«Dans la peau de…» Jocelyne Mallet-Parent, autrice inspirée par les sujets brûlants d’actualité

Jocelyne, nous sommes contents de faire votre connaissance aujourd’hui! Vous qui avez œuvré dans le monde de l’éducation au Nouveau-Brunswick, vous vous consacrez désormais à l’écriture de romans. On est curieux de savoir: d’où vous est venue la passion pour l’écriture?

«Ma passion pour l’écriture est sûrement née de celle que j’avais déjà pour la lecture étant toute petite. Cette deuxième passion s’est greffée à l’autre comme par osmose, dans une sorte de prolongement naturel. Pas surprenant, donc, que j’aie choisi le département des Lettres françaises le temps venu de poursuivre mes études universitaires.»

«Après avoir mené une carrière des plus actives dans le monde de l’éducation – enseignante, directrice de polyvalente, directrice générale de districts scolaires fusionnés et sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation du Nouveau-Brunswick –, il était plus que temps pour moi de revenir à mes premières amours: la littérature! Mon objectif était de favoriser l’accès à la culture pour tous par le biais de la lecture.»

«J’ai donc décidé d’écrire… pour faire lire! Et pour garder les lecteurs captifs, je privilégie les rebondissements narratifs et un style d’écriture vivant qui les gardent en haleine du début jusqu’à la fin.»

Nous avons par ailleurs appris que vous êtes une «globe-trotteuse accomplie»! Est-ce que ces nombreux voyages à l’étranger ont été des sources d’inspiration pour vous ?  

«Quoi de plus inspirant, en effet, que le dépaysement des voyages pour nourrir l’imaginaire d’une romancière! J’ai eu l’occasion de voyager dans plus de soixante-cinq pays, sans parler de ceux où je suis retournée à plusieurs reprises. Et chaque fois… je suis revenue au pays avec mes valises pleines d’histoires à raconter.»

«Mon premier roman Sous le même soleil m’a sans aucun doute été inspiré par un séjour de travail en Afrique où pratiquement tout était différent de chez moi. J’ai parlé de la Polynésie française dans mon deuxième livre Ariane – L’éclaboussure, puis est né Dans la tourmente afghane, un roman qui mène le lecteur dans les hautes sphères de ce pays aux pics déchiquetés.»

«Dans Celle qui reste, l’Inde a été amplement évoquée. Puis, j’ai soudainement réalisé qu’il était plus que temps de parler de mon magnifique coin de pays, ce qui fut aussitôt fait dans Le silence de la Restigouche. C’était probablement sous-estimer mon penchant naturel pour les dépaysements qui sont vite réapparus dans les deux romans qui ont suivi. J’ai évoqué les pays marqués par le djihadisme dans Basculer dans l’enfer, tandis qu’une bonne partie de la trame narrative de mon plus récent Arnaqués.com se déroule en Russie.»

«Je crois bien qu’on pourrait résumer sans trop se tromper que parler “d’ailleurs” dans mes romans est devenu l’une de mes marques de commerce!»

C’est le 1er mars que votre roman Arnaqués.com paraîtra aux Éditions David. Au fil des pages, on suit l’inspecteur Alex Duval, qui tente d’élucider trois cas de cybercriminalité corsés, dont un scandale sexuel où la victime est une ministre, la circulation de photos dégradantes d’une jeune fille et un cas de chantage sur une personne âgée. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’explorer l’univers déroutant et effrayant des escroqueries sur le Web? 

«Comme une bonne majorité de gens, je suppose, j’étais chaque jour stupéfaite par le nombre grandissant de cas de dérapages sur les plateformes numériques: violence sur les médias sociaux, difficulté grandissante à démêler le vrai du faux, vu la prolifération inouïe des fake news, la multiplication exponentielle des cas de fraudes reliées aux avancées technologiques, etc. Je me suis alors intéressée plus en profondeur à l’un des sujets d’actualité les plus chauds du XXI^e siècle: l’avènement d’Internet… et à ses nombreux impacts. Devant l’amplitude du phénomène, l’imaginaire de la romancière s’est aussitôt emballé!»

«Il n’y a aucun doute que l’avènement d’Internet a eu des répercussions fort positives dans nos vies. Le Web a ouvert les portes du monde entier à des milliers d’internautes en leur permettant d’avoir accès, du bout des doigts, à des quantités phénoménales d’informations.»

«Malheureusement, Internet est également devenu le terrain de chasse de prédilection des arnaqueurs de tout genre qui y sont entrés par la grande porte et qui y ont déversé leur lot de pseudo-connaissances (désinformation journalistique, propagation de fake news, multiplication de faussetés) et y ont perpétré de nouvelles sortes de crimes (extorsions, arnaques, escroqueries, cyberintimidation, usurpations d’identité, et j’en passe). Internet a aussi eu ses répercussions sur la santé mentale des usagers: problèmes de dépendances, dérapages sur les médias sociaux, violences des contenus numériques, etc.»

«Bon nombre de connaisseurs n’hésitent pas à proclamer que la cybercriminalité est devenue la plus grande menace de l’heure, tant au niveau de nos démocraties que de notre économie. Quant aux défis reliés à la traque des cybercriminels, ils relèvent pratiquement de l’exploit, tant ces derniers laissent peu de traces, bien camouflés qu’ils sont sous le dark web. Et au nombre d’heures que nous passons sur nos multiples écrans, nous sommes tous à risque d’en devenir victimes un jour ou l’autre.»

«Lorsqu’on constate la vitesse effarante à laquelle se développe la cybercriminalité et aux sommes astronomiques qu’il en coûte à la société – 6 000 milliards de dollars en 2021 –, c’est un euphémisme de dire qu’il est urgent de réglementer Internet et de mieux encadrer les plateformes numériques.»

«Plus je lisais sur ce sujet brûlant d’actualité, plus j’étais convaincue qu’il me fallait absolument traiter de ce thème dans mon prochain roman. De là est né Arnaqués.com!»

Pourriez-vous nous parler un peu plus en détail des portraits psychologiques des personnages victimes de cybercriminalité que sont Laurence Fox, Samia Taboury et Antoine Carpentier? Dites-nous un peu comment ils vont réagir face aux événements auxquels ils vont avoir à faire face, sans tout nous dévoiler, bien sûr!

«Les experts en la matière avancent que peu importe son âge, sa provenance sociale ou son degré de réussite dans la vie, toute personne est susceptible de devenir un jour la proie de cybercriminels. Trois des principaux personnages du roman Arnaqués.com viennent étoffer cette affirmation.»

«Laurence Fox, une politicienne à l’avenir prometteur, est une femme intelligente, déterminée, à la fois astucieuse et pleine d’ambition.»

«Samia Taboury, une étudiante en sciences infirmières, est une jeune fille introvertie, au caractère timide et réservé qui a déjà connu sa part d’adversité dans la vie.»

«Quant à Antoine Carpentier, un octogénaire en foyer de soins qui n’est pas très heureux de se retrouver démuni et diminué physiquement après avoir connu une vie aisée et une brillante carrière en tant que médecin, il s’agit d’un être indépendant et passablement centré sur lui-même.»

«Au fil de la narration, on verra que chacun d’eux va réagir bien différemment une fois devenu victime des cybercriminels. L’esprit rationnel et la force mentale de Laurence Fox prendront tout naturellement le dessus; la détresse et le désespoir de Samia Taboury ne feront que s’amplifier; l’égocentrisme d’Antoine Carpentier continuera de dicter ses agissements.»

«Quant à Alex Duval, l’inspecteur détective à la fois compétent et professionnel qui est responsable du département de la cybercriminalité, il devra lui-même faire face à ses propres démons, cela ne diminuant en rien sa sensibilité et sa capacité naturelle d’empathie. Réussira-t-il à soustraire ces trois victimes des mailles de la Grande Toile? C’est ce que vous apprendrez en lisant Arnaqués.com!»

À court ou moyen terme, y a-t-il d’autres sujets brûlants que vous aimeriez explorer au sein de vos créations littéraires et, si oui, lesquels?

«Sans vouloir tomber dans les clichés, j’avancerais que la plupart du temps, ce n’est pas moi qui choisis tel ou tel sujet d’écriture… ce sont plutôt eux qui s’imposent à moi. Règle générale, lorsque mon besoin d’écrire se fait sentir, j’entre dans ce que j’appelle mon mode “observation”. Je déploie alors mes antennes, j’écoute plus attentivement, je regarde avec plus d’acuité, j’épie parfois un peu sournoisement tout ce qui se passe autour de moi.»

«Puis, un beau jour, je vois une scène, je surprends une bribe de conversation, je lis un article dans un journal, je prends connaissance d’une recherche sur Internet, et ça y est. Il y a un déclic dans ma tête. Une graine est semée dans mon esprit, qui va se mettre à germer, pousser, m’obséder. Et je sais d’instinct qu’il s’agira là de mon prochain sujet d’écriture.»

«Il faut aussi dire que les sujets d’actualité, ceux dont tout le monde parle, ceux qui suscitent l’intérêt des gens, ceux qui font réagir et qui provoquent les échanges d’idées sont à coup sûr mes sujets de prédilection. Donc… si vous voulez anticiper quels seront les sujets de mes prochains écrits, vous n’avez qu’à suivre l’actualité, lire les journaux, écouter les bulletins de nouvelles, fureter sur Internet! Et, bien sûr… vous enquérir des prochaines destinations de voyages que j’ai dans la mire!»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions David.