Littérature
Crédit photo : Tous droits réservés @ Hotel in Montreal
Mile End (2011) de Michel Hellman · Éditions Pow Pow
Ce petit roman graphique regorge d’esquisses et d’histoires que le bédéiste d’origine montréalaise a collectionnées au fil des années alors qu’il devait plutôt rédiger… son mémoire de maîtrise! Michel Hellman relate quelques bribes de son quotidien et des anecdotes qui mettent le projecteur sur les personnages types bien sympathiques qu’il a rencontrés lorsqu’il habitait le Plateau-Mont-Royal.
Se mettant en vedette à travers son personnage ours fort attachant, Hellman aborde, avec un ton chaleureux et humoristique, les effets de l’embourgeoisement du quartier qui battait déjà son plein au début du millénaire. Il y dépeint, par son exploration urbaine, les difficultés auxquelles faisaient face les artistes et les personnes friandes d’un mode de vie alternatif qui s’y étaient installés principalement pour la modestie des loyers.
Son appartement, situé au-dessus du restaurant Wilensky sorti tout droit des années 1930, à l’angle des rues Fairmont et Clark, est au cœur de l’album, et l’ambiance de village qui règne dans le quartier et les différentes atmosphères qui diffèrent au fil des saisons québécoises nous accompagnent sans relâche lors de la lecture, ce qui nous fait vivre une agréable nostalgie.
Les chroniques du Plateau-Mont-Royal (2000) de Michel Tremblay · Leméac
Voici un imposant volume qui regroupe plusieurs des fameuses histoires de notre Michel Tremblay national. En effet, il met en vedette le quartier ouvrier qu’était le Plateau-Mont-Royal dans les années 1940. En partant de La grosse femme d’à côté est enceinte à Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, sans oublier La duchesse et le roturier, on peut dire que Tremblay a regroupé ici, par un travail qui s’est étendu sur plus de vingt ans, sa comédie humaine bien à lui.
Rencontrez les personnages colorés d’Édouard, de la Grosse Femme et de son cousin Marcel, de Thérèse et de Marie-Sylvia, pour n’en nommer quelques uns, et suivez leurs aventures quotidiennes. Les dynamiques familiales, amitiés et prises de bec entre deux balcons de la rue Mont-Royal vous accompagneront lors de votre lecture.
Notons que le livre a été réédité par les Éditions Leméac et Actes Sud en 2017 en une version peaufinée, revue et corrigée par Tremblay lui-même! On y retrouve donc la crème de la crème du joual et de la plume du dramaturge, lui-même originaire de ce quartier montréalais.
Si vous voulez plonger dans la métropole à l’époque des tramways et des magasins 5-10-15, et vous familiariser avec ce qui peut être considéré comme le plus grand classique de la littérature québécoise, cette anthologie est pour vous!
L’hiver de force (1973) de Réjean Ducharme · Gallimard (collection Folio)
Suis-je la seule à trouver que de nombreuses œuvres québécoises se déroulent en hiver?
À bien y penser, ce n’est pas si étonnant, si on considère le fait que cette saison dure près de six mois par année… Décidément, le drapé blanc qui recouvre le paysage québécois en inspire beaucoup, et L’hiver de force de Réjean Ducharme n’en fait pas exception! Le roman parle d’un couple de jeunes professionnels, André et Nicole, qui vivent en appartement sur la rue Marie-Anne à Montréal.
Il s’agit là d’une histoire quelque peu fantaisiste au style absurde d’où l’on reconnaît bien la plume extravagante de M. Ducharme.
Ce bouquin a connu un vif succès lors de sa publication originale en 1973, décrochant le prix du Gouverneur général la même année. Il a même été le sujet d’une adaptation théâtrale au Théâtre du Nouveau Monde par Lorraine Pintal en 2001.
Le plongeur (2016) de Stéphane Larue · Le Quartanier
Ça n’a pas été facile de classer ce roman dans «le bon» quartier de Montréal, étant donné qu’il se déroule dans plusieurs coins de la métropole. J’ai toutefois cru bon de l’inclure dans la clique du Plateau, étant donné qu’une bonne partie de l’histoire se déroule au restaurant huppé La Trattoria, où travaille le protagoniste.
Le plongeur, c’est un roman frappant de réalisme, sombre et addictif, qui traite justement de la dure réalité des dessous pas toujours faciles des métiers de la restauration. Le héros — ou l’antihéros, devrais-je plutôt dire — est un jeune adulte aux prises avec une dépendance au jeu et, par conséquent, à des problèmes financiers.
L’auteur nous plonge (et ce n’est pas peu dire), dans un univers nocturne et dans les méandres de l’alcool en compagnie de personnages comme Bébert, le cuisinier aux relations douteuses, Isabelle, la copine du personnage principal et de son cousin, Malik, qui essaie de le garder dans le droit chemin.
Comme première œuvre, Stéphane Larue nous a offert une brique qu’il est difficile de lâcher et qui a reçu maints éloges depuis sa parution, dont le Senghor du premier roman francophone et francophile en 2017. On a tous bien hâte de voir ce qu’il nous offrira par la suite!
Paul en appartement (2004) de Michel Rabagliati · La Pastèque
Je termine cette liste en vous présentant une œuvre d’un autre Michel bien connu du monde littéraire québécois: celle de Michel Rabagliati! Eh oui, je vous gâte avec une autre bande dessinée! Le troisième titre de la série des Paul a connu un franc succès lors de sa parution, en 2004, et a même été traduit en anglais et en espagnol, c’est tout dire!
On y retrouve le personnage attachant de Paul, qui emménage en appartement sur le Plateau Mont-Royal avec sa copine Lucie. Rabagliati y raconte, avec la finesse et la sensibilité qu’on lui connaît, les petites aventures quotidiennes d’un jeune couple en pleine jungle urbaine qui découvre les joies d’un premier appartement et les prémisses de la vie d’adulte.
On dévore cet album qui agit comme un petit baume sur le cœur. Il fera revivre les aventures de jeunesse des plus vieux, et les nouveaux locataires s’y reconnaîtront assurément!