«Amun», récits d'un collectif d'auteurs autochtones – Bible urbaine

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«Amun», récits d’un collectif d’auteurs autochtones

«Amun», récits d’un collectif d’auteurs autochtones

Prise de parole poétique sous la direction de Michel Jean

Publié le 25 octobre 2016 par Audrey Neveu

Crédit photo : Éditions Stanké

Recueil de nouvelles d'un collectif d'auteurs autochtones, Amun est une véritable prise de parole à la fois politique et poétique. Sous la direction de Michel Jean, cet ouvrage est traversé par une douleur sourde à la fois belle, triste et touchante, difficile à ignorer.

«Amun», ou «rassemblement» dans la langue innue, c’est bien l’esprit qui se dégage de ce recueil publié aux Éditions StankéDes artistes et leaders autochtones se rassemblent en prenant la plume. Malgré leurs origines et destins différents, il se dégage de leur écriture une continuité de propos inspirants.

Que ce soit une jeune Innue perdue dans la grande ville qu’est Montréal, racontée par Natasha Kanapé Fontaine, ou encore une remontée dans le temps sur la bravoure d’un peuple trop rapidement décimé à l’arrivée des colons, narrée par Jean Sioui, on s’absorbe en quelques lignes au cœur d’une nouvelle réalité qui est encore tristement méconnue.

Même si ce recueil est petit, il est difficile d’enchaîner les nouvelles tant on se perd dans chacune. On ressent le besoin de poser l’ouvrage pour bien méditer chaque nouvelle, puis en ressortir.

Joséphine Bacon, Natasha Kanapé Fontaine, Naomi Fontaine, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Melissa Mollen Dupuis, Jean Sioui, Alyssa Jérôme, Maya Cousineau-Mollen, Louis-Karl Picard-Sioui et Michel Jean nous livrent un petit récit qui semble longuement mûri, qui traduit une peine sourde de leurs peuples, un grand peuple uni dans une douleur enfouie. Même si l’espoir pointe son nez au détour d’une page, on sent que leurs personnages, indépendants les uns des autres, se retrouvent dans une quête d’identité.

On ne sent cependant aucune honte derrière ces fictions, mais bel et bien une prise de parole.

Soulignons un coup de cœur pour la nouvelle de l’instigateur de cet ouvrage, Michel Jean, lui-même écrivain et journaliste innu, pour sa nouvelle «Où es-tu?», récit incroyablement poignant d’une jeune mère qui attend longuement le retour de son mari, disparu dans les bois. Difficile de ne pas ressentir la même attente lancinante, la même crainte que l’on tente de refouler à mesure que le temps passe et que l’hiver s’installe.

Les traditions et réalités des Premières nations demeurent encore largement méconnues et Amun est une petite porte entrouverte sur un monde que se plairont à découvrir et à tenter de comprendre les lecteurs. Par sa prise de parole crue et poétique, cet ouvrage mérite bien sa place dans l’univers littéraire québécois. Souhaitons qu’il crée un véritable «Amun» au-delà des lecteurs.

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