleurs, la production vidéo fait toujours partie de sa vie, alors qu’elle scénarise, réalise et monte des vidéos pour divers évènements en parallèle de son «vrai» travail, son emploi chez Cortex Média, une compagnie de développement web basée à Québec, où elle réside.

Alors qu’elle pensait qu’elle n’écrirait plus de roman, une nouvelle idée a germé dans la tête de l’auteure. «J’avais l’idée du personnage, mais je n’avais pas vraiment de plan précis. Je ne savais même pas trop quoi faire avec ça, je ne voulais pas nécessairement le publier. J’avais un blogue, je me disais que je pourrais peut-être le mettre sur mon blogue chapitre par chapitre… Mais je l’ai fait lire à des amis et j’avais vraiment des bons commentaires, donc je me suis dit que peut-être que je pourrais le terminer et le publier, finalement. Je suis vraiment contente d’avoir pris cette décision-là, et de revenir dans le milieu», explique-t-elle, mentionnant au passage la grande flexibilité de son employeur qui lui permet de s’absenter le temps de faire des entrevues ou d’assister au Salon du Livre de Montréal, par exemple. «Mon patron est super compréhensif, mais c’est sûr que c’est plus facile quand on travaille que lorsqu’on étudie. Repousser la remise d’un travail à l’université, ce n’est pas nécessairement évident. Donc j’ai écrit le roman sur deux ans, vraiment à temps perdu.»

D’ailleurs, qu’en est-il de ce roman? C’est l’histoire de Frédégonde Hautcoeur, une adolescente dont «la vie amoureuse est autant de la marde que [son] nom». S’adressant directement au lecteur ou à la lectrice, Frédégonde nous invite à nous verser un (ou dix) verre(s) de vin et à l’écouter nous raconter son histoire. L’histoire est peut-être relativement commune – les problèmes amoureux d’une adolescente à quelques semaines de son bal de finissants, ce n’est pas particulièrement original, mais c’est le ton et l’écriture juste assez acide de l’auteure qui donnent au livre toute sa fraîcheur et son charme.

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«T’avais peut-être envie de te faire raconter une histoire à l’eau de rose? Sorry, t’as pas pigé le bon numéro», écrit-elle à la fin du premier chapitre. «Ma vie amoureuse, c’est pas particulièrement cute. C’est plein d’épines et ça fait un peu mal. Une histoire à l’eau de cactus, ça se dit? Whatever, moi, je le dis. Alors si t’as le goût de chialer et d’entendre chialer, amène-toi, ma chum, sors le vino et on va se brailler ça ensemble. T’es prête? Je pense pas que tu le sois, mais c’est correct.» C’est absolument irrésistible et heureusement, on rit beaucoup plus qu’on ne pleure en lisant Des papillons pis de la gravité. Pensez Aurélie Laflamme un peu plus vieille, définitivement plus crunchy, mais tout aussi attachante.

Un autre roman de chicklit, Des papillons pis de la gravité? Pas vraiment. L’auteure ne veut pas accoler d’étiquette à son œuvre, et même si elle dit aimer le genre, elle ne considère pas son livre comme en faisant partie. «Je pense que la chicklit c’est plus rose, plus bonbon, alors que mon livre, je le vois plus comme acide. Il y a des connotations, mais je ne le décris pas comme ça à cause du ton qui est utilisé, et je pense que c’est ce qui peut plaire aussi aux gars, même si le public principal sera plutôt composé de filles.» D’ailleurs, même si elle pensait viser les 16-25 ans, elle reçoit des commentaires positifs de gens de tous les âges. «Finalement ça ratisse assez large. C’est une bonne nouvelle.»

Tout à fait de son temps, la principale inspiration d’Alexandra Larochelle pour l’écriture de son roman sont les blogues qu’elle lisait lorsqu’elle était au cégep et à l’université. Elle cite notamment Nous sommes les populaires (blogue pour lequel écrivent notamment Stéphanie Boulay, Katerine Levac et plusieurs autres jeunes humoristes de la relève) et Les fourchettes, de Sarah-Maude Beauchesne. «J’aime beaucoup le style de ces blogues-là, oral, assez cru, un humour mordant.» Elle se dit également fan d’humour, et d’écriture humoristique. «Je n’ai pas vraiment envie de faire de stand up, mais j’aimerais ça travailler avec un humoriste. L’entendre faire une blague à laquelle les gens rient et me dire que c’est moi qui l’aie écrite!»

Et quels sont ses plans pour les prochaines années? «Je ne sais pas si je serai romancière toute ma vie, peut-être que vais l’être, je ne suis pas fermée à ça. Mais sans dire que je veux faire ça à temps plein nécessairement, j’aimerais quand même ça pouvoir écrire à temps plein. Écrire pour la télé, des humoristes. J’ai plusieurs objectifs à moyen terme, mais rien d’arrêté.» Un projet de film, peut-être? Histoire de combiner ses deux passions… «C’est sûr que j’aimerais ça voir mon histoire au grand écran. J’aimerais ça voir mes personnages prendre vie.»

À plus court terme, elle est rendue à la moitié de l’écriture du deuxième tome, suite et fin des aventures de Frédégonde Hautcoeur. Le premier tome se terminant sur une décision cruciale qu’avait à prendre le personnage, on ne peut avoir plus hâte de savoir quel aura finalement été son choix!

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