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Crédit photo : www.nouveaucinema.ca (image tirée du film «Ava»
«Black Cop» de Cory Bowles
Black Cop (Ronnie Rowe Jr.) passe par de nombreuses appellations, dont beaucoup ne sont pas agréables à entendre, ce qui rend son véritable nom très peu important au final. Dans la communauté qu’il sert, Black Cop est considéré comme l’ennemi, un traître dont l’uniforme est considéré comme un soutien implicite pour le harcèlement et les meurtres fréquents de personnes noires. Parmi ses collègues, il est un frère d’armes tant qu’il porte l’uniforme. Ceci s’est avéré particulièrement vrai une nuit, lors d’un jogging routinier, il est arrêté et «racialement» profilé par deux policiers.
Prétendument conforme à la description d’une personne recherchée, il est traité avec hostilité et considéré comme agressif et peu coopératif pour avoir simplement exiger ses droits en tant que citoyen. Comme l’a déclaré un officier par la suite, l’incident aurait pu être évité plus tôt s’il avait mentionné qu’il était «l’un d’entre eux». Se sentant de plus en plus exaspéré de la rhétorique et du racisme systémique véhiculés par les membres de l’ordre et dans les médias, Black Cop décide de tourner les tables et de commencer à profiler racialement les membres de la communauté blanche de la même manière que ses confrères en habit bleu. Cela déclenche une chaîne d’évènements sombres et dérangeants qui bouleverseront la ville et remettront en question la santé mentale de Black Cop.
Situé dans une ville où les tensions raciales bouillonnent grâce à un autre assassinat d’un jeune adolescent noir par un policier, le Black Cop du réalisateur canadien Cory Bowles (trailer park boys) est une satire étonnamment politique. Celui qui est doté d’un humour noir, tout en rendant le public mal à l’aise. Bowles construit savamment Black Cop, le personnage, de telle sorte qu’on ne peut tout simplement le décrire comme un «loup solitaire», un gars qui se contente de «se défendre» ou quelle que soit l’excuse utilisée couramment lorsqu’une personne de couleur est tuée par une personne blanche sans raison valable. En faisant prendre le contrôle de la terreur au personnage plutôt que d’en être victime, le film offre un commentaire cinglant sur les ramifications d’un pouvoir incontrôlé. Ceci est renforcé par la performance étoile de Ronnie Rowe Jr (Teenagers, Man is laughing at us), qui porte le mêmes charisme et intensité qui a fait Tom Hardy une révélation en 2008 dans Bronson.
Black Cop fait également un excellent travail pour montrer à quel point beaucoup sont inconscients de leurs propres privilèges. De nombreux civils blancs rencontrés par Black Cop déclarent vocalement leurs droits, s’attendant à ce qu’il recule, et désobéissent souvent à un ordre direct. Un exemple parfait est une femme, arrêtée pour «excès de vitesse», qui sort de sa voiture pour le confronter malgré qu’on lui dise de rester dans son véhicule pendant que Black cop dirige l’arrestation de manière violente et injuste.
Dans ces moments, Bowles force effectivement le public à vraiment regarder le système qui est conçu pour servir et protéger toute la société. Habilement et sans compromis, Black Cop est non seulement l’un des joyaux cachés de l’année, mais aussi une source de conversation vitale.
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de la rédaction