«11 brefs essais contre l’austérité», rassemblés par Ianik Marcil

Au fédéral comme au provincial

D’autres chapitres sont aussi fort instructifs quant à l’incidence des choix économiques des gouvernements sur la population qui les élit. Laure Waridel rappelle qu’en mettant à pied 100 inspecteurs de l’Agence d’inspection des aliments, le gouvernement fédéral met carrément à risque la santé de la population. (Ajoutons que c’est ce même gouvernement qui a répété, encore tout récemment lors de la libération d’Omar Khadr, que sa plus grande priorité était la protection des citoyens. La protection est à géométrie variable, faut-il conclure.)

Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec, indique qu’une réforme de la Loi sur l’équité salariale (fédérale) «interdit aux syndicats de représenter leurs membres dans une plainte pour discrimination salariale», sous prétexte que ces plaintes sont interminables et coûteuses. Elle ajoute qu’au Québec également, l’équité doit être négociée; l’équité n’est donc pas un droit, mais un objet soumis aux lois du marché. De plus, comme 75 % des fonctionnaires et des travailleurs des services publics sont des femmes, elles sont beaucoup plus affectées par les mises à pied et la réduction de l’embauche par l’État.

Prêcher aux convertis?

Joëlle Tremblay et Annie Desrochers brossent des tableaux socio-historiques du système d’éducation et des politiques familiales, respectivement. Widia Larivière et Melissa Mollen Dupuis font de même du point de vue des rapports avec les Premières Nations. Ève-Lyne Couturier définit et vulgarise des éléments de base par rapport à la dette, tandis qu’Hans Marotte nous entretient de pauvreté et d’exclusion. Ianik Marcil s’est réservé le sujet des arts et de la culture. Enfin, Benoît Melançon compare et analyse le langage utilisé par la classe politique au sujet des mesures de redressement des finances, et Christian Nadeau boucle l’ouvrage en reprenant la thèse lancée en ouverture, à savoir que «sous prétexte de réalisme, nous sabotons nos institutions. Nous les appauvrissons au point où elles ne peuvent plus jouer leur rôle. Elles sont alors à la merci du plus offrant.»

Comme le bouquin ne donne pas la parole aux défenseurs des mesures d’austérité, il est peu probable que les électeurs-contribuables de cette allégeance se donnent la peine de le lire. Il semble donc s’adresser aux sympathisants cherchant à mettre des chiffres et des faits sur leurs intuitions ainsi qu’au «centre mou» parmi la population.

11 brefs essais contre l’austérité – Pour stopper le saccage planifié de l’État, dirigé par Ianik Marcil et publié aux Éditions Somme toute, 204 pages.