LittératureDans la peau de
Crédit photo : Julie Artacho
Laurent, tabarnouche!, le temps passe donc bien vite! Ça fait déjà deux ans qu’on a jasé avec, au centre de notre discussion, ton livre L’histoire nous le dira: Tabarnouche, pâté chinois et autres traits culturels du Québec, paru le 13 avril 2022 aux Éditions Hurtubise. Parle-nous brièvement du succès rencontré auprès du public, et des réactions qu’il a engendrées autour de toi!
«Dans le tome 1 de L’histoire nous le dira, je pense que la partie sur la langue a été la plus appréciée, notamment celle sur l’accent québécois. On m’avait toujours raconté que notre accent était une sorte de français du 18e siècle qui n’avait pas évolué. En réalité, c’est beaucoup plus complexe que ça, et je pense que les lecteurs ont apprécié cette partie.»
«De même que celle sur la gastronomie québécoise, notamment sur l’histoire de la poutine, du sirop d’érable, des casse-croûtes, des smoked meat ou encore des bagels.»
«Beaucoup m’ont écrit pour me demander s’il y allait avoir une suite et m’ont même posé des questions, notamment sur la Nouvelle-France ou sur le patrimoine bâti, et c’est comme ça que, tranquillement, a commencé à germer l’idée de s’intéresser à ces emblèmes du Québec, ce qu’on appelle aussi des lieux de mémoire.»
Bon nombre de nos lecteurs et lectrices le savent déjà: tu es professeur en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Et L’histoire nous le dira, ce n’est pas seulement une série de livres sur la culture québécoise, mais à la base une émission diffusée sur ta chaîne YouTube et sur Radio-Canada, et à travers laquelle tu offres «un peu de culture générale en histoire, le tout distillé en quelques capsules pour le plaisir des yeux et des oreilles». À ce jour, 494 000 abonnés te suivent, et ta chaîne YouTube a franchi le cap des 42 millions de visionnements. Chapeau! Qu’est-ce qui explique un tel succès, d’après toi?
«Bien honnêtement, je me pince encore tous les jours face à tout ça. Je travaille dans mon bureau pour écrire des textes qui vont plaire aux gens et j’essaie de rendre le tout le plus simplement devant la caméra.»
«Avec le temps, j’ai appris à éclairer, à filmer, à réaliser, à prendre du son, à monter et à mixer, des choses que je continue d’apprendre. C’est, pour moi, une école particulièrement captivante.»
«Je veux aussi faire des vidéos en dehors de mon studio, comme celles que j’ai réalisées sur l’histoire des Îles-de-la-Madeleine ou encore au Fort Ingall. Je prends énormément de plaisir à aller rencontrer les professionnels et les spécialistes directement sur le terrain, je pense que ça donne un petit plus.»
«Cela étant dit, j’essaie de livrer le plus simplement du monde les choses et de les rendre accessibles; c’est la mission que je me suis donnée, et j’adore ça!»
Précédemment, on a un peu vendu le punch en parlant d’une série de livres, et avec raison, car le tome 2 est (enfin) sorti en librairie le 9 mai dernier. Avec ce deuxième chapitre intitulé L’histoire nous le dira: La Conquête, les bungalows et autres marqueurs de l’identité québécoise, tu t’intéresses cette fois à l’héritage social, culturel et politique des Québécois et Québécoises, en abordant l’histoire du Québec «de la Nouvelle-France à aujourd’hui, en passant par la Conquête, le patrimoine bâti, les lieux signifiants et quelques-unes des affaires judiciaires qui ont secoué la province.» Peux-tu nous parler plus précisément de ces grands thèmes que tu as souhaité aborder, histoire de nous mettre l’eau à la bouche?
«Ce que j’ai voulu faire dans ce deuxième tome, c’est m’intéresser à ces emblèmes de la culture québécoise, soit des choses que l’on sait être typiquement et entièrement québécoises, mais dont on ne connait pas nécessairement l’histoire. Par exemple, la fameuse ceinture fléchée: on la voit durant le carnaval, mais on se demande pourquoi on la porte, ou encore, de manière plus large, les bungalows dans les banlieues, qui ont été si magnifiquement bien mises en scène dans Les voisins, en 1980 ou, plus récemment, dans la série C’est comme ça que je t’aime.»
«Je voulais comprendre ces marqueurs d’identité qui nous rassemble et nous fonde, et là, on parle autant de la forêt que du fleuve en passant par le Château Frontenac, le Stade olympique que la chemise de bûcheron.»
Tu peux bien sûr laisser l’ego s’exprimer en toute liberté: qu’est-ce qui fait de L’histoire nous le dira une série d’ouvrages incontournables pour quiconque s’intéresse à l’histoire québécoise?
«Pour moi, l’histoire doit être accessible à tous, elle doit parler au plus grand nombre. Je veux faire des livres qui permettent de comprendre le monde dans lequel on vit, de lui donner de l’épaisseur en rappelant les grandes étapes qui ont permis au Québec d’être ce qu’il est.»
«Par exemple, dans le premier chapitre, je m’intéresse aux origines du territoire pour comprendre la façon dont, physiquement, cet espace-là s’est constitué, pour ensuite parler des premiers occupants, des grandes figures de la Nouvelle-France et, notamment, de la Bataille des Plaines d’Abraham, dont on dit qu’elle n’a duré que quelques minutes, ce qui n’est pas totalement vrai.»
«C’est ça que je veux faire: raconter l’histoire avec passion et avec fougue pour amener les lecteurs et lectrices à revenir dans le passé et, par ricochet, à mieux comprendre le Québec.»
On commence à te connaître, tu as toujours la tête occupée par mille et un projets! Dis-nous donc ce que 2024 te réserve comme projets professionnels, et de vie, pourquoi pas? On est entre amis, après tout!
«En ce moment, je travaille sur la prochaine série de sept vidéos qui va sortir sur ma chaîne YouTube L’Histoire nous le dira. Après la Révolution française, la Première Guerre mondiale et la Deuxième Guerre mondiale, je vais cette fois explorer un sujet plus sensible, plus culturel. Je ne vous en dis pas plus, ça devrait sortir cette année.»
«Aussi, comme je le dis dans l’introduction du livre, j’ai eu un rapport à la scène qui m’a fortement marqué, et j’ai bien l’intention d’y retourner au cours des prochains mois. C’est un rêve depuis longtemps et j’espère bien le réaliser…!»