«Havre de grâce» de Radio Radio: se laisser planer – Bible urbaine

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«Havre de grâce» de Radio Radio: se laisser planer

«Havre de grâce» de Radio Radio: se laisser planer

Publié le 16 avril 2012 par Jim Chartrand

Le groupe Radio Radio est enfin de retour pour nous faire bouger avec leur franglais unique jonglant de l’anglais au français acadien, communément appelé «chiac», avec une aisance aussi plaisante que leurs grooves endiablés.

L’hallucinante «Sunrise / All Inclusive War Tour» nous met rapidement dans le coup avec son envoûtant rythme de dingue, grâce auquel on se sent d’emblée conquis par la sonorité Radio Radio, qui avait eu le tour, avec son précédent album, de commencer la cadence avec l’accrocheuse «Cargué dans ma chaise». Du coup, on préfère ignorer ce qui est arrivé avec l’évolution musicale du groupe, qui est passé d’un rap/hip-hop soigné (Jacuzzi) à quelque chose de fortement éclaté qui mélange les styles à un électro insensé. On aime mieux profiter de cet amalgame éclatant qui poursuit ses explorations sur le Havre de grâce qu’ils nous offrent ici.

Plus long, davantage ambitieux et un peu moins dansant que l’était Belmundo Regal, le trio acadien nous oblige néanmoins à se déhancher avec des titres aussi marquants que «Gong Hotel» ou la désormais mythique «Galope». Il faut dire que leur son est plus recherché, raffiné et soigné que jamais, et que les inspirations y sont d’autant plus nombreuses que leurs collaborations (Julien Sagot, Georgette Leblanc, Poncho French, etc.). On ajoute un peu d’accordéon (Y’en a qui connais), d’autres références qui n’ont pas peur d’aller ailleurs (Yellé ou Powers That Be / Saute, danse, chante), un air qui ressemble à s’y méprendre à «Crocodile Rock» d’Elton John (On a vécu des) et on est certain d’en avoir pour des heures à se laisser transporter et à découvrir toutes les subtilités dont l’album est composé.

Parfaitement planant et ne lésinant pas sur les pièces longues et évolutives, on joue aussi sur le son, en effet, on modifie les voix, et on les rend aussi imparfaites que le reste, qui a de quoi garder notre écoute en intérêt constant, impressionnée par une élégance aussi trash qu’admirable.

L’invitation est donc lancée en grand (la pochette est si belle!) et on ne peut que la recommander davantage. S’ils décrivent cet album comme celui d’un retour suite au voyage qu’a été leur précédent, on ne peut que qu’imaginer, ici, une dérive sur un bateau à ciel ouvert, sous un large soleil chaleureux miroitant sur l’océan, avec le plus grand smile qu’il nous est permis d’exhiber. Beau cadeau en cet «été printanier».

Appréciation: ****

Crédit photo: Mamoru Kobayakawa

Écrit par: Jim Chartrand

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