«Dans la peau de…» R.J. Ellory, auteur mordu de récits noirs – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» R.J. Ellory, auteur mordu de récits noirs

«Dans la peau de…» R.J. Ellory, auteur mordu de récits noirs

Écrire sur la psychologie de la condition humaine

Publié le 18 juin 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : Richard Ecclestone

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd’hui, nous avons jasé avec l'auteur britannique R.J. Ellory, dont le plus récent thriller, intitulé Le Carnaval des ombres, paraît ce 25 juin aux Éditions Sonatine. Laissez-vous porter dans le Kansas des années 1950, où une affaire sombre et horrifique est révélée au grand jour...

R.J., on aimerait beaucoup savoir à quel moment, dans votre parcours de vie, vous avez eu la piqûre pour la littérature et, plus spécifiquement, pour le genre littéraire du roman policier et du thriller?

«J’ai toujours été un mordu de lecture. Je n’ai jamais connu mon père, et ma mère est décédée quand j’avais 7 ans. Les neuf années qui ont suivi, j’ai été envoyé dans trois pensionnats et un orphelinat. Ce n’était pas si facile de se faire des amis. J’étais un enfant très calme. Je me suis perdu dans les livres, la musique, la photographie et d’autres activités.»

«Les rares fois où je rentrais à la maison pour rester avec ma grand-mère maternelle, elle ne savait pas vraiment quoi faire avec moi. Elle me disait que je pouvais regarder des films et des programmes télévisés, pourvu qu’ils avaient été réalisés avant l’année de ma naissance (1965). De cette façon, j’ai découvert l’âge d’or d’Hollywood et les films noirs classiques des années 1940, 1950 et 1960.»

«J’ai ainsi grandi avec Alfred Hitchcock, Cary Grant, Humphrey Bogart, James Cagney et Veronica Lake! Honnêtement, je pense que mon goût pour le récit noir est davantage influencé par le cinéma que par la littérature.»

On a découvert que, outre la littérature, vous vous êtes passionné pour de nombreuses disciplines comme la musique, la philosophie, la psychologie ou même la religion. Qu’est-ce qui fait de vous un homme aux intérêts aussi nombreux et diversifiés?

«Je suis quelqu’un qui a passé sa vie entière à poser des questions. Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? Y a-t-il un sens à la vie? Tout cela m’a conduit à de nombreuses pistes de recherche dans les sphères de la philosophie, de la psychologie, de la religion et autres sujets connexes. Je considère que je suis orienté vers la spiritualité, et j’aime penser qu’une fois qu’on meurt, il doit y avoir une nouvelle aventure qui nous attend!»

«Pour ce qui est de la musique, elle a toujours occupé une part significative dans ma vie. Je continue d’écrire de la musique, de faire des concerts avec mon groupe, et j’ai composé de la musique pour la télévision et le cinéma.»

«Je suis un photographe enthousiaste, et j’aime aussi construire des meubles. Je travaille également sur des séries télé et des scénarios de long métrages. Je suis quelqu’un qui n’est jamais satisfait, jusqu’à ce que je sois trop occupé. J’ai toujours besoin d’avoir l’impression qu’il y a tout simplement trop de choses à faire.»

Ce 18 juin, votre nouveau livre Le Carnaval des ombres paraît aux Éditions Sonatine. Cette histoire nous plonge dans le Kansas des années 1950 – et plus spécifiquement dans la ville de Seneca Falls – où un cirque ambulant vient de poser ses valises pour faire rêver les spectateurs du coin… avant qu’un événement macabre se produise et qu’un corps qui gît soit découvert sous le carrousel. D’où vous est venue l’inspiration pour cette histoire, en fait?

«Je dois toujours être interpellé par le sujet en question, sinon je ne peux tout simplement pas écrire le livre. Je faisais des recherches sur Les Anonymes du CIA, et je n’arrêtais pas de trouver des références aux programmes de “manipulation mentale” qui avaient été réalisés par les services de renseignement américain après la Seconde Guerre mondiale. Ça m’a intrigué.»

«J’étais aussi fasciné par la paranoïa et la psychose de J. Edgar Hoover. Quand j’ai découvert qu’il y avait eu cette collaboration entre le FBI et la CIA au début de la guerre froide – en soi, une volonté de créer un groupe d’espions avec des pouvoirs psychiques –, j’ai pensé que ce serait une prémisse très intéressante pour un roman.»

«Le thème central de ce livre est la psychologie de la condition humaine, l’exploration des choses dont l’humain est capable, et comment ces capacités ont été exploitées par des individus aux desseins corrompus et destructeurs. En fin de compte, je veux écrire à propos des gens, et c’était un moyen efficace d’explorer et de mettre en lumière la profonde curiosité que je nourris pour mon prochain.»

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Pouvez-nous nous parler davantage de la trame narrative du roman et des péripéties qui attendent vos personnages? On est curieux d’en savoir plus et d’offrir un petit teaser pour attiser l’envie de nos lecteurs qui dévoreront bientôt votre nouveau livre!

«Établie en 1959 dans le Kansas, l’intrigue traite d’une enquête sur une affaire de meurtre. Un corps gisant est découvert sous le carrousel d’un cirque ambulant dans une petite ville nommée Seneca Falls. Parce que le cirque a traversé les frontières, cela doit être appréhendé comme une affaire d’État, et un agent du FBI – Michel Travis – est envoyé sur place pour comprendre ce qui se cache derrière ce meurtre apparent.»

«Travis est un “employé dévoué”. Le FBI est sa vie. Il est exigeant et prévisible dans tout ce qu’il entreprend. Il veut que tout soit ordonné et enregistré précisément. Son monde entier est nettement délimité et sûr. Cependant, il y a de nombreuses zones d’ombre dans cette affaire. Les gens du cirque ne coopèrent pas quand il s’agit de répondre à une question claire. Tout ce que Travis découvre déstabilise et perturbe sa vision bien rangée de lui-même et du monde. Sa foi inébranlable en des faits concrets et des preuves tangibles est remise en question, encore et encore.»

«Alors que la tournure de l’enquête devient encore plus dérangeante et qu’une conspiration sombre et horrifique est mise en lumière, Travis est forcé de questionner tout ce en quoi il croit. Ses expériences le transforment du tout au tout, alors qu’il affronte son propre passé et sa perception de tout ce qui l’entoure.» 

Et si l’occasion se présentait pour vous de profiter d’un bon repas savoureux avec un.e auteur.e que vous avez toujours admiré.e, en vie ou décédé.e, qui choisiriez-vous et de quoi parleriez-vous ensemble le temps d’une soirée?

«Je crois que je choisirais Truman Capote, pas seulement parce que je pense qu’il serait un convive fascinant, mais aussi parce que je considère que son livre In Cold Blood est l’un des meilleurs ouvrages jamais écrits.»

«Pour moi, c’est la parfaite combinaison entre fiction et recherche, et ça m’a toujours servi de modèle pour créer un environnement et une atmosphère très convaincants à l’écrit.»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec Interforum Canada.

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