Littérature
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Carnets de résidences: «Occupez-vous des chats, j’pars!», Iris
Iris est connue des amatrices et amateurs de BD québécoises pour sa série L’ostie d’chat, co-écrite avec Zviane, et plus récemment pour La liste des choses qui existe, une collaboration avec Cathon. Son plus récent ouvrage, tout juste paru aux Éditions Pow Pow, est un chouette recueil de carnets de résidences nous entraînant de la France à la Russie et de la Belgique au Japon au gré des résidences d’auteurs et événements littéraires qui ont ponctué la carrière d’Iris.
L’autrice s’y met en scène avec humour et franchise jusqu’à devenir, au fil des pages, une bonne copine qui nous raconte ses grandes et petites aventures de voyage.
Iris y parle de ses découvertes culinaires et de ses déboires de voyage, livre quelques anecdotes de soirées arrosées. Elle raconte des rencontres avec d’autres auteurs de BD et nous confie ses angoisses professionnelles. Les carnets de résidences de la dessinatrice ont été publiés par le passé sous la forme de fanzines.
Ils sont ici assemblés et enrichis de pages inédites permettant de contextualiser et de commenter les récits de résidences. Cette BD attachante qui met le sourire aux lèvres est l’une des sorties du printemps à ne manquer sous aucun prétexte!
Iris, Occupez-vous des chats, j’pars! Carnets de résidences, Pow Pow, 2021, 198 pages, 27,95 $.
Big Brother is Watching You, «1984», Xavier Coste (d’après le roman de George Orwell)
1984 est maintenant tombé dans le domaine public. Le chef d’œuvre de George Orwell est plus que jamais d’actualité alors que la vidéo surveillance se répand dans les villes, que les enceintes intelligentes sont accusées de nous écouter, et que nos moindres pas sur Internet sont suivis de près par des mouchards. C’est l’occasion rêvée de se replonger dans la dystopie oppressante de l’auteur anglais, publiée au sortir de la guerre en 1949.
Toute adaptation est un pari risqué, mais je dois avouer que celle de Xavier Coste est une belle réussite. Dans cet ouvrage au format carré, Coste dépeint une Londres anxiogène aux immenses bâtiments ministériaux, inspirés de l’architecture soviétique tranchant avec les quartiers populaires sinistrés et régulièrement bombardés.
Y déambulent des silhouettes fantomatiques souvent privées de regard… des individus qui ont perdu leur humanité et leur liberté de pensée. Coste joue avec les couleurs et déploie un intéressant code chromatique attribuant aux différents lieux du récit des couleurs évoquant tour à tour la brutalité et la froideur émotionnelle des lieux.
La première édition de cette adaptation est assortie d’une pop-up réalisée par Nicolas Codron et qui offre au lecteur l’occasion de contempler la Londres de Big Brother en trois dimensions. Ce roman graphique réussi est une belle opportunité pour se replonger dans un grand classique de la littérature.
Xavier Coste, 1984, Sarbacane, 2021, 224 pages, 54,95 $.
Chroniques de jeunesse: «C’était quoi ta job d’été?», Guy Delisle
Guy Delisle est connu pour sa magnifique série de chroniques invitant à la découverte. De la Chine à la Birmanie, d’Israël à la Corée du Nord, l’auteur québécois a fait voyager ses lecteurs grâce à ses romans graphiques fouillés et documentés. Son dernier opus, Chroniques de Jeunesse, est résolument COVID-friendly… puisque l’histoire se déroule à Québec!
Delisle revient sur sa jeunesse, du temps où il était au cégep et travaillait dans une impressionnante usine de pâte et papier où son père était employé. Intimiste et au ton plus léger que ses précédentes Chroniques, ce roman graphique tourne la page des récits de voyage, tout en dévoilant les premiers pas de l’auteur dans le monde de l’animation, son emploi avant de se tourner vers la BD.
On y retrouve des planches à la composition fouillée et aux décors travaillés qui caractérisent le minutieux travail de Delisle. L’humour est toujours au rendez-vous, même si quelques pages sont empreintes d’une certaine gravité. Acclamé par la critique, cet ouvrage chaleureux permet de renouer avec un auteur bien aimé du public.
Guy Delisle, Chroniques de Jeunesse, Pow Pow, 2021, 160 pages, 24,95 $.
Fable à la Renaissance: «Peau d’homme», Hubert et Zanzim
Peau d’homme transporte ses lecteurs dans l’Italie de la Renaissance. Bianca, une jeune fille de bonne famille, doit se marier avec un homme dont elle ignore tout. Qu’à cela ne tienne, sa tante lui donne une «peau d’homme», un secret bien gardé des femmes de sa famille. En revêtant la peau d’homme, Bianca devient Lorenzo, un beau jeune homme qui fait tourner les têtes.
Cette peau d’homme est l’attribut parfait pour rencontrer son promis avant leurs noces.
Réalisée par un tandem d’auteurs français, cette bande dessinée a l’ambition de proposer une réflexion critique sur les identités de genre, l’égalité et la sexualité et le carcan que peut parfois représenter la religion. Mais si l’ouvrage est sympathique, il manque globalement de profondeur. Son intérêt? Donner un spin amusant à un sujet important.
Hubert et Zanzim, Peau d’homme, Glénat, 2020, 160 pages, 44,95 $.
Un aperçu des bandes dessinées en images
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