«Dans la peau de...» Emma Donoghue, une auteure polyvalente et plus que jamais d'actualité – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Emma Donoghue, une auteure polyvalente et plus que jamais d’actualité

«Dans la peau de…» Emma Donoghue, une auteure polyvalente et plus que jamais d’actualité

Partir à l'aventure et créer hors des sentiers battus

Publié le 10 septembre 2021 par Mathilde Recly

Crédit photo : Mark Raynes Roberts

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd’hui, on a jasé avec l'auteure Emma Donoghue, alors que la traduction française de son roman historique Le pavillon des combattantes vient de paraître aux Éditions Presses de la Cité. On vous laisse découvrir la pertinence d'une créatrice visionnaire et entièrement dévouée à l'écriture... quel que soit le genre!

C’est un plaisir de faire votre connaissance, Emma! D’où vous est venue la passion pour la littérature, et quand avez-vous commencé à écrire vos premières histoires?

«J’ai grandi dans une maison remplie de livres. Mon père était critique littéraire et ma mère enseignante, j’ai donc été élevée dans le culte de la littérature. Lorsque je lisais, mes parents n’essayaient jamais de me convaincre de faire autre chose. Ils nous laissaient tranquilles, moi et mon imagination!»

Vous écrivez aussi bien des romans que des nouvelles, ainsi que des scénarios de films et même des pièces de théâtre. Qu’est-ce qui explique votre facilité à créer dans des genres littéraires aussi variés, selon vous?

«Je me souviens qu’un jour, alors que j’avais neuf ans, un professeur nous a demandé d’écrire un conte de fées, puis un récit d’aventure, puis un sonnet, et ainsi de suite. J’ai aimé cette ouverture d’esprit, cette façon de nous entraîner avec témérité et assurance hors des sentiers battus. J’aime cultiver ce que les bouddhistes appellent “l’esprit du débutant” en m’essayant à des genres nouveaux pour moi comme, récemment, la science-fiction et la comédie musicale.»
 
Ce mois de septembre, la traduction française de votre roman Le pavillon des combattantes est paru aux Éditions Presses de la Cité. Ce «huis clos intense et fiévreux» met en scène une infirmière irlandaise, Julia Power, dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par l’épidémie de grippe espagnole qui se propage à vitesse grand V à la fin de la Première Guerre mondiale. Où avez-vous puisé l’inspiration, et qu’est-ce qui vous a donné envie de parler de ce chapitre de l’Histoire?
 
«C’est un article lu dans le magazine The Economist qui m’a inspirée. Il évoquait l’étrange atmosphère post-apocalyptique des villes confinées lors de la grippe espagnole. Lorsque j’ai appris que les femmes en fin de grossesse étaient les plus durement touchées, je me suis dit qu’un roman se déroulant dans une unité d’obstétrique serait une sorte de récit de guerre au féminin – une étude microcosmique d’une pandémie. J’ai achevé mon dernier jet juste avant que la COVID-19 ne frappe. Bien sûr, je ne me doutais absolument pas que ce roman historique allait soudain devenir aussi actuel!»

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Sur quels types de documents d’archives (ex: coupures de journaux) vous êtes-vous basée pour reconstituer le Dublin de 1918 et, plus précisément, la vie de l’époque en milieu hospitalier?

«Je me suis d’abord appuyée sur des études consacrées à la grippe aux quatre coins du monde, qui m’ont ensuite menée à des journaux intimes de médecins et d’infirmières, des documents de propagande gouvernementale, des dessins satiriques… Je me suis aussi référée à des manuels de formation destinés aux sages-femmes (avec de nombreuses illustrations assez inquiétantes !) et à un énorme éventail de photos – la grippe de 1918 est la première pandémie à avoir été entièrement documentée par des photographies.»

À court ou moyen terme, avez-vous déjà un semblant de synopsis qui vous trotte en tête pour un prochain projet d’écriture et, si oui, pouvez-vous nous en dire un peu plus?

«Je viens justement d’écrire les premières lignes d’un nouveau projet. J’ai fait ça sur le plateau de tournage de The Wonder, où je travaille avec deux autres personnes à l’adaptation de ce roman que j’ai publié en 2016 (c’est aussi l’histoire d’une infirmière, mais cette fois dans les années 1850). C’est incroyablement excitant de voir un monde que j’ai créé sous forme de mots prendre vie au milieu des décors, des costumes et des comédiens!»

«Je travaille avec la même société de production (Element Pictures) avec laquelle j’ai réalisé Room. The Wonder va être diffusé sur Netflix dès l’année prochaine.»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec Interforum Canada.

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